Domenico Leone dresse l'état des lieux à Mons
Photo: © SC
Le président montois s'explique sur la situation sportive et extra-sportive de l'Albert, notamment en réaction avec ce qui a été publié ces derniers jours dans la presse.
1. Situation sportive
La saison 2013-2014 est un échec sportif que le club ne peut ni ne cherche à nier :
- il sera difficile d’éviter la 16ème et dernière place au classement ;
- les transferts du mercato estival n’ont que peu voire pas répondu aux attentes (rendement nettement insuffisant) ;
- de nombreux joueurs déjà présents la saison dernière ont souvent joué en dessous de leur niveau affiché un an plus tôt (7ème place historique en D1).
La saison a mal démarré, installant très vite une spirale négative. Il aura fallu 17 matchs avant de connaître la première victoire ! Parfois aussi, signe d’une saison où rien ne fonctionne, des erreurs
d’arbitrages nous ont privés de points mais l’impact en la matière reste limité.
Le club ne cherche nullement aujourd’hui à se cacher derrière des excuses mais je souhaite plutôt reconnaître l’échec sportif avant d’en tirer les conclusions utiles.
2. Situation financière
La situation financière au sein de la S.A. RAEC Mons est aujourd’hui très difficile. Plus petit budget de la D1, le club tente depuis toujours d’exister à l’échelon professionnel avec ses moyens. La situation n’est pas neuve car sans apports financiers de ma part depuis 12 ans, saison après saison dès la première montée en D1, l’Albert n’aurait JAMAIS pu évoluer, grandir et exister près de 10 saisons au sein de l’élite du football national.
La saison dernière (2012-2013) fut une réussite d’un point de vue sportif. Pourtant, malgré une historique 7ème place au terme de la phase classique, les rentrées ont été insuffisantes. Les bons résultats n’ont d’ailleurs pas eu d’impact positif sur les recettes billetterie, avec l’an dernier un nombre d’abonnés en baisse et une assistance moyenne en diminution par rapport à l’exercice
précédent. L’érosion s’est encore accentuée cette saison, alors que le club avait pris la décision de rendre plus attractifs les prix des abonnements et tickets de matchs…
Sans la vente de joueurs clés (Perbet, Zola), le déficit aurait été important à l’heure de boucler la saison dernière. Ces ventes rendues inéluctables ont permis d’atteindre l’équilibre budgétaire mais
elles ont déforcé l’équipe et dès l’entame du championnat actuel, aucune folie financière n’était alors permise.
3. Relations avec la Ville de Mons
Propriétaire du stade et des infrastructures, la Ville de Mons a soutenu le club depuis son accession en D1. Je ne conteste pas cela, comme personne d’ailleurs au sein du RAEC Mons. Mais le chantier est inachevé !
Pour d’autres structures sportives ou récréatives à Mons, pour des sites culturels ou à finalité économique, s’est-on limité à réaliser la moitié des travaux ? A l’Albert, le stade est achevé à 50%,
une tribune tombe en ruine alors qu’une autre n’est qu’un simple gradin sans toit et au beton qui s’effrite. Les infrastructures pour nos jeunes sont moins fonctionnelles qu’en provinciale, le terrain
synthétique est plus qu’usé. Que dire de l’état du parking en dolomie qui est un champ de mines ! Avant chaque match de championnat, l’administration communale envoie ses équipes et matériel pour boucher les trous… le même travail TOUS LES 15 JOURS ! Quelle image du club et de la Ville pour nos visiteurs ou au quotidien tout simplement, pour les parents du centre de formation !
Dans la situation actuelle, on tente de faire passer la Direction du club pour des insatisfaits, râleurs, harceleurs... Je tiens à rappeler l’engagement que m’avait fait la Ville lors de la première montée en D1, en 2002, quant à la réalisation d’un nouveau stade (nous venions d’une enceinte de D3). Sans cette promesse, je ne serais JAMAIS resté à la barre du club !
Le cri lancé aujourd’hui n’est pas neuf. Depuis plus d’un an, je répète ma lassitude d’autant qu’au lendemain de la dernière remontée en D1 en juin 2011, des appels du pieds avaient été lancés. Deux
ans et demi plus tard, la belle communion à l’hôtel de ville semble bien loin. Absolument RIEN n’a évolué, là où d’autres clubs concurrents ont déjà enclenché la vitesse supérieure.
