Interview La célébration de Lukaku et KDB, le clin d'oeil d'Hazard au Roi : Bruno Fahy publie un livre qui retrace les grands moments du football belge !
Photo: Bruno Fahy promo
Vous avez à coup sûr déjà vu plusieurs de ses photos, qui immortalisent le football belge depuis vingt ans bientôt. Bruno Fahy, photographe pour Belga, sort ses Arrêts de jeu aux Editions Chronica.
Bruno Fahy est l'un de ces noms que toute personne travaillant dans le milieu du football connaît, mais que le grand public ignore peut-être... alors qu'il a, en réalité, déjà été confronté à son travail, et plutôt deux fois qu'une. Et pour cause : Bruno photographie le football belge, qu'il s'agisse de nos clubs ou des Diables Rouges, depuis 2005 maintenant. Ce mardi, il publiait Arrêts de Jeu, son premier ouvrage, aux Editions Chronica.
"J'ai commencé la photographie en 1993, et je suis arrivé chez Belga en 2005. Ce livre fête donc mes 20 ans de carrière. Mais ce n'est pas moi qui y ai pensé le premier : c'est l'éditeur qui m'a contacté, il y a déjà près de deux ans maintenant", nous explique-t-il. Lui, d'abord, n'est pas convaincu : "Je me disais que la photo de foot n'intéressait pas forcément les gens, a fortiori en-dehors du football".
C'est pourtant le "public foot", qu'il cible en priorité... mais pas que : "Les plus beaux compliments, c'est quand quelqu'un me dit qu'il ne suit pas le football, mais qu'il aime ma photo et qu'elle lui donne envie de regarder du football", se réjouit Bruno. "Au début, je partais sur un livre 100% photo, sans texte, mais je me suis dit que ça ressemblerait un peu à une galerie Instagram (rires). Je craignais de lasser le lecteur. Mon éditeur m'a donc proposé de travailler avec David De Myttenaere, avec qui j'ai discuté une dizaine de fois, qui a recueilli mes histoires et les a mises en musique".
Cet Arrêts de Jeu est par ailleurs parsemé de textes écrits de la main de certains acteurs bien connus du monde du football. Thomas Meunier en a écrit la préface. "Nous sommes bons amis depuis qu'il est arrivé à Bruges. Je couvrais le club et en tant que francophones, nous nous sommes rapprochés. Il s'avère que je connaissais le père de sa femme, que j'avais photographié quand il jouait à Éghezée. Je lui ai envoyé ces photos et de fil en aiguille, nous avons été à Disneyland ensemble, j'ai fait les photos de son mariage, auquel j'ai été invité", sourit Bruno Fahy.
"Il a immédiatement accepté de faire ma préface. Mais d'autres sont plus surprenants pour moi. Quand je vois que De Bruyne commente la photo de son but contre le Brésil et dit que j'ai bien saisi son émotion... Witsel et Preud'homme ont aussi écrit des textes assez longs. Tout cela permet de faire un ouvrage assez fluide et intéressant", estime le photographe. Cela permet aussi de remettre en lumière le travail du photographe, par définition souvent dans l'ombre.
Un travail souvent dans l'ombre
"C'est vrai que nos signatures ne sont jamaises mises en avant et que ça peut être frustrant. La photo de sport est également vue comme moins noble, et je commençais à le penser aussi", reconnaît Bruno. "Je ne me considère pas comme un artiste, je fais de la photo d'information. Et l'objectif n'est pas de me mettre dans la lumière, je le fais aussi pour tous mes collègues photographes".
Les photographes, comme les joueurs, doivent pourtant eux aussi travailler dur pendant 90 minutes - et en réalité bien plus, si l'on compte la préparation et l'après-match - lors de chaque rencontre. Parfois dans des conditions compliquées : "Je me rappelle du déluge à Wembley récemment lors d'Angleterre-Belgique... J'ai dû faire sécher mon équipement au sèche-cheveux après le match. Mais au-delà de la météo, il y a parfois le danger avec les objets et la pyrotechnique jetés sur le terrain".
De la pyro qui peut aussi donner lieu à de belles images, et Bruno Fahy le sait. "Je dirais juste aux supporters d'arrêter de lancer des fumigènes (rires). J'ai la chance de ne jamais avoir été blessé, mais j'ai déjà des câbles qui ont fondu à cause d'engins pyrotechniques à 300° sur mon équipement... Mais il ne faut pas être hypocrite : la pyrotechnie donne parfois droit à de superbes photos et il y en a dans mon livre".
KDB-Lukaku, le clin d'oeil d'Eden au roi...
Si une photo a eu une énorme importance dans la carrière de Bruno Fahy, c'est certainement celle de ce la célébration de Romelu Lukaku et Kevin De Bruyne après le but du premier sur assist du second, en 2014, lors de Belgique-USA. "Elle m'a ouvert des portes, et tout le monde ou presque l'a vue. On m'en reparle souvent", reconnaît-il.
"Il y en a d'autres, bien sûr. Le clin d'oeil d'Eden Hazard au roi, j'en suis aussi très content. La photo de Marc Wilmots à son retour de Croatie après la qualification pour le Mondial 2014, j'en suis fier également. D'autres, c'est malgré moi, comme celle de la main de Vormer dans le rectangle, qui est importante d'un point de vue "journalistique" et a marqué les Standarmen (rires)".
Mais Bruno Fahy conclut avec humilité : "Il y a une grosse part chance dans ce travail. Par exemple, au Mondial, on ne décide pas toujours d'où on est posté et on ne peut pas bouger durant un match. Si Lukaku et De Bruyne célèbrent ailleurs, je n'ai pas ce cliché (rires). Des confrères ont pris cette photo dans un moins bon angle... De toute façon, ma photo préférée, j'espère que c'est une photo que je n'ai pas encore faite, comme je le dis souvent. La passion est toujours là, du football, de la photo, et de la photo de football. J'espère refaire la même entre KDB et Lukaku en 2026 !".
"Arrêts de Jeu", Editions Chronica. Bruno Fahy, préface de Thomas Meunier : à retrouver ici.
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