Anderlecht n'est plus Legoland : comment Jesper Fredberg a rapidement perdu la cote
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L'ère danoise du RSC Anderlecht aura duré un peu moins de deux ans. Après le départ de Brian Riemer, celui, prévisible, de Jesper Fredberg a été officialisé cette semaine.
C'était à se demander si Wouter Vandenhaute n'avait pas été chercher l'inspiration lors d'un voyage au Danemark. En effet, l'une des dernières victoires de l'Anderlecht pré-Fredberg avait été sur la pelouse de Silkeborg, ville située à moins d'une heure de route du célèbre Legoland. Et si on parle depuis longtemps d'une version belge de ce parc à thèmes du côté de Charleroi, c'est bien Anderlecht qui était un peu devenu... Lego Park durant une bonne partie de l'ère Fredberg/Riemer.
Mais comment Jesper Fredberg a-t-il progressivement perdu la cote au RSCA, après une saison 2023-2024 globalement réussie ? Récapitulons un mandat qui a connu des ratés et des approximations dès le début, mais aussi quelques belles réussites.
Brian Riemer : un T2 de luxe et une relation floue
Dès l'arrivée de Brian Riemer à la tête du RSC Anderlecht, Jesper Fredberg avait fait hausser des sourcils : il était clair que l'ancien adjoint de Brentford et Copenhague, qui n'avait aucune expérience d'entraîneur principal, était l'homme de son CEO Sports.
Certains diraient même sa "chose" : oreillette en tribunes, style de jeu clairement défini par Fredberg à son arrivée (le 4-3-3, toujours) qui laissait peu de marge à son entraîneur, une présence claire au bord du terrain lors des entraînements et même, selon certains, des compositions parfois dictées par le CEO Sports... Brian Riemer a dès le début dû composer avec une image de T2 de luxe.
Le public ne s'y laissait pas tromper : oui, Riemer avait ses limites, mais c'est assez vite Jesper Fredberg, qui le protégeait envers et contre tout et n'a pas pris la décision difficile de s'en séparer pour un entraîneur plus huppé l'été dernier, qui a été pris pour cible. Dès que Brian Riemer a pris la porte, on savait que son compatriote était en grand danger.
L'échec Tolu Arokodare, le miracle Slimani
Le premier mercato de Jesper Fredberg à Anderlecht a été marqué par un dossier ubuesque : la non-signature de Tolu Arokodare, parti au Racing Genk par la porte de derrière. L'échec par naïveté d'un homme qui ne connaissait pas encore le milieu pourri jusqu'à la moëlle du football belge. Le grand échalas nigérian n'était certainement pas un joueur ayant le "style maison", mais Genk devrait en tirer une belle somme le moment venu.
Heureusement pour Fredberg, sa solution de repli a fonctionné, un peu par miracle. Islam Slimani a grandement participé au parcours européen du RSC Anderlecht, jusqu'en quarts de finale. Mais il ne fallait pas s'y tromper : c'était un petit miracle, pas une réussite de la cellule de recrutement.
Deux autres joueurs arrivaient cet hiver-là : Henrik Bellman, qu'on ne verrait jamais avec l'équipe A et qui était plutôt un coup de pouce à un ancien joueur de Riemer, et Anders Dreyer, dont les débuts sont hésitants mais qui s'imposera comme le MVP du club la saison suivante.
Mercato 2023 : des tops... et des flops
Après s'être fait la main, Jesper Fredberg avait la pression durant l'été 2023. Et à l'époque, il faut s'en rappeler : son travail est acclamé par tout le monde, et ce malgré, il est vrai, une teinte très danoise. Kasper Dolberg est Danois ? Qu'importe, il est un très gros coup, très tôt dans le mercato. Thomas Delaney, qui arrive fin août ? Un joueur d'expérience, confirmé, au profil dont le RSCA avait bien besoin.
Ludwig Augustinsson, qui arrive lui aussi de Séville, s'imposera au fil de la saison comme une excellente pioche dont le public réclamera un retour après son prêt, et il sera entendu. Mats Rits, s'il n'amène pas ce qui pouvait être attendu d'un tel joueur, était sur papier une belle pioche et une bonne idée. Et que dire du transfert inattendu de Thorgan Hazard ? Le physique hésitant du Diable Rouge depuis ne doit pas faire oublier que le ramener à Anderlecht était un très gros coup de Fredberg.
