Passer de joueur professionnel à entraîneur du jour au lendemain ? Un Belge l'a fait à quelques pas de la frontière
Photo: © photonews
Suis Walfoot dès à présent sur Instagram!
David Vandenbroeck sort de sa première expérience en tant qu'entraîneur. Il revient pour nous sur cette aventure aussi enrichissante que soudaine vécue en première division luxembourgeoise.
Voilà huit ans que David Vandenbroeck a quitté le championnat belge. En 2016, celui qui est alors défenseur à Louvain décide de partir au Luxembourg pour signer à Differdange. Il y disputera notamment quatre rencontres de tour préliminaire d'Europa League (marquant même un but au passage). Quatre ans plus tard, il rejoint le FC Wiltz, toujours en BGL Ligue. C'est là qu'il raccroche les crampons en octobre 2021...pour prendre l'équipe en main dans la foulée.
"Le lundi, j'ai encore fait le décrassage en tant que joueur dans l'équipe, le mardi était jour de congé, le mercredi c’est moi qui coachait à l'entraînement. Je suis passé de l'autre côté de la barrière du jour au lendemain, sans avoir une période de pause, sans pouvoir dire au revoir au football avec toutes les choses que l’on peut s'imaginer quand on est joueur. Mais le football est fait d'opportunités, on est confrontés à des choix" nous explique-t-il.
Des choix qui s'expliquent notamment par les circonstances : " Je prends ma dernière claque en tant que joueur à Rosport, un match dans lequel beaucoup d'événements extra-sportifs sont survenus. Le lendemain, le coach nous annonce devant tout le groupe qu’il arrête, lui qui était là depuis environ trois ans. Plutôt que de chercher en externe, le club m'a directement proposé de reprendre l'équipe" explique-t-il.
L'ancien défenseur de Charleroi et de Tubize a donc dû tirer un trait sur sa carrière de joueur : "Ils m'ont d’abord proposé de faire joueur-entraîneur, ce que j'ai refusé directement parce que je ne pouvais pas me concentrer à 100% sur les deux tâches. Je leur ai donc dit que s’ils me voulaient comme entraîneur, je devais arrêter ma carrière de joueur. Ils ont accepté et c'est là que mon aventure a démarré".
Marqué par Philippe Saint-Jean et Georges Leekens
Un changement assez radical pour tout le groupe qui a vu un des leurs prendre les commandes : "Je me suis imposé très rapidement une espèce de barrière. Elle n'a pas été complètement opaque : je ne pouvais pas me permettre du jour au lendemain de ne plus partager avec eux comme je le faisais. Mais j'ai dû mettre des barrières et pouvoir leur faire comprendre que c'était plus David le pote avec qui on rigole dans les douches. Je leur ai dit que ça pouvait rester David, mais pour ceux qui ne me connaissaient pas ça devait automatiquement être « coach » ".
"Evidemment, c’est toujours délicat quand on doit travailler des points négatifs avec certains joueurs, faire des remarques sur certains aspects du jeu ou sur certaines choses alors qu’on a joué, travaillé, sué avec ces mecs-là. Devoir leur expliquer les choses, parfois même les mettre sur le banc, n’est pas simple mais ce sont des décisions que j'ai eu à prendre" poursuit-il.
David Vandenbroeck a donc dû très vite prendre ses marques comme entraîneur. Mais avoir évolué sous les ordres de coachs comme Francky Dury, Emilio Ferrera, Ivan Leko, Dante Brogno ou Hein Vanhaezebrouck en tant que joueur, les sources d'inspiration ne manquaient pas.
Toutefois, c'est le nom de Philippe Saint-Jean qui ressort spontanément à l'heure d'évoquer ceux qui l'ont le plus marqué : "Parce que quand j'ai fait partie de son noyau à Tubize, j'étais encore un jeune joueur. Philippe Saint-Jean était connu pour pouvoir encadrer et lancer des jeunes joueurs, mais surtout pour pouvoir leur expliquer certaines situations. Il prenait vraiment beaucoup de temps, que ce soit avec moi ou les autres jeunes dans le groupe. Felice Mazzu aussi, qui était à l’époque son adjoint.
Sa collaboration avec Georges Leekens l'a également marqué : "La première année où les Playoffs ont été instaurés, on est dans les six premiers avec Courtrai. Georges Leekens est un meneur d'hommes extraordinaire qui met une ambiance folle dans un groupe, toujours un peu sur le ton de la rigolade, mais qui arrive directement à trancher quand on doit se mettre au boulot".
Désormais, David Vandenbroeck suit sa propre voie. Cette première expérience à Wiltz s'est terminée la semaine dernière. Après une cruelle défaite sur le terrain de Pétange, il a été décidé d'un commun accord avec la direction de mettre un terme à la collaboration. Mais il n'en sort pas avec les pieds de plomb : ce passage lui apparaît comme très instructif, d'autant qu'il a souvent dû dépasser sa fonction d'entraîneur.
"J'ai beaucoup donné pour Wiltz, on a énormément travaillé, que ce soit dans la structure, dans l’encadrement, on a mis des entraînements parfois le matin pour une partie du groupe. On a vraiment essayé de structurer en partant quasiment d'une feuille blanche. J'y ai passé 35 mois, ce qui n'est pas rien quand je vois la moyenne d’aujourd’hui. Je pense simplement être arrivé à la fin d'un cycle, cycle qui s'est terminé par une semaine dans laquelle on perd trois rencontres à la dernière minute" explique-t-il.
Il conclut : "Après avoir eu une bonne discussion avec le club, le directeur sportif, on a décidé d'un commun accord que c'était la meilleure chose à faire. Il fallait créer un électrochoc pour ce groupe qui va rentrer dans des semaines critiques, avec des matchs contre des opposants directs au classement. Après tout, je ne veux que le bien du club. Ces 35 mois ont été formidables, un apprentissage à grande vitesse parce qu’il y avait beaucoup de choses à gérer, j'en retire une grande expérience".
Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot