Coupe du Monde 2022 : l'Arabie Saoudite à la fête des voisins...en attendant la sienne ?
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Ce mardi, une équipe à part entre en lice : l'Arabie Saoudite, géant du football dans le Golfe, habitué des Coupes du Monde...et qui a pourtant dû s'incliner devant son petit et encombrant voisin, le Qatar.
Si un pays du Golfe avait dû accueillir seul une Coupe du Monde et qu'une forme de logique sportive avait dû être respectée sur ce point, nul doute : la cérémonie d'ouverture dimanche aurait eu lieu à Riyad. L'Arabie Saoudite dispute au Qatar sa 6e Coupe du Monde, et a remporté trois titres continentaux en Asie. À côté du nain footballistique qu'est le petit émirat voisin, l'Arabie Saoudite avait l'argument sportif. Financièrement ? Les mannes saoudiennes sont inépuisables. En termes de superficie, à côté d'un Qatar de la taille de la Wallonie, le royaume saoudien est le plus grand pays du Moyen-Orient et le deuxième plus grand pays arabe derrière l'Algérie.
Bref : l'Arabie Saoudite, si elle l'avait voulu, aurait pu couper l'herbe sous le pied de son voisin et rival régional. Mais les Saoudiens n'ont que très récemment mis l'accent sur ce fameux soft power si cher aux Emiratis et aux Qataris. Pays fermé au tourisme traditionnel (non-religieux) jusqu'en...2019, l'Arabie Saoudite n'a que très récemment commencé à se tourner vers le sport comme vitrine. La concurrence a donc pris le large, jusqu'à ce que Mohammed Bin Salman, prince héritier des Al-Saoud et véritable homme fort du régime, prenne conscience que l'Arabie Saoudite ne pouvait pas rester à la traîne.
Depuis, l'Arabie Saoudite a mis le paquet. Organisation de Supercoupes de football, mais aussi Formule 1, matchs de boxe entre les plus grands champions, Paris-Dakar, mise en place d'une ligue de golf qui a secoué le sport et enfin rachat de Newcastle United l'année passée : en quelques années, le Royaume a frappé fort. Vue comme rétrograde même selon les standards locaux, entâchée de l'affaire Kashoggi (journaliste assassiné dans l'enceinte de l'ambassade saoudienne à Istanbul en 2018), l'Arabie Saoudite est loin d'avoir comblé son retard en matière de soft power et au vu des polémiques qui n'en finissent plus à Doha, nul doute que le grand public n'est pas prêt pour une Coupe du Monde à Riyad, Jeddah et Médine. Mais nul doute aussi que Mohammed Bin Salmane, ou MBS pour les suiveurs de la géopolitique locale, a des rêves plein la tête au moment de se rendre chez le voisin pour assister à la compétition.
Sa présence est d'ailleurs un symbole fort, après des années de déchirement entre le Qatar et l'Arabie Saoudite. Les deux pays se sont écharpés sur bien des thèmes, des Printemps Arabes à la guerre au Yémen, d'accusations de soutien qatari au terrorisme islamiste à...un piratage d'État de la chaîne (qatarienne) al-Jazeera par le groupe (saoudien) ArabSat. La hache de guerre est enterrée, au moins temporairement, et publiquement. MBS a rencontré l'émir du Qatar, et le Moyen-Orient affiche une belle cohésion de façade pour cette première Coupe du Monde musulmane et orientale. Mais le prince d'Arabie a certainement réprimé un sourire en voyant le spectacle piteux de l'équipe nationale qatarienne pour son match d'ouverture. Ce mardi, face à l'Argentine, l'Arabie Saoudite risque de ne pas faire mieux. Mais qu'aux yeux du monde, le Qatar reste un cran derrière sur le plan sportif ne fera que renforcer la crédibilité future des Saoudiens. En attendant un retour de la reine des compétitions dans la péninsule arabique...cette fois, plus près de La Mecque.
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