Edito Edito : râlons, critiquons, soyons déçus, mais encourageons les Diables jusqu'au bout... bordel !

Loïc Woos
Loïc Woos depuis Stuttgart
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Edito : râlons, critiquons, soyons déçus, mais encourageons les Diables jusqu'au bout... bordel !
Photo: © photonews

À l'échelle internationale, les images des huées des supporters belges, suivies du demi-tour de Kevin De Bruyne et du reste de l'équipe font mauvaise presse à tout un pays. Tout ce qu'il fallait éviter à un moment si charnière de la transition générationnelle.

Oui, les performances des Diables depuis le début du tournoi sont décevantes. Oui, prendre la première place d'un groupe composé de la Slovaquie, la Roumanie et l'Ukraine devait être une condition incontournable et minimum. Oui, les presque 12 millions de sélectionneurs que nous sommes avons le droit de râler, de critiquer, d'être déçu de ce début de tournoi. Mais non, il ne faut surtout pas arrêter de soutenir les Diables !

Tous ensemble... sauf quand ça va mal ?

Depuis le début de l'Euro, et encore plus depuis avant-hier soir, on peut distinguer deux grandes catégories de réaction. Dans un premier temps, les supporters évidemment frustrés de la performance, qui se rappellent cependant qu'il y a un petit peu plus de dix ans, se qualifier pour un grand tournoi relevait déjà du miracle. Passer les poules était, à ce moment-là, totalement inenvisageable.

Et ceux, de l'autre côté de la barrière, qui insultent à tout-va joueurs, entraîneur et fédération après ces trois premiers matchs (ces derniers, bien entendu, étant très majoritairement assis sur leur canapé, ou installés devant un grand écran en Belgique au moment d'écrire ces commentaires). Car, depuis l'Allemagne, la déception est partagée, mais la manière de l'exprimer est sensiblement différente.

De Bruyne Kevin
© photonews

Ne nous détrompons pas. Nous ne pouvons pas nous montrer entièrement satisfaits de ce que proposent les Diables, ni des choix parfois particulièrement surprenants de Domenico Tedesco, avec qui certains joueurs disposent d'un totem d'immunité absolument incompréhensible. Cette Belgique doit pouvoir faire mieux, à tout point de vue. 

Cependant (et pour cela, je rejoins les propos de Thomas Meunier, qualifiant la réaction des supporters de compréhensible, mais disproportionnée), la Belgique est en huitièmes de finale ! Et la manière, à cela, ne change absolument rien.

La Belgique et sa tendance à retenir le mauvais... presque systématiquement

Combien de grandes nations, ces dernières années, se sont complètement vautrées ? L'Italie qui a presque manqué un grand tournoi sur deux pendant huit ans (et en comptant les éliminations dès les poules en 2010 et 2014, c'est encore pire), l'Angleterre qui n'avait même pas passé les poules lors de la Coupe du Monde 2010, l'Allemagne qui n'a plus passé les poules d'une Coupe du Monde depuis 2014,... Citer tous les exemples prendrait un temps fou. Et la Belgique n'est pas dans le cas ! Et pourtant...

Dans le stade de Stuttgart, au coup de sifflet final, la bronca réservée aux Diables était impressionnante. Pas inattendue, pas totalement dénuée de sens, mais, comme le disait très bien Thomas, disproportionnée. Les joueurs ont été conspués, apparemment insultés, comme s'ils venaient de prendre un 4-0 bien tassé synonyme de retour à la maison.

Tedesco Domenico
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Bien sûr, les supporters ayant payé bien cher leur place au stade, leur(s) nuit(s) d'hôtel, ayant effectué le déplacement et ayant probablement dû prendre un ou plusieurs jours de congé pour cela ont tout à fait le droit d'être déçus. Mais sans ce match nul, aussi insipide qu'on le veuille, tout le monde rentrait à la maison en cette fin de semaine... pour de bon. 

Oui, gagner du temps au poteau de corner à deux minutes de la fin d'un match contre l'Ukraine laisse un sentiment de faiblesse, d'incertitude, de manque de confiance et de peur. Mais, pour coller, cette fois, aux propos de Carrasco. "Il aurait été compréhensible que les supporters sifflent si nous avions perdu le match."

Meilleur tirage ne veut pas dire victoire...

