"Je pouvais limoger Rednic après deux matches !"

Le départ de Mircea Rednic et les circonstances qui l'entourent n'en finissent pas de faire couler de l'encre en Roumanie. La situation du CFR Cluj alimente les chroniques depuis quelques temps. Arpad Paszkany vient d'en rajouter une couche en adressant une lettre ouverte à stiridesport.ro.

L'homme fort du club s'explique à présent dans ce qui ressemble beaucoup à un long plaidoyer. Il se justifie notamment sur la gestion financière, sur le départ de l'ex-entraîneur du Standard , sur le choix de son remplaçant et sur ces changements devenus trop fréquents. Par ailleurs, il assure que son exode supposé vers le Ferencvaros Budapest est une pure invention de la presse hongroise. Il conseille aussi à ses supporters de suivre l'exemple des fans de l'Universitatea Cluj qui est encore en vie grâce à eux... Ils apprécieront...

Pour le changement de coach, il précise : "En ce qui concerne le licenciement de Rednic, je peux dire que le club et moi avons essayé de retarder le plus longtemps possible cette décision. Il faut savoir qu'une clause de son contrat stipulait une résiliation unilatérale au cas où le bilan, après trois matches, ne totaliserait pas 6 points. Or, après les deux premières rencontres, nous n'avions que deux points. L'objectif ne pouvait donc être atteint. Mais nous avons préféré attendre."

Puis vint la débâcle à Vaslui (4-0) : "A la 80', j'ai appelé le coach qui se trouvait dans les tribunes, puisque suspendu. Je lui ai demandé de ne pas attaquer les joueurs devant la presse. Je lui ai dit que nous allions discuter de la situation le lendemain, car on pouvait encore y remédier. Et qu'a-t-il fait le lendemain? Il retire plusieurs joueurs du noyau, y compris Felgueiras qui ne jouait pas la veille. Nous nous sommes demandés qui jouera si même ce dernier est exclu de l'équipe?"

Selon Paszkany, Rednic perdait aussi le contrôle du vestiaire : "Le système de jeu ne fonctionnait pas, les joueurs se rebellaient puisqu'ils étaient les seuls à blâmer et que l'entraîneur ne s'estimait pas être le principal fautif. Ensuite, il a tenté un coup de force dans le vestiaire, au lieu d'en discuter auparavant avec nous. Il a voulu que les joueurs votent pour un nouveau capitaine. Cadu, le titulaire du brassard, n'a eu que deux voix contre lui. Dès ce moment, le départ du coach commençait à couler de source et cela n'avait aucun lien avec un conflit qui l'opposait au joueur précité comme insinué par la suite."

Le financier reconnaîtra quand même plus loin dans sa lettre que son capitaine est venu demander, après ces événements, le changement d'entraîneur : "Cadu est le joueur le plus âgé dans l'équipe. Ensemble, nous avons gagné des trophées. Il a inscrit des goals décisifs et est le meilleur buteur de l'équipe de ces 13 dernières années. Il est apprécié par ses coéquipiers comme le vote le prouve. Rednic voulait jouer le titre et la Ligue des Champions. Et que vois-je ensuite? Les portugais hors du noyau. Et la semaine suivante? Les roumains? Les joueurs de couleurs? Cela ne pouvait pas continuer. Cadu est venu me voir en représentant le groupe des joueurs, mais il n'a rien à voir avec notre décision."

Etrange démarche de l'homme fort du club. En effet, on se souviendra qu'il avait accordé une interview à Look TV le 06 août. Les propos étaient relayés par digisport.ro : "Après l'humiliation de Vaslui, Mircea Rednic s'est senti offensé et trahi par une grande partie de l'équipe. Son travail en préparation ne se reflète pas dans la copie rendue par les joueurs. Y a-t-il conflit avec le vestiaire ? Je crois que l'entraîneur ne choisit pas de réussir dans un concours de popularité. Il est le seul patron et aucun team ne gagne sans l'influence de celui qui dirige à partir du banc. Le problème vient des plus anciens joueurs de l'équipe. Pour cette faible production, ils n'ont aucune excuse. Leur salaire a été payé régulièrement et lorsque l'on a besoin d'eux, ils font preuve d'amateurisme."

Toujours le 06 août, dans la même interview, il poursuivait alors en essayant de convaincre et de démontrer que l'entraîneur n'avait pas perdu son autorité : "Certains joueurs laissent leurs pairs, en particulier les nouveaux arrivants, résoudre les problèmes posés en match. Je ne pense pas que Rednic n'ait choisi de travailler qu'avec une partie d'entre eux. Ils ont trahi leurs propres coéquipiers, les fans et le club. Ce n'est que de l'indolence, rien d'autre. Les fautifs vont épaissir les rangs de l'équipe B. Le CFR paie des salaires très élevés par rapport aux autres équipes. Il y en a qui ne veulent pas partir, pas même avec un transfert gratuit. Ce sera embarrassant pour eux."

Le soir de la défaite à Vaslui, la presse roumaine doutait déjà du réel soutien du dirigeant à l'égard de son entraîneur : "J'ai parlé au coach et je lui ai demandé de rester calme. Les coupables sont les joueurs sur ​​le terrain." Les médias se basaient sur le proche passé du club et avaient déjà parié sur son limogeage. A ProSport notamment, Mircea Rednic avait de son côté déclaré à l'époque, tout en évitant les questions sur un éventuel départ : "Je suis le principal coupable et j'assume."

A chacun de se faire une opinion...