Billet d'humeur Les supporters de Bruges se moquent du monde : il est temps que la Pro League mette fin à la blague
Photo: © photonews
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Le Club de Bruges commence bien sa saison. Les ultras Blauw & Zwart se sont signalés par un geste nationaliste en réponse aux démonstrations antiracistes du Standard, et leur défense est lunaire ; on espère que la Pro League réagira.
Commençons cet article par un petit flashback, déjà 6 ans en arrière. Nous sommes le 4 février 2018 : Francis Nganga, défenseur du Sporting Charleroi, est écoeuré dans les catacombes du Jan Breydel. Il vient d'être victime de chants racistes durant la rencontre.
"Les supporters brugeois qui lancent des cris de singe, quand ils demanderont leur maillot à Wesley ou Diaby, il faudra qu'ils se rendent comptent qu'ils sont blacks aussi", lâchait-il, ironique, avant de qualifier via Twitter les supporters du Club de "champions des guignols".
Dans la quasi-impunité totale
Quelles sanctions, à l'époque ? Tenez-vous bien : rien... pour cause de vice de procédure. L'Union Belge avait bel et bien poursuivi le FC Bruges, dont les supporters avaient eu le même comportement vis-à-vis de Paul-José Mpoku (Standard), mais aucune sanction n'avait suivi car "la convocation du parquet ne répondait pas aux exigences formelles prescrites par les règlements fédéraux".
Quelques années, c'était au tour de Noa Lang de se signaler en reprenant un chant bien connu des supporters brugeois, qui disait qu'il valait mieux être mort qu'un juif Mauve. Dans le cas du Néerlandais, on peut parler d'idiotie, et il vaut mieux passer pour un idiot qu'un raciste. Lang avait dû visiter la caserne Dossin, ce qu'il a sûrement fait des larmes plein les yeux et dont il est certainement sorti changé...
Les supporters de Bruges, eux, ne visiteront jamais la caserne Dossin. Bruges assure très régulièrement se distancier de cette frange de son public qui chante régulièrement "nos parents brûlaient des juifs" et d'autres joyeusetés qui feraient presque passer les gestes nationalistes de dimanche pour une broutille. Se distancier, c'est bien ; agir, c'est bien sûr plus compliqué.
Cette fois, le Club et la police auraient identifié, assurent-ils, "24 supporters" s'étant rendus coupables du salut Kühnen, typique de groupuscules identitaires d'extrême droite. Vingt-quatre, seulement ? Comptez avec moi ci-dessous : il y a encore du travail - même si on salue l'initiative des Blauw & Zwart, dans les tribunes desquels il n'y a bien sûr qu'une minorité d'abrutis. Au Jan Breydel, en tout cas. Car sur cette photo, on dirait bien que c'est tout un parcage qui s'en est donné à coeur joie.
Énormément de choses sont "permises" ou au moins tolérées dans les stades de football, et il doit en être ainsi. Si les supporters du Club de Bruges - et d'autres, comme le Beerschot à l'Union vendredi - veulent se rendre au stade avec des drapeaux flamingants, c'est leur droit. S'ils veulent clamer leur haine des antifas, c'est leur droit aussi. J'irais même jusqu'à dire que le célèbre "Et les Wallons c'est du caca" a fini par avoir l'air folklorique à côté d'autres comportements.
Les Carolos traitent les Liégeois de rats, les insultes fusent entre Mauves, Rouches et Brugeois, bref : les tribunes d'un stade, c'est une catharsis, un endroit où si vous amenez vos enfants, il y a tout de même de fortes chances qu'ils en ressortent en ayant appris quelques nouveaux mots à ne pas répéter à l'école. C'est comme ça, ça fait partie du jeu.
Bruges doit punir ses propres supporters
Mais répondre à un message "No to Racism" - auquel c'est tout de même assez simple d'adhérer ? - par des gestes traditionnellement affiliés à l'extrême droite et aux néonazis, puis répondre comme l'ont fait les North Fanatics (lire ici), en rejetant la faute sur le Standard ? C'est se moquer du monde en se croyant beaucoup plus malin qu'on l'est.
La saison passée, le Standard avait pris une décision très impopulaire après des incidents lors d'un Clasico contre Anderlecht : le club liégeois lui-même, sans attendre la décision de la Pro League, avait interdit de déplacement ses supporters pour le prochain match au Lotto Park. Le Club de Bruges a les moyens de faire la même chose, et de balayer devant sa porte. Et la Pro League, de son côté ? Il serait temps qu'elle arrête les communiqués, et s'attaque au problème du racisme dans nos stades avec la même pugnacité qu'à la pyrotechnie, par exemple...
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