Ce qu'il faut savoir sur l'adversaire des Diables : Belarus ou Biélorussie, les Biélorusses de Belgique ...
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La Belgique affronte la Biélorussie ce mardi : un adversaire plus que prenable, qui n'a que peu d'armes à faire valoir face aux Diables Rouges. Mais un adversaire également très méconnu. Faites connaissance avec le Belarus en quelques points.
Belarus ou Biélorussie ?
Petit point extra-sportif tout d'abord : doit-on appeler notre adversaire "Belarus" ou "Biélorussie" ? C'est là une question plus politique qu'il n'y paraît. Le terme "Belarus" provient de la conjonction de deux termes - belaïa, blanche, utilisé à l'époque car la région était exemptée d'impôts de la part des Tatars et donc "vierge", et rus', du nom des anciens états slaves antérieurs à la Russie. C'est ce nom qui sera utilisé par la république fraîchement indépendante à la chute de l'Empire russe, en 1918. Pas pour longtemps : dès 1919, l'Union Soviétique nouvellement fondée phagocyte la Belarus et la renomme "République de Biélorussie", de "bielo" (blanc) et "rossia", créant un lien étymologique avec la Russie voisine.
L'identité bélarusse est donc enterrée jusqu'à la chute de l'URSS en 1991, et avec elle l'identité visuelle du drapeau rouge et blanc. À la signature des accords de Minsk en 1991, la Belarus renaît encore de ses cendres : son équipe nationale, sortie du giron de l'URSS, portera les couleurs rouge et blanche du drapeau historique du pays, datant du XIVe. Encore une fois, ce sera bref : en 1994, l'actuel président Alexandre Loukachenko prend le pouvoir et opte pour un drapeau rouge et vert toujours d'actualité, rapprochant le pays de son identité soviétique. Les manifestants anti-gouvernement de 2020 utiliseront massivement l'identité visuelle historique de la Belarus : drapeau rouge et blanc, slogan "Longue vie à la Belarus". Les nationalistes bélarusses (et pas biélorusses) veulent à tout prix s'écarter de ce rapprochement créé ex nihilo par l'URSS entre la Belarus et la Russie via le terme "Biélorussie", et de nombreux pays, dont la Belgique (pas la France, par exemple) utilisent le nom "Belarus" dans tous les documents officiels. Ils peuvent cependant être utilisés comme synonymes pour la convenance d'un article désirant éviter les répétitions, ce qui sera le cas de celui-ci ...
Alexander Hleb, le plus grand joueur de l'histoire de la Belarus
Le football biélorusse a connu peu de stars : le plus connu des joueurs issus de la Belarus est sans conteste Alexander Hleb, milieu offensif surdoué qui lancera sa carrière européenne au Vfb Stuttgart avant de rejoindre Arsenal, où il s'imposera comme l'un des chouchous du public malgré une certaine irrégularité. Il décidera ensuite de signer au FC Barcelone, une décision qu'il regrettera ouvertement par la suite mais lui permet cependant de remporter la Ligue des Champions en 2009. Hleb, rentré au pays à titre définitif en 2018, a depuis pris sa retraite en mars 2020, à l'âge de 38 ans.
Peu de Biélorusses auront tenté leur chance à l'étranger avec succès : on peut nommer Sergueï Aleïnikov, qui affrontera notamment la Belgique avec l'URSS en 1986 et atteindra ensuite la finale de l'Euro 1988, avant de signer à la Juventus et d'y gagner la Ligue Europa ; Sergueï Gurenko, qui fait un passage en Serie A (Roma, Parme, Piacenza) dans les années 2000 ou encore le solide Sergueï Shtaniuk, qui compte près de 100 matchs avec Stoke City en D2 et D3 anglaise.
