La chronique de Dupk

Olivier Baute
| 1 réaction
La chronique de Dupk
Photo: © SC

Suis Walfoot dès à présent sur WhatsApp !

Amor, l’arbitre !

Aujourd’hui, j’ai une petite pensée de Noel pour l’arbitre, ce d’Artagnan des pelouses dont la solitude n’est comblée que par la présence presque ridicule et à distance respectable d’un Athos et d’un Porthos agitant de temps à autre un drapeau fluo comme pour le distraire de son triste destin, sans oublier l’Aramis qui, limite pitre, porte le panneau du temps additionnel.

L’arbitre, c’est Un contre Tous, Tous contre Un. Sur la pelouse qu’il parcourt jusqu’aux moindres recoins, il s’élance souvent d’un pas un peu raide, toujours à la remorque des bondissements du ballon. Pourtant, il continue inlassablement de courir, poursuivi par tous les regards hostiles, héro d’un film de Hitchkock, essouflé, justicier maudit qui siffle pour être chahuté. Il est le flic des comédies burlesques, le ramasseur de tartes à la crême.
 
L’arbitre est un véritable amoureux du football, accro jusqu’à en accepter toutes les offenses. Enfant, quand on jouait dans les cours de récréation au football, il y avait dans la bande toujours le gros lard qu’on plaçait au goal et le maigrichon à lunettes, légèrement myope, fortement boutonné, qu’on chargeait d’arbitrer le match. Tête de pique, incapable de se défendre, notre souffre-douleur ravalait ses larmes, hésitait de prendre des décisions par trop catégoriques et déplaisantes pour la horde sauvage de gosses impitoyables qu’on formait.
 
Pourtant, il s’accrochait, il tenait bon, ses boutons disparaissant de son visage au fur et à mesure qu’il prenait du galon et perdait de sa myopie. Et un jour, quand beaucoup d’entre nous avions raccroché à jamais nos chaussures à crampons, lui, voilà qu’il se retrouva au milieu des meilleurs manieurs de ballon du pays, prêt à essuyer à nouveau tous nos sarcasmes revenchards. A mort l’arbitre ! Enculé ! Tricheur ! Vendu ! Alors que les seuls tricheurs sur le terrain de football sont les joueurs.
 
Le freesbee est un sport d’équipe basé sur le fair-play, même s’il est de compétition. C’est un sport également sans arbitre. On joue. On respecte l’adversaire, le compagnon de jeu, l’ami de l’équipe d’en face. Au football, on n’imagine plus un match sans arbitre. Tentez le coup. Fermez l’espace d’un instant les yeux ! Et imaginez le match sans homme en noir ! Que celui qui ne pense pas à un énorme fouttoir me jette le dernier CD de Céline Dion à la figure.
 
Non ! Un match sans arbitre est aussi inimaginable que la Tour Eiffel sans Paris, que Dick Advocaat sans morgue, que 2018 sans la coupe du monde en Russie. Car le joueur de football dribble, tackle, mais surtout simule, triche, aligne les fourberies, les tirages de maillots, les insultes, les crachats, les mauvaises fois, les plaintes enfantines, les dénonciations, le mépris de l’adversaire, ce bouffeur de primes, cet imbu de lui-même prêt à tout pour lui raboter son salaire.
 
Et malgré cela, c’est l’homme au sifflet qui ramasse les quolibets, qui prend tout dans la poire, qui quitte le terrain sous les huées alors que nos encouragements dressent une haie d’honneur aux tricheurs, à nos tricheurs roublards et victorieux.
 
Alors l’arbitre, même si nous sommes aujourd’hui le jour de la naissance de Celui qui décréta le fameux « Tu ne jugeras point », reçois ce clin d’oeil d’admiration.
Corrigeer
Une erreur dans l'article ci-dessus? Annoncez le ici!

Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot

Plus de news

Plus de news