Billet d'humeur Non, la vidéo ne sauvera pas l'arbitrage

Non, la vidéo ne sauvera pas l'arbitrage
Photo: © photonews

Depuis quelques jours et un week-end particulièrement difficile pour nos arbitres, des voix s'élèvent pour réclamer une modernisation du football. Or, si la vidéo est une évolution logique, elle n'est pas la panacée...

Difficile de s'opposer au progrès, évidemment, sous peine d'être vu comme un passéiste ou un rétrograde. Difficile également de nier l'importance, par exemple, de la goal line technology, qui commence à s'installer dans le football mondial et nous évitera de revivre des scandales comme le but non-accordé à Frank Lampard en 2010. Ce genre de progrès, facile d'application, est à encourager. Mais dans le cas de la vidéo, les choses seront plus compliquées...

La vidéo, oui, mais...

Le week-end passé, une erreur particulièrement facile à corriger via la vidéo a été commise par un arbitre: l'homme en noir a exclu le mauvais joueur. Bavure claire, nette et précise: il aurait suffi d'un brève visionnage des images pour que la polémique soit évitée. Mais ce ne sera pas toujours le cas.

Ainsi, dans le cas d'une vilaine faute comme celle de Collins Fai, que faire? Si le cas du Standardman reste assez facile à juger et a provoqué peu de débats, ce n'est pas le cas de chaque intervention jugée "limite". Combien de fois n'a-t-on pas vu des experts s'entre-déchirer, notamment sur le plateau de La Tribune, pour déterminer si telle intervention, visionnée 15 fois au ralenti, valait jaune ou rouge, voire d'être sifflée ou pas? Les erreurs grossières seront peut-être limitées par la vidéo. Elles ne seront pas supprimées, car l'arbitre aura toujours le dernier mot... et les "video referees" peuvent très bien se tromper eux aussi.

La vidéo finira-t-elle par être utilisée de façon à casser le rythme du jeu, comme certains joueurs et entraîneurs y sont habitués?

La façon dont la vidéo sera instaurée pose aussi question. Il y aura apparemment des arbitres "en studio", chargés de communiquer en direct des informations au référé principal... au risque de le rendre dépendant? Chaque équipe aura-t-elle "droit" à un certain nombre de consultations vidéos par match, au risque de l'utiliser de façon à casser le rythme du jeu (on connaît le vice à la fois des joueurs et des entraîneurs dans ce domaine)?

L'arbitrage doit aussi se professionnaliser

Semaine après semaine, les entraîneurs dépassent de plus en plus les limites de la décence quand il s'agit de critiquer l'arbitrage. Les hommes en noir sont critiqués, conspués et chaque défaite est mise sur leur dos. Parfois à tort, parfois à raison. Croire que cette habitude vieille comme le football changera avec l'instauration de la vidéo est surestimer la nature humaine (ou en tout cas la nature des joueurs et coachs).

Au contraire, le risque est grand de se tromper de solution et de croire que mettre en place la vidéo permettra de se passer d'une professionnalisation et d'une amélioration de l'arbitrage. "Il est temps d'aider nos arbitres", déclarait récemment Marc Degryse dans Sport/Foot Magazine. Il faudra pour cela de vraies idées intelligemment appliquées, plutôt qu'une réforme cosmétique comme le football en a l'habitude.

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