Système tactique: Quelle vérité?

Dans le football (adulte) actuel, seul le résultat compte. Peu importe de jouer en 1-3-5-2 (avec marquage individuel et libéro) ou en 1-4-4-2 en zone à plat…l’entraîneur qui gagne à toujours raison !! .

Quel « pied de nez » au panthéon du football actuel, à tous ceux qui croient détenir LA VERITE, cette victoire de la Grèce au championnat d’Europe des Nations 2004. Cette équipe grecque était disposée en 1-3-5-2 (un système désuet, pas à la mode et j’en passe !) avec un libéro et deux joueurs en marquage comme au bon vieux temps et crée une énorme surprise ( ?) en faisant la nique aux meilleures formations du vieux continent.

MERCI Mr Rehhagel (entraîneur de cette formation insulaire) de nous avoir adresser cette leçon de vie : l’humilité, la remise en question permanente des certitudes et la capacité de s’adapter aux qualités du groupe, fédérer tout un groupe autour du même concept sans vouloir imposer un canevas de base et en plus moderne (la ZONE) prendra toujours le dessus sur la suffisance, la pensée unique et le savoir divin des pseudos connaisseurs du football. D’un autre coté, je vous en VEUX Mr Rehhagel car où étaient les beaux gestes et le beau jeu, votre équipe était faite pour DEFENDRE et s’est imposée par son physique et son intelligence défensive (victoire par 3 fois 1-O et le trophée est brandi).

Les grands perdants furent les spectateurs et téléspectateurs qui assistèrent à un spectacle ( ?) pauvre en émotions et en gestes techniques à faire soulever les
foules.

Je pense qu’il n’existe pas de système tactique miracle, seul compte à mes yeux la capacité de l’entraîneur à s’adapter au niveau du groupe qu’il gère et à tirer le maximum des potentialités mis à sa disposition. La tactique au service du joueur et non le joueur au service de la tactique.

C’est à partir du résultat final obtenu que l’on pourra juger de la valeur de l’entraîneur.

A mon petit niveau, je peux vous assurer que jamais je n’aurais été champion avec le KFC WEYWERTZ (Ier Prov) si j’avais modifié ma philosophie de jeu (la
zone au lieu du marquage individuel) ; j’ai essayé en parlant, en démontrant sur le terrain, en évoluant en match amical et en championnat, j’ai dépensé beaucoup d’énergie pour convaincre le groupe de modifier l’approche.

Après quelques semaines, des joueurs défensifs clés du groupe sont venus me supplier de revenir au marquage individuel qu’ils pratiquaient depuis des années ; ils me disaient qu’ils étaient malheureux et éprouvaient moins de plaisir !

J’ai écouté, réfléchi, remis mes certitudes en balance et cédé aux desiderata du groupe… quelques mois plus tard on était CHAMPION !!!


Dans le monde du football, la vérité du moment est illusoire.

Le jeu d’une équipe est bien plus conditionné par une harmonie de profils de joueurs que par un hypothétique placement tactique, d’autant que, pour citer un célèbre auteur de romans policier (Tom Clancy), aucun plan de guerre ne survit au champ de bataille. Il faut bien évidemment donner un schéma aux joueurs, mais si ceux-ci sont dans l’incapacité de l’exécuter ou sont perturbés par les plans de l’adversaire… tout est remis en question.

Un entraîneur ne doit pas s’accrocher à une tactique ; une seule chose compte dans le football adulte : la victoire et l’optimalisation du potentiel de chaque joueur au profit du rendement collectif.

Il faut aligner les joueurs de sorte que leurs qualités émergent. Le système tactique doit guider, rassurer le joueur mais il ne peut en aucun cas le paralyser.

L’efficacité du système dépend de la qualité de son exécution tout en gardant toujours à l’esprit que la forme des joueurs fluctue.
 

Sportez-vous bien ! A la semaine prochaine …

Serge Gehoulet