À l'aube du tournoi, personne ou presque ne s'attendait à ce que la Belgique puisse jouer les premiers rôles dans la compétition. Mais après avoir vu la possibilité de figurer dans "la bonne" partie de tableau, certains (beaucoup ?) voyaient déjà quasiment les Diables en finale de la compétition. Ce qui serait vulgairement oublier l'élimination contre le Pays de Galles en 2016, ou les deux rencontres très difficiles vécues contre l'Autriche en qualification. 

La Belgique est en pleine transition générationnelle. Dans cette équipe, beaucoup apprennent encore à se connaître (et à connaître un Kevin De Bruyne qui avait pratiquement manqué toute la phase de qualification) et n'ont joué que dix ou quinze matchs avec leurs coéquipiers. Une équipe jeune et nouvelle, c'est souvent synonyme de fougue, d'énergie, mais aussi d'inconstance. Une équipe, des jeunes joueurs qui, plus que jamais, ont besoin de soutien, contre vents et marées, et qui n'ont jamais vécu une situation comparable à celle-ci.

De Bruyne Kevin
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Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentaires sont absolument scandaleux. Certains supporters belges ne se gênent pas d'écrire qu'ils préféraient voir les Diables éliminés face à leur meilleur ennemi français, car "ils ne méritent pas mieux" ou parce que "Tedesco est une fraude qui n'aurait jamais dû être prolongée jusqu'en 2026". Mais où va-t-on ?

Évidemment, la liberté d'expression inclus qu'il n'y a aucun mal à penser que Tedesco n'est pas le bon homme au bon endroit. Mais même les supporters anglais déprimés de Gareth Southgate depuis bientôt dix ans continuent de chanter corps et âme pour les Three Lions, quoiqu'il puisse advenir.

Certains, qui se plaisent à reprendre le "tous ensemble, samen sterk" du devenu célèbre titre d'Average Rob, "on met la patate" pourraient peut-être davantage prendre en considération les paroles de cette chanson, plutôt qu'uniquement son rythme entraînant.

Soutenir les Diables jusqu'au bout est essentiel

Les Diables affronteront donc les Bleus en huitièmes de finale (et non, cette rencontre n'est certainement pas déjà jouée d'avance), au grand dam de ceux qui espéraient déjà voir la Belgique dehors pour "être tranquille avec Tedesco, puisque de toute manière, ce sont tous des incapables ou presque." Ils retrouveront donc des supporters français qui ont... applaudi leurs joueurs après le partage contre la Pologne, malgré la déception de ne pas avoir fini à la première place du groupe (oui oui, il est possible de combiner les deux !)

Je le répète, cet édito n'est pas principalement destiné aux supporters ayant hué les joueurs après l'Ukraine, mais plutôt à ceux qui, depuis la Belgique, contribuent au faible espoir et à la résignation après ces trois premières journées de compétition, avec des commentaires, simplement, indignes.

supporters Rode Duivels fans Stuttgart
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Que ceux qui se plaignent du fait que les joueurs ne chantent pas l'hymne national à la manière italienne commencent par rester derrière leur équipe dans n'importe quelle situation, comme le font justement les Italiens, fiers de leur pays, leurs couleurs. Car, même après avoir manqué 2018 et 2022, les Italiens sont restés derrière la Squadra, et n'ont jamais souhaité son échec.

Restons fiers de nos couleurs, et continuons à encourager les Diables. Soyons critiques tout en faisant preuve de répartie, soyons déçus tout en faisant preuve d'optimisme, soyons fâchés tout en faisant preuve d'un minimum de compréhension. La Belgique n'est certainement pas l'équipe la mieux équipée individuellement de ces huitièmes de finale, et le soutien habituellement très important de ses supporters est une arme redoutable qu'il ne faut pas négliger.

Tout le monde estimait, à raison, que la Coupe du Monde 2026 et l'Euro 2028 étaient des objectifs plus accessibles pour cette génération. En 2024, les Diables seront, au moins, sortis de leur poule (ce que, pour rappel, plusieurs grandes nations auraient aimé faire lors de leur creux générationnel respectif... et ce que nombreux supporters pensaient déjà cette équipe incapable d'accomplir). Alors, une bonne fois pour toutes, soutenons les Diables... et tous ensemble, bordel !

(Un édito écrit avec le respect envers tout un chacun... mais avec un ras-le-bol certain).

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