Interview Entretien avec Sven Van der Jeugt, l'un des deux entraîneurs des gardiens belges dans le top 5 européen : "J'étais surpris que Blessin me propose de le suivre en Bundesliga"
Photo: © photonews
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Sven Van der Jeugt, natif de Diest, est l'entraîneur des gardiens du staff d'Alexander Blessin à St-Pauli. L'ancien portier, qui a rencontré l'entraîneur allemand sur le banc de l'Union Saint-Gilloise, s'est confié à Walfoot.be.
Cette semaine, Walfoot.be a eu l'occasion de s'entretenir avec Sven Van der Jeugt, entraîneur des gardiens dans le staff d'Alexander Blessin à St. Pauli. L'ancien portier, notamment passé par Anderlecht, n'est que l'un des deux entraîneurs des gardiens belges parmi les cinq grands championnats européens, en compagnie de Frédéric De Boever, qui avait rejoint Monaco dans le même temps que Philippe Clément, et qui est resté sur le Rocher. Sven Van der Jeugt nous a détaillé son parcours, du bas de l'échelle vers le monde professionnel.
"Être gardien a rapidement été clair pour moi. J'ai commencé le football à l'âge de 4 ans à Diest, il n'y en avait pas. Je suis donc allé dans les buts et j'ai beaucoup travaillé pendant ma jeunesse. Je jouais dans les divisions nationales avec Diest à 15 ans, puis j'ai rejoint Saint-Trond, avant de signer mon premier contrat professionnel à Anderlecht à 17 ans", nous raconte Sven Van der Jeugt, qui a ensuite pris la route de Lokeren, où il a disputé la Coupe UEFA et la Coupe Intertoto avant de porter les couleurs, entre autres, du Lierse, de l'Antwerp, de La Gantoise et du RFC Liège.
Une reconversion assez inattendue
Un départ du bas de l'échelle pour rejoindre les sommets. Une phrase qui résume l'ensemble de la carrière de Sven Van der Jeugt. "J'ai disputé ma dernière année en tant que gardien en première provinciale, mais je me suis arrêté après quatre mois. J'ai longtemps travaillé dans une structure professionnelle, la différence était trop importante. J'ai alors combiné le football et le travail avant de m'éloigner du monde du ballon rond pendant deux bonnes années."
A la fin de sa carrière, l'homme aujourd'hui âgé de 44 ans ne pensait donc pas spécialement rester au bord des terrains. "Le directeur sportif du Patro Eisden m'a appelé pour le poste d'entraîneur des gardiens. J'ai premièrement hésité, car je venais de passer deux ans en dehors du football, mais j'ai finalement accepté. Sauf qu'après six mois, les propriétaires chinois sont arrivés et ils ne pouvaient pas me donner de garanties concernant le projet futur. J'ai donc préféré m'arrêter là."
Une fin brutale, mais le début d'une nouvelle histoire. Ça y est, la carrière d'entraîneur des gardiens de Sven Van der Jeugt est lancée. "L'année suivante (ndlr : en 2017), Wouter Vrancken quitte Thes Sport pour Lommel et Bart Vanhout l'a remplacé. J'ai rejoint le staff et nous avons été champions en D4. Je suis resté une saison, puis j'ai eu l'opportunité de rejoindre Anderlecht."
Un retour à Anderlecht synonyme de tremplin
En août 2018, Van der Jeugt revient là où sa carrière de gardien a commencé et intègre le staff des U23 du RSCA, en compagnie de Jonas De Roeck (T1) et Hubert Lemaire (préparateur physique). "Une année où j'ai beaucoup appris, qui m'a permis de signer à Beveren, dans un staff de D1. C'était la suite logique. Comme durant ma carrière de gardien, je suis parti du bas et j'ai gravi les échelons petit à petit."
"Je suis resté quatre ans là-bas et j'ai notamment travaillé avec des gardiens comme Nordin Jackers et Beau Reus, c'est une fierté de voir où ils sont maintenant. Nous sommes descendus et avons manqué la remontée pour un point." Une saison lors de laquelle Beau Reus, l'actuel gardien titulaire de Beveren en Challenger Pro League, était déjà dans les cages.
