Marc Wilmots vu d'Iran : un mauvais feeling, un manque d'implication mais une fédération en tort
Photo: © photonews
Le cas de Marc Wilmots déchaîne les passions en Iran. La Team Melli est mal embarquée dans les qualifications pour le Mondial 2022 (et la Coupe d'Asie) et l'ancien sélectionneur des Diables Rouges, en conflit avec sa fédération, est pointé du doigt.
Il suffit de se promener sur la toile pour tomber sur un hashtag assez éloquent : #WilmotsOut. Clairement, le Taureau de Dongelberg n'a pas la cote chez les supporters de l'Iran, qui lui reprochent notamment un certain manque de passion. Son conflit financier avec la fédération iranienne ne serait qu'une des expressions de ce malaise. "Je pense que Wilmots ne "sent" pas le job de sélectionneur de l'Iran", nous confie l'administrateur de la page Twitter Iran Team Melli, qui couvre l'actualité de la sélection perse. "C'est la même équipe que celle qui obtenait des résultats sous Queiroz ; comment expliquer de tels échecs ? Il y a forcément une responsabilité chez l'entraîneur. Ses prédécesseurs avaient même obtenu des résultats avec une équipe plus faible sur papier".
Un sélectionneur fort absent
Au-delà du côté tactique, Wilmots est notamment critiqué de toutes parts pour sa présence limitée en Iran et son manque d'implication général. "Je sais bien sûr que vivre en Iran est compliqué, notamment sur le plan familial. Les anciens sélectionneurs ne vivaient pas au pays", nous explique notre interlocuteur. "Mais je pense qu'il aurait pu faire plus d'efforts sur ce plan". Ce que confirme un autre supporter iranien : "Queiroz passait deux fois plus de temps en Iran, y envoyait ses adjoints en scouting. Wilmots vient au pays comme je vais au cinéma", déplore-t-il.
"Je respecte Wilmots, j'étais heureux de son choix. L'Iran se sépare en deux types de personnes : les nostalgiques de l'ère Queiroz et les anti-Queiroz, ces derniers étant souvent les médias iraniens. Mais je pense que Wilmots n'est pas à l'aise avec son job en Iran, qu'il a peur de ne pas être payé, de jouer en Irak (le match a finalement été délocalisé) ...", détaille l'admin de Team Melli. Les paiements : voilà bien là où le bât blesse et pour le coup, Marc Wilmots est dans son bon droit, même ses détracteurs le reconnaissent.
"Les sanctions sont la raison des retards de paiement concernant Marc Wilmots", nous confirme Alireza Moharami, journaliste iranien, qui ajoute cependant que l'ancien sélectionneur des Diables Rouges "a toujours été respectueux dans ses relations avec les médias et les supporters iraniens". Et si Carlos Queiroz est toujours très respecté en Iran pour son travail, lui aussi avait poussé un coup de gueule envers la FFIRI. Pas seulement pour lui-même mais aussi pour défendre les droits de ses joueurs, eux aussi payés en retard.
📰 In a report, Marc Wilmots had asked that his contract with #TeamMelli be dissolved just days before our crucial World Cup qualifier vs. Iraq. He used the match as leverage to ensure his payment.
— Persian Soccer (@PersianFutbol) November 26, 2019
If you are not passionate about managing Iran, then please leave @WilmotsMarc. pic.twitter.com/sy6waXcx2p
Si la situation semble au point mort depuis quelques jours et les déclarations publiques de Marc Wilmots, qui assurait que l'affaire était désormais traitée par ses avocats, une chose est presque sûre : l'aventure perse de Willy devrait toucher à sa fin, en bons ou en mauvais termes. Un échec difficile à juger sur le plan sportif : pour forger son plus grand succès à ce jour, les Diables Rouges, Wilmots avait placé l'humain au centre de son projet, comptant sur ses qualités de leader pour souder le groupe. Une communication forcément difficile avec des joueurs à peine anglophones aura rendu cela impossible, tout comme un choc culturel évident et une quasi-impossibilité de résider sur place.
Bien sûr, si Marc Wilmots a accepté le défi de la Team Melli, c'est probablement pour des émoluments justifiant cette prise de risque qui avait un parfum d'échec dès le début - c'est l'avis de Romain Molina, spécialiste du football au Moyen-Orient. "Une énorme connerie", déclare-t-il sur les réseaux sociaux. C'est peut-être la meilleure conclusion possible - pour toutes les parties, Wilmots comme Iran ...
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