Le Ministre des Sports André Antoine m’a récemment confirmé en personne, en présence de l’Echevin des Sports, qu’un budget serait alloué pour le stade de Mons. Plus récemment par voie de
presse (Sudpresse, 27/11/2013), le Ministre a répété qu’une belle annonce interviendrait pour fin décembre 2013, début janvier 2014. Le silence est pesant, l’attente est longue.
Des élus montois évoquent le fait qu’une ville comme Mons, qui ambitionne les 100 000 habitants, a sa place en D1. Sans un outil dans la lignée de nos concurrents, c’est IMPOSSIBLE !
Les interlocuteurs politiques à Mons se sont succédés depuis 2002. Les discours et promesses d’un jour n’ont jamais été concrétisés et il apparaît clairement que l’on gagne du temps du côté de la Ville. Nouvelle preuve en date, apparue il y a deux semaines : un double audit financier et réglementaire de l’asbl Infra Foot Mons*, exigé par le collège communal. Je suis très étonné de cette nouvelle donne, étant entendu que depuis 12 ans les comptes de l’asbl sont déposés et publiés à la Banque Nationale de Belgique mais aussi transmis à la Ville. En ne siégant plus depuis longtemps au sein de l’asbl ou en ne désignant pas ses représentants au sein de celle-ci, la Ville de Mons a choisi de ne plus s’y intéresser. Pour autant, le club est prêt à (re)transmettre les informations et n’y voit aucun inconvénient, au-delà du temps qui sera à nouveau perdu...
Aujourd’hui, je souhaite fermement une prise de position de la Ville de Mons. La question est simple : allez-vous achever ce stade de Mons ? OUI ou NON ? Et si oui, quand ? Je n’oblige personne ni n’exige rien d’insensé, je demande juste une réponse tranchée par rapport à un engagement politique qui me fut tenu et qui fut la condition sine qua non à mon engagement dans la durée en faveur de l’Albert.
* L'ASBL INFRA FOOT MONS a notamment pour mission de promouvoir, par la pratique du football, le développement sportif de la Ville de Mons et de la Région. Gestionnaire des installations du stade Tondreau, elle est chargée d'en assurer une utilisation optimale en y organisant des manifestations et compétitions footballistiques et en y assurant le développement d'un centre de formation destiné aux jeunes.
4. Conclusions
Le constat dressé ci-avant se veut réaliste et informatif à l’égard du grand public, de nos supporters et partenaires commerciaux, de toute personne active au sein du club.
Le RAEC Mons est une entreprise qui emploie près de 50 personnes, qui travaille avec près de 200 fournisseurs. Le rayonnement est national, l’engagement au-delà des aspects sportif et financier est aussi social.
Près de 300 jeunes sont formés au quotidien à l’Albert, pour un total de 19 équipes encadrées par des entraîneurs tous diplômés. Les nombreuses sélections nationales de nos jeunes ou l’éclosion en
équipe A de joueurs formés au club est l’aboutissement du travail de formation accompli et de l’investissement au niveau du foot-études. Aux côtés du centre de formation s’ajoutent également 2
équipes féminines qui progressent dans leur catégorie. Toujours dans le giron du social, que dire des soutiens permanents répétés en faveur d’actions de bienfaisance, d’évènements régionaux ou de
publics défavorisés...
Les constats en points 2 (Finances) et 3 (Ville) sont intimement liés avec celui de la situation sportive. Sur ce dernier point, le club s’est trompé mais espère franchement se sauver en D1 au terme de la saison. Pour y parvenir, TOUTES LES PARTIES devront consentir de gros efforts.
En ma qualité d’actionnaire principal de la S.A. RAEC Mons, je suis prêt à faire ces efforts de mon côté, à la condition que la Ville de Mons confirme l’engagement prononcé lors de la première
montée en D1. Je ne peux plus continuer à mettre de l’argent dans un club qui n’a pas de perspectives. J’aime profondément l’Albert mais le constat est là, le problème est d’ordre structurel. Après 12 ans d’investissements personnels, je ne peux plus continuer dans la mesure où je ne reçois pas un signal fort ! Je ne parle pas de paroles comme ce fut souvent le cas mais bien d’actes posés et concrets. Sans un outil de travail fonctionnel, la D1 à Mons dans la durée est mission impossible.
Domenico Leone
Président
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