Interview La réplique de Felice Mazzu

Alors que Raymond Langendries, le président de l’AFC Tubize, avait déclaré il y a un mois qu’il souhaitait reconduire le staf technique, le comité directeur du club Sang et Or a décidé de mettre un terme à la collaboration entre les deux parties.

C’est donc un Felice Mazzu très déçu, voire blessé, que nous avons rencontré ce samedi matin, mais en homme de foot, en philosophe, il est déjà prêt à rebondir : « Je me suis acheté un trampoline » nous a-t-il déclaré avec son sens de l’humour habituel.

WF - Déçu Felice ?

Je suis évidemment extrêmement déçu. Car cette décision est totalement inattendue. Depuis un mois, tous les voyants au sein du club semblaient indiquer qu’on irait vers une reconduction du contrat. Aussi, quand j’ai été reçu jeudi soir par le président, j’ai pris la nouvelle comme une baffe.

WF - Le timing est en effet plutôt curieux et tardif, non ?

C’est le moins qu’on puisse dire. S’il y a deux mois, on avait remis mon travail en question, j’aurais peut-être pu comprendre. Mais ici, on termine la saison sur le maintien et trois jours plus tard, on m’évince. Le président était favorable, il l’a dit publiquement d’ailleurs, à une reconduction du staf technique. Mais visiblement, d’autres paramètres ont joué, d’autres éléments que je ne connais pas ont influencé la décision du comité directeur du club. Maintenant, je respecte cette décision. Je regrette seulement qu’elle soit aussi tardive.

WF - Y avait-il moyen de réaliser une meilleure saison ?

Si on avait conservé le groupe du premier tour jusqu’à la fin du championnat, on aurait certainement pu viser une place dans le haut du tableau. Mais le groupe a été décapité et déséquilibré à la trêve. C'était un choix de la direction. Je l'ai assumé. Sans forfanterie aucune, je crois pouvoir dire que même Mourinho n’aurait pas pu faire beaucoup mieux avec le groupe dont j’ai disposé après le mercato. Moi, je suis serein. Durant le championnat, je n’ai jamais cherché de fausses excuses, je n’ai jamais cherché à me protéger. J’ai toujours protégé le groupe, j’ai toujours défendu le club. Au final, je ne sais pas ce qu’on me reproche.

WF - Le football belge est-il malade ?

Je dirais plutôt que la D2 est malade. Un club, aujourd’hui, pour survivre en D2 doit élaborer un projet à long terme. Il ne peut pas sans cesse renouveler ses cadres. C’est comme dans une entreprise, si vous changez constamment vos employés, ça ne fonctionne pas. Il faut une continuité. Les clubs doivent pouvoir se donner le temps. Ils doivent investir dans la formation qui permet de sortir des éléments qui porteront l’équipe première à terme. Avec Eric Deleu, Michel Bertinchamps et Laurent Demol, c’est à dire avec tout le staf, on en avait longuement discuté. On s’était fixé d’ailleurs comme projet d’élaborer une cellule Noyau A- U19 et U17 pour réduire la hauteur des murs qui souvent empêchent de nombreux jeunes à gravir un échelon. Tubize dispose de tous les facteurs pour pouvoir mener à bien un tel projet. Infrastructures, encadrement et potentiel. Malheureusement, je ne pourrai pas participer à la réalisation de ce projet.

WF - Tu parles du staf technique. Humainement, ta mise à l’écart doit être difficile à vivre, non ?

 En effet. Nous formions un groupe très soudé. Une bande d’amis qui se soutenaient mutuellement. Quand ils ont appris la nouvelle, ils m’ont dit qu’ils avaient été secoués, qu’ils se posaient des questions. Mais bon, le foot, c’est comme ça. Je leur ai dit de continuer à bosser pour l’AFC. Mais je suis très triste de ne plus travailler avec eux la saison prochaine.

WF - Es-tu prêt à rebondir ?

Bien sûr, j’ai acheté un trampoline. Je suis bien dans ma peau. Je sais aussi que j’avais l’immense majorité du vestiaire avec moi, que le retour des joueurs sur mon travail était positif. C’est important de le savoir. Cela permet de rester serein. Mais je dois trouver rapidement un nouveau club, car je ne peux me permettre d’attendre six mois. Je dois prendre une décision rapide.