Interview Un match référence face à Nicolas Raskin et Philippe Clément : Rocky Bushiri raconte son bonheur écossais
Photo: © photonews
Face aux Rangers, le week-end passé, l'homme du match était Belge... mais ce n'était pas Nicolas Raskin. Rocky Bushiri est devenu un pilier d'Hibernian et tient un match référence ; Walfoot.be a pu s'entretenir avec lui.
Rocky Bushiri a dû faire preuve de patience de patience dans sa carrière, lui qui avait démarré très jeune, à 18 ans, au KV Ostende. C'était déjà en 2017 et par la suite, l'ex-international belge en équipes d'âge (jusqu'aux U21) a signé en Angleterre, à Norwich City, après avoir percé à l'AS Eupen.
De prêt en prêt, sans avoir pu jouer pour les Yellows en équipe A, Bushiri pose ses valises en Écosse, discrètement, en 2022. Là, il convainc après un prêt et est transféré à titre définitif : 86 matchs plus tard, à 25 ans, Rocky Bushiri est un cadre d'Hibernian, club d'Édimbourg qui vient de mettre en grand danger l'avenir de Philippe Clément aux Rangers en arrachant le partage (3-3).
Bonjour Rocky. Ton but et ton assist face aux Rangers ont permis à Hibernian de prendre un point. J'imagine que c'est ton match référence depuis ton arrivée en Ecosse ?
Tout le monde connaît l'écart entre les deux clubs de Glasgow et le reste du championnat, c'est donc très beau de réussir ça, c'est sûr. Maintenant, je ne sais pas si on parlera de match de référence, juste d'un bon match, mais c'est vrai que les statistiques ont suivi et le mettent en évidence, donc ça fait plaisir.
Un match qui met encore plus la pression sur Philippe Clément et les Rangers...
Depuis quelques années, le Celtic domine le championnat, c'est comme ça... Les Rangers essaient de réduire l'écart mais ce sont des cycles. La victoire dans le Old Firm a calmé les choses car c'est comme nous avec Hearts of Midlothian : ce qui compte, c'est de les battre. Mais c'est vrai que le match de dimanche a remis le club dans les problèmes.
Tu connais un peu Clément et Nicolas Raskin ?
Oui, je connais Nicolas, on échange assez régulièrement, et je connais le coach Clément aussi, mais là, après un tel match, j'ai été pris par les célébrations, par les médias, donc je n'ai pas vraiment pu leur parler.
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Tu me dis que Hearts est votre grand rival ?
Oh oui ! Ce sont les deux clubs d'Édimbourg. Tout ce qui compte, c'est de les battre, si possible de finir devant eux. Il paraît que même l'année où Hibernian est descendu, ça n'était pas si grave car ils avaient battu Hearts of Midlothian (rires). Cette année, nous avons été gagner là-bas, ce qui n'était pas arrivé depuis 2019. Le match à la maison est le 1er mars et si on peut les battre, la saison sera presque considérée comme réussie !
Hibernian connaît une très belle série, 6 matchs sans défaite. Ca correspond à peu près à ton retour dans l'équipe...
Une défaite en neuf matchs, et la seule défaite était au Celtic dont on connaît le niveau. Mais ça reste très serré, on ne peut certainement pas se croire arrivés malgré une telle série. Cela dit, ça fait plaisir car nous avons aussi remporté 4 victoires d'affilée et la dernière fois que c'était arrivé, ça datait. Quant à mon cas personnel, j'ai dû prendre mon mal en patience. Je peux le dire aujourd'hui, ça a été difficile d'être mis sur le banc comme ça après avoir été considéré comme un cadre, mais j'ai travaillé, car tout va très vite en football. La preuve...
On m'a dit que j'avais l'accent écossais !
Pourquoi as-tu été placé sur le banc ? Il y a une raison particulière ?
Disons que la saison passée, Hibernian a sous-performé et que dans ces cas, il y a toujours une volonté de changement. Il y a eu beaucoup de transferts l'été passé, certains joueurs dont moi ont goûté au banc... Mais ça n'a pas marché pour autant, et j'ai donc réintégré l'équipe.
D'autant que comme tu le dis, tu es devenu un cadre de Hibernian depuis 2022. Après avoir enchaîné les prêts, j'imagine que ça fait du bien !
La stabilité, ça a toujours été l'objectif, c'était malgré moi que je n'ai pas réussi à m'installer quelque part. Mais quand tu es jeune et défenseur central, tu dois tenter, tu dois apprendre, progresser... Enfin être posé, ça fait plaisir. Enfin arrêter les déménagements, aussi (sourire).
Tu es donc devenu un vrai Écossais ?
(rires) On m'a dit récemment, dans une interview, que j'avais l'accent écossais ! Du moins quelques intonations. Et quand je vais en sélection et que je discute avec les anglophones, ils me disent que j'utilise des mots et des expressions qu'on utilise seulement en Écosse. Je ne m'en rends pas compte, bien sûr !
Quel serait le niveau d'Hibernian en Belgique ? Le niveau écossais en général, où le situes-tu, toi qui a joué en Pro League ?
Je ne sais jamais répondre à cette question... C'est vraiment difficile à évaluer. Il y a plusieurs aspects. Sur le plan physique, l'impact, je crois que ce n'est pas inférieur à la Belgique. C'est plutôt au niveau tactique que la différence se fait. En Belgique, c'est impensable qu'un coach demande du kick & rush et des longs ballons de manière trop systématique, un jeu très direct ; on essaie souvent de construire de l'arrière. Ici, c'est monnaie courante.
En termes d'infrastructure, certains clubs - les deux de Glasgow, mais aussi Hibernian - sont très bien, mais on voit aussi que quand on se rend dans des clubs plus "modestes" (et je le dis avec tout le respect du monde), c'est différent. Là-bas, les infrastructures sont moins bonnes, le terrain aussi, etc... Après, pour conclure, quand les clubs écossais rencontrent les clubs belges, ils ne sont jamais ridicules, comme Kilmarnock ou Hearts face au Cercle récemment.
Une rumeur t'a envoyé au Standard de Liège l'été passé... Y avait-il un fond de vérité là-derrière ?
(rires) Chaque mercato, il y a des rumeurs. Je n'y prête pas attention. Une chose est sûre, c'est que cette rumeur a fait plaisir à ma famille, car mon cousin joue au SL 16. Rabby Mateta, le capitaine du SL 16, est le fils de ma tante. Concernant mon avenir, je suis en fin de contrat en fin de saison mais je me sens bien ici. Les derniers mois ont été les plus chargés de la saison et Hibernian voulait laisser ça derrière nous avant de discuter d'un nouveau contrat ; je m'attends à ce qu'on en parle bientôt.
Pour finir, un sujet plus triste : le KV Ostende a disparu en 2024. J'imagine que ça t'a fait un choc.
Un choc énorme. Je ne m'y attendais pas du tout. Ostende, c'est "mon" club, c'est là que j'ai été formé, que j'ai fait mes débuts... J'y avais encore des amis. Je me rappelle encore de ces matchs européens contre Marseille, de la finale de la Coupe il n'y a pas si longtemps... Comme je le disais : ça va très vite en foot et ça en est encore la preuve. C'est très triste.
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