Une période qui va changer sa vie. A l'été 2023, Sven Van der Jeugt est contacté pour intégrer le staff de l'Union Saint-Gilloise, qui vient de terminer sur le podium de la Pro League lors des deux saisons précédentes, et qui joue l'Europe. Un nouveau pas en avant, qui lui permet de faire la rencontre d'Alexander Blessin.
Un entraîneur des gardiens est souvent sur son île, mais Jos Beckx m'a ouvert le monde"
"Jos Beckx, alors entraîneur des gardiens de l'Union, m'a appelé pour travailler avec lui. Je considère qu'un entraîneur des gardiens est toujours sur son île, mais Jos m'a ouvert le monde. Il a travaillé avec des grands gardiens comme Mignolet et Valdes, des grands noms. On a mis ensemble mon monde et le sien pour former quelque chose ensemble et grandir. Quand Alexander Blessin est arrivé, il a noté ma manière de travailler et l'intensité que je demande et il a décidé de me garder."
"Je le connaissais un petit peu, je l'avais affronté lorsque j'étais à Beveren et lui à Ostende. Ça se passait très bien à l'Union. Ce qui m'a personnellement étonné, c'est qu'il n'y avait pas besoin de forcer les joueurs, tout était naturel. Ils se poussaient eux-mêmes pour faire des séances supplémentaires, du fitness. Je n'avais connu ça dans aucun autre club."
La Bundesliga, encore une nouvelle étape
La suite, on la connaît. Avec Anthony Moris comme portier principal, l'Union Saint-Gilloise remporte la Coupe de Belgique et perd le titre sur le fil, malgré une avance de près de vingt points avant l'entame des Play-Offs. Une période analysée par Sven Van der Jeugt dans la seconde partie de notre entretien, disponible un petit peu plus tard. Une période, surtout, qui lui a permis de suivre Alexander Blessin lorsque l'entraîneur allemand a reçu l'opportunité de rejoindre St. Pauli, promu en Bundesliga.
J'étais étonné que Blessin me demande de le suivre à l'Union"
"J'étais étonné qu'il me le demande, je lui ai dit qu'il ne devait pas le faire pour me faire plaisir. Mais il m'a vu travailler et il était convaincu que c'était une bonne chose." Et pour le moment, le club de la ville de Hambourg est dans les temps pour assurer son objectif, le maintien, puisqu'il occupe la 14e place après 15 journées, avec quatre longueurs d'avance sur Heidenheim, barragiste.
"Mon gardien titulaire s'est blessé en début de préparation, il a donc pris du retard. On s'est dit qu'on allait travailler le conditionnement, qu'il était possible que ça prenne du retard et qu'au début, le niveau ne serait pas encore celui escompté. Ce que j'aime dans ce club, c'est que les gens tiennent compte de ce que j'ai à dire. Notre second gardien s'est aussi blessé, on m'a donc proposé plusieurs jeunes portiers et j'ai dû donner mon avis. Je sens qu'on me donne de la confiance ici, c'est très positif."
Une adaptation constante à un niveau jamais connu auparavant
Avec une équipe promue, la tâche n'est pas facile tous les jours, mais St. Pauli et son staff encore inexpérimenté à ce niveau s'en sort plus que très bien. "C'est une équipe qui a connu beaucoup de victoires et qui doit désormais accepter d'avoir des défaites. Mais en s'entraînant bien et en parlant des circonstances, on arrive à s'adapter."
"Par exemple, le jeu au pied de mes gardiens était déjà bon, mais je connais Alexander et je sais combien il insiste là-dessus, pour relancer depuis l'arrière. On doit donc essayer de changer ça, en discutant aussi avec les gardiens. Ils doivent avoir confiance et sentir ce qu'on veut faire pour bien travailler. Quand on gagne des matchs, le gardien doit plutôt jouer au pied et faire moins d'arrêts, parce qu'on domine le jeu. En D1, ce n'est pas si souvent le cas, donc le gardien doit faire plus d'arrêts."
"C'est important de trouver le bon équilibre pour savoir comment on va préparer le gardien. L'analyse est très importante dans ma manière de travailler. Je demande d'insister beaucoup sur les défauts que je vois et qu'on veut corriger", a conclu Sven Van der Jeugt, dont vous pourrez retrouver des commentaires plus détaillés sur son passage à l'Union Saint-Gilloise ainsi que sur la relation entre un T1 et un entraîneur des gardiens dans la seconde partie de notre entretien.
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