Harold Deglas, premier joueur belge en Chine: "Le niveau chinois est bon"
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Axel Witsel en Chine, ce n'est pas une première belge. Le premier de nos compatriotes à avoir opté pour l'Empire du Milieu, c'est lui: Harold Deglas. Et c'était en 1998!
Les suiveurs de notre championnat se rappellent peut-être de Harold Deglas. Passé par le RWDM et ensuite meilleur buteur de Waregem avec qui il manque de peu la montée en D1, Deglas, revenu sans succès à Molenbeek, avait à l'époque surpris son monde en rejoignant... la Chine et le club de Chengdu en février 1998. "Les managers chinois commençaient à s'intéresser au football européen, il y en avait beaucoup en Belgique et j'ai été abordé suite à un match... en réserves du RWDM durant lequel j'avais été très bon", nous explique Harold. "La transaction s'est rapidement faite, j'y ai été pour passer les tests puis suis revenu faire mes valises".
L'éveil de la Chine
Et il n'était pas le seul européen à opter pour la Chine, contrairement à ce qu'on pourrait croire. "Il y avait beaucoup d'étrangers là-bas. Mon entraîneur était un Allemand, et il y avait avec moi deux joueurs croates. La Chine interdisait de placer plus de trois joueurs étrangers sur la feuille de match (une limitation toujours d'actualité, nda), mais par après, nous avons même été six étrangers dans le noyau et nous avons eu un nouvel entraîneur suédois", continue-t-il.
Et comme l'accueil du Brésilien Oscar, en grande pompe, le laisse entrevoir, pas question de jouer dans des stades vides: la Chine est folle de football. "Nous avons fait de bons résultats quand je suis arrivé et le stade, d'une capacité de 40.000 personnes, affichait parfois complet. La moyenne devait être de 15.000, 20.000 personnes. J'ai joué à Pékin devant 80.000 personnes!", souligne Harold Deglas. "L'affluence dans les stades était supérieure à celle de la Belgique, déjà à l'époque". Une situation qui s'explique par les prix très démocratiques pratiqués alors. "J'ai vu des sans-abri venir au stade avec ce qu'ils avaient économisé puis retourner dormir sous un pont! Mais je ne sais pas ce qu'il en est aujourd'hui. Il y a peu de classe moyenne en Chine, il y a surtout les riches et les pauvres. Donc s'ils augmentent les prix, tout le monde ne pourra pas se le permettre".
Le niveau du championnat chinois va continuer à monter
Mais comment, à 21 ans, se décide-t-on à rejoindre la Chine? "C'était un challenge et au niveau financier, ce n'était pas mal. Loin de ce qu'on propose maintenant, toutefois", reconnaît-il. "Mais c'était un tout bon salaire et je ne devais rien payer: j'étais logé et nourri. Au final, je ne devais payer que mes voyages privés". Car la Chine est aussi une expérience culturelle: "J'ai été à Pékin voir la Cité Interdite, la Muraille de Chine... J'ai aussi été voir l'armée en terre cuite à Xi'an", détaille Deglas. "Je ne l'oublierai jamais. Je suis parti avec un autre joueur belge, Alex Camerman, mais lui est rentré après quatre jours. Moi, disons que j'ai mordu sur ma chique", sourit-il.
La signature d'Axel Witsel, il peut la comprendre. "Je me suis quand même demandé pourquoi, s'il avait des offres de grands clubs, il rejoignait la Chine", concède l'ancien joueur du RWDM. "Mais le côté financier est compréhensible. Et lui va permettre au championnat chinois d'encore grandir, il va leur apporter beaucoup". Même si pour Harold Deglas, le niveau chinois est très sous-estimé.
"Je le dis clairement: à l'époque, c'était aussi bon que la D1 belge", nous assure-t-il. "On me regardait bizarrement quand j'y ai signé. J'y ai été suivi par la presse, de loin, parce que j'ai tout de même été meilleur buteur de mon club, j'étais une star: j'avais ma photo sur un grand immeuble!", s'amuse Deglas. "Mais on me disait qu'il n'y avait pas de football là-bas. Alors que le championnat était plutôt bon". Pas de surprise donc dans son chef. "Je l'ai dit quand je suis rentré à l'époque: je savais que la Chine serait, dix ou quinze ans plus tard, un championnat sur lequel il faudrait compter. Le niveau va continuer à monter".
Des investissements colossaux
Et le niveau devrait également monter au niveau de l'équipe nationale. "Il n'y a aucune raison que ce ne soit pas le cas: ce ne sont pas des millions mais des milliards qu'ils investissent. Et au niveau de la formation également". La Chine sera-t-elle donc bientôt une nation sur laquelle il faudra compter, y compris en compétitions internationales?
Il y a probablement déjà des phénomènes en Chine, avec un tel vivier!
"Je les vois aller un jour loin. Je ne dirais pas gagner une Coupe du Monde, mais on sait que quand la Chine s'investit dans quelque chose, elle obtient des résultats. Ils ont un vivier de talents tel qu'il y aura forcément des phénomènes, il y en a sûrement déjà!", conclut Harold Deglas, aujourd'hui retiré du football. "Aujourd'hui, je ne m'occupe plus que d'aller conduire mes enfants au football. C'est déjà beaucoup. Je suis également l'organisateur de la Sterchele Cup, qui se tient à Liège cette année".
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