Même le gros coup de poker de Jesper Fredberg, à savoir jeter comme un malpropre Maxime Dupé transféré en début de mercato pour faire venir son compatriote et ami Kasper Schmeichel, aura finalement été gagnant, puisque le portier danois a été énorme quand il le fallait - en Playoffs.
Mais il y a aussi les flops, qui peuvent être jugés comme tels aujourd'hui. Alexis Flips et Louis Patris pour 3,5 millions d'euro ; Justin Lonwijk (prêt du Dinamo Kiev) ; Luiz Vazquez (4,5 millions). Dès qu'il s'est agi de cibler un profil un peu plus risqué, un joueur moins "connu", Fredberg a raté la cible dans ce mercato d'été 2023 (car il n'a pas fallu scouter bien longtemps pour savoir ce que pouvaient amener Hazard, Dolberg, Schmeichel, Rits ou Delaney).
Un mercato hivernal 2024 passif
Le manque d'activité du RSC Anderlecht lors du mercato hivernal 2024 a aussi été souligné : alors que le club était à la lutte pour aller chercher le titre en fin de saison, Jesper Fredberg a privilégié la prudence, arguant aussi que le club avait été très actif l'été précédent et devait donc vendre avant d'acheter. Côté ventes, d'ailleurs, on rappellera celles l'été précédent de Hannes Delcroix pour 3 millions qui, avec du recul, a tout du coup de génie, et celle de Bart Verbruggen, dont l'éclosion a été très bien gérée par le duo danois, pour 20 millions.
Seules arrivées : Mads Kikkenborg pour 1,3 million - flop danois, ce qui va commencer à faire froncer des sourcils - et Federico Gattoni pour compenser les soucis physiques de Jan Vertonghen, déjà présents. L'Argentin n'a pas particulièrement déçu, mais pas non plus séduit.
L'échec d'Anderlecht dans la dernière ligne droite est-il dû en partie à cette frilosité hivernale ? Jesper Fredberg aurait-il dû se découvrir un peu plus et prendre des risques pour aller chercher ce titre, qui aura été à portée de main ? Impossible à dire a posteriori, évidemment...
L'échec Eriksen, celui de trop ?
Le moment charnière aura donc été l'été 2024 : Jesper Fredberg a un gros chantier devant lui, et commet l'erreur de parler d'un mercato "agressif". Résultat : le premier transfert, Jan-Carlo Simic, qui n'est "que" le remplaçant de Zeno Debast vendu au Sporting Portugal, arrive le 23 juillet. La saison reprend quelques jours plus tard.
Tout l'été, les supporters - et, semble-t-il, Marc Coucke et Wouter Vandenhaute - attendent des renforts offensifs. Ils ne viendront pas, au contraire de Thomas Foket, Mathias Jorgensen et le gros coup de l'été : Leander Dendoncker. Les deux premiers ne sont pour le moment pas des réussites, et on se demande même si le cuisant échec qu'est jusqu'à présent Zanka n'a pas été l'un des derniers clous du cercueil de Fredberg.
Le président du RSCA a révélé plus qu'à demi-mot en conférence de presse ce mercredi qu'il espérait plus, notamment qu'il comptait sur Fredberg pour dégager lui-même le budget et donc les moyens de ses ambitions. Mais aucun des joueurs plus ou moins officiellement à vendre (Verschaeren, Amuzu, Dreyer...) n'aura trouvé preneur. Pendant ce temps, le CEO Sports chassait la chimère Eriksen, qui ne viendra pas.
Wouter Vandenhaute reprend la main
Au fil des mois, un autre problème se sera posé : Brian Riemer, dont la "patte" sur l'équipe ne se distingue pas alors que les matchs se succèdent et que, maintenant, les résultats ne suivent plus. Le T1 a été en quelque sorte "lâché" dans ce mercato par celui qui, envers et contre tout, aura souhaité le garder à la tête de l'équipe à l'intersaison plutôt que de directement se tourner vers un coach d'expérience.
Avec un noyau plus faible (du moins en raison des blessures de Vertonghen et Hazard) que la saison passée, sans résultats, sans fond de jeu, Fredberg avait signé son arrêt de mort. On le sait : Wouter Vandenhaute n'est pas du genre à rester trop longtemps dans l'ombre. Le président a décidé de reprendre la main : fini le "non-exécutif" (lire ici), le revoilà à la manoeuvre. Olivier Renard est sa dernière chance, car le prochain fusible ne pourra plus être que Vandenhaute lui-même. Les supporters en ont assez...
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