Les "cas" Anass Zaroury et Bilal El Khannouss : une bonne chose pour le football de sélection
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Le fait que Anass Zaroury ait choisi le Maroc après avoir évolué en équipes de jeunes belges fait jaser. Après Bilal El Khannouss, voilà le deuxième talent belge à opter pour les Lions de l'Atlas en quelques jours.
On espère pour lui qu'Anass Zaroury a le cuir épais ou fréquente peu les réseaux sociaux depuis sa sélection officielle pour la Coupe du Monde. Car le choix de l'international Espoirs belge en faveur du Maroc fait jaser. Bien plus encore que celui de Bilal El Khannouss, qui était peut-être un peu moins connu avant d'être appelé, comme si ses matchs brillants avec Genk ne suffisaient pas. Zaroury, lui, était international U21 belge, a joué à Charleroi et apparaissait comme un Diable Rouge potentiel à moyen terme aux yeux du public.
"Bon vent s'il ne se sent pas Belge", "Il profite de nos infrastructures avant de choisir un autre pays", "Quelle ingratitude"...il ne faut pas chercher loin, dans cette fosse septique que sont les réseaux sociaux, pour trouver ce genre de commentaires. Certaines critiques sont compréhensibles : oui, le football de sélection est ainsi fait, les jeunes joueurs peuvent faire toutes leurs classes pour un pays avant de finalement opter pour un autre. Cela peut frustrer. Ce n'est pour autant pas nouveau : Mehdi Carcela a opté pour le Maroc après...2 matchs amicaux avec la Belgique. Paul-José Mpoku a attendu ses 23 ans et opté pour la RDC alors qu'il était un pilier des Espoirs belges.
Tout le monde semble avoir rapidement pardonné Carcela, voire même oublié ce passage fantôme en sélection belge. Quant à Polo Mpoku, avec un peu plus de clarté de la part de la fédération belge, il aurait peut-être pu prendre sa décision plus tôt, gagnant un an ou deux. Le choix d'Anass Zaroury tombe tôt mais est compréhensible, et a le bénéfice de la clarté.
Chadli et le Maroc, le cas Bakkali...
Dans l'autre sens aussi, le scénario existe : tout le monde semble avoir oublié que Nacer Chadli a disputé un match amical...avec le Maroc, et a longuement hésité. Qui oserait dire aujourd'hui que Chadli, malgré ces hésitations, "n'est pas Belge", alors qu'il est entré dans la légende face au Japon en 2018, et a disputé 66 matchs pour notre pays ? Zaroury, au moins, a directement fait un choix qui sera définitif, puisqu'il a dépassé l'âge permettant un changement futur et disputera une phase finale de grande compétition.
Roberto Martinez est également critiqué. Il aurait dû "faire plus", convaincre Anass Zaroury et Bilal El Khannouss. Comment ? En appelant un El Khannouss âgé de 18 ans, disputant sa première saison pleine et évoluant au poste le plus concurrentiel de la sélection belge ? En appelant un Anass Zaroury certes excellent avec Burnley, mais qui n'est certainement pas plus méritant qu'un Mike Trésor (par exemple) cette saison ? Appeler un joueur trop tôt "parce qu'il risque de changer de pays", c'est ce qu'avait fait Marc Wilmots à l'époque en reprenant un tout jeune Zakaria Bakkali. La suite, on la connaît : Bakkali a peut-être souffert de cette exposition excessive. Peut-être aurait-il aimé y réfléchir un peu plus.
Le thème des binationaux est complexe. Il mérite mieux que des considérations à l'emporte-pièce, parfois teintées d'un racisme sous-jacent et indéniable. Comprendre la binationalité, c'est comprendre qu'on peut être né et avoir grandi en Belgique, mais se sentir Marocain aussi. Ou Congolais, ou Italien. Ou dans l'autre sens, qu'on peut comme Amadou Onana être né à Dakar, être arrivé en Belgique à 11 ans et se sentir Belge, fier d'être Diable. Ce qui importe est la clarté, le plus tôt possible. Le football de sélection en sort gagnant. Il y a assez de talent chez nous pour que les pays dits "d'origine" profitent de "nos" infrastructures pour se développer...
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