Les Biélorusses de Belgique
Peu de joueurs issus de Belarus ont évolué chez nous. L'un d'eux vient d'être nommé : il s'agit de Sergueï Shtaniuk, ancien capitaine de la sélection, qui passe en coup de vent à l'Antwerp en 2000 ... et ne dispute qu'un petit match avant de rejoindre l'Angleterre et Stoke City. À l'Antwerp également, Gennadi Tumilovich disputera une poignée de matchs en 2003, arrivé de Rostov en 2002 et reparti pour Vladivostok en 2004.
Plus près de nous : Mikhaïl Sivakov, qui signe à Zulte Waregem en 2011 mais ne s'y imposera pas non plus (14 matchs et un retour au BATE Borisov). Anton Saroka (ci-dessus au duel avec Christian Luyindama) disputera une saison à Lokeren en 2018-2019, sans plus de succès : un but, 2 assists et l'attaquant arrivé du Dinamo Minsk repartira pour le BATE Borisov. Enfin, le Biélorusse ayant le plus joué par chez nous portait les couleurs du RWDM : Yuri Vergeichik, milieu de terrain disputant 26 matchs (4 buts) pour le club de Molenbeek, de 1995 à 1997.
Passée tout près d'une phase finale d'Euro
La Biélorussie est passée tout près de sa première participation à un Euro : c'était l'année passée, lorsque les "Ailes Blanches" (leur surnom) disputent les barrages pour la qualification à l'Euro via la Ligue D de Nations League, et affrontent la Géorgie en demi-finale. Malheureusement pour la Belarus, les Géorgiens l'emporteront de peu, un petit but en début de rencontre signé Okriashvili suffisant à les priver de leur rêve, qui n'aura jamais été si tangible pour la 88e nation au classement FIFA (bien loin de son meilleur ranking, 36e en 2011).
Pour autant, la Biélorussie restait avant ce match sur une belle série de victoires à l'extérieur (en Bulgarie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan), prouvant qu'elle est un cran au-dessus de la concurrence. Depuis cette désillusion, elle n'a été battue qu'une fois (en Albanie) en 6 rencontres. La Belgique est prévenue : la Belarus n'est pas totalement un oiseau pour le chat.
Iliya Shkurin, l'homme qui a dit non à la sélection
Si les manifestations anti-Loukachenko n'ont pas vraiment empêché la Belarus de réussir une belle campagne en Ligue des Nations, un homme n'y aura pas participé et aurait pu être utile à ses couleurs : Ilya Shkurin, jeune buteur du CSKA Moscou. Âgé de 21 ans, il est appelé en août dernier à défendre les couleurs de l'équipe nationale bélarusse pour la première fois ... et refuse sa sélection. "Je ne porterai pas les couleurs de la Belarus tant que Alexandre Loukachenko sera président. Vive la Belarus", déclare-t-il à l'époque.
Si de nombreux sportifs bélarusses ont pris cette position, Shkurin est le seul footballeur de premier rang : moins en vue avec le CSKA, il compte cependant 3 buts en 7 matchs cette saison et aurait pu prétendre à une sélection. Il n'en est rien ...
Comme si le Covid-19 n'existait pas
Si la Belarus a fait le buzz en 2020, ce n'est pas seulement pour les manifestations anti-Loukachenko qui s'y sont tenues : aux yeux des amateurs de football, la Vycheïchaïa Liha était également le seul pays où tourner son regard si l'on voulait encore assister à des rencontres professionnelles. C'était le premier article de notre série "Là où l'on joue" au printemps 2020 : en Biélorussie, coronavirus ou pas, on continue à taper dans le ballon, et même à accueillir le public au stade.
Un coup de projecteur bienvenu sur un championnat dont l'heure de gloire, si tant est qu'elle ait existé, semble passée : le BATE Borisov, qui réalisait encore quelques performances en Europe ces dernières années et disputait la Ligue des Champions en 2016, a cédé son titre pour la seconde fois consécutive après avoir remporté toutes les éditions depuis 2006, et aucun club biélorusse n'a disputé les poules des deux dernières éditions de l'Europa League. Le Covid-19 a permis aux droits télévisés de la Liha d'exploser et d'être vendus dans divers pays, en manque de football. Ce sera cependant bien éphémère ...
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