Chris Coleman, un miraculé pour sauver Louvain : le parcours inspirant de l'ancien bourreau des Diables
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Chris Coleman est le nouvel entraîneur de Louvain. Retour sur le parcours chaotique de celui qui doit aider les Universitaires à se maintenir.
Quand le nom de Chris Coleman a été confirmé comme nouvel entraîneur d'OHL, des images que le football belge aurait préféré oublier sont immédiatement remontées à la surface. L'Euro 2016. Lille. Le Pays de Galles. Le naufrage collectif après le coup de canon de Radja Nainggolan. La désillusion face au tableau qui s'était ouvert. Le dernier match de Marc Wilmots. Lors de cette funeste soirée, c'est bien Coleman qui était sur le banc gallois, pour signer le plus beau coup d'éclat de sa carrière d'entraîneur. Penchons-nous maintenant sur d'autres épisodes, parfois plus marquants encore, qui l'ont finalement conduit à poser ses bagages en Belgique.
Avant d'être entraîneur, Chris Coleman était avant tout un solide défenseur. Formé à Manchester City bien avant l'arrivée des pétrodollars, c'est dans le club de sa ville natale de Swansea qu'il effectue ses débuts professionnels en octobre 1988. Suivent ensuite des passages à Crystal Palace et Blackburn. Avant de signer à Fulham en 1997 pour ce qui doivent être les plus belles années de sa carrière.
Un roc dans l'arrière-garde
Le club n'est alors qu'en troisième division, mais avec le portefeuille de Mohamed Al-Fayed, tout est imaginable. Coleman arrive à Craven Cottage en tant que transfert le plus cher de l'histoire de la série (près de 4 millions d'euros). Fort de son expérience (un peu moins de 100 matchs de Premier League à son actif), il est rapidement promu capitaine par Kevin Keegan, débarqué en même temps que lui.
L'époque de tous les possibles pour Fulham. Le capitaine se souviendra toujours de cet après-match où Al-Fayed toque au vestiaire. "Il a dit : 'Allez les gars, mettez vos c*uilles de côté, nous avons de la visite' Juste derrière lui, Michael Jackson. Nous n'arrivions pas à y croire. Je me souviens avoir regardé ce type et pensé qu'il était l'image de Michael Jackson, mais je me suis dit que c'est impossible. Mais c'était bien lui. Je me souviens avoir baissé les yeux et pensé, 'Jésus Christ, ses pieds sont énormes' " se marre-t-il dans Four Four Two.
Et la recette marche. La montée en deuxième division ne tarde pas, celle vers la Premier League est sur les rails : en janvier 2001, Fulham compte dix points d'avance sur son plus proche poursuivant et se prépare déjà à atteindre le Graal. Jusqu'à cette tragique soirée, le lendemain du premier match de l'année.
Vers 21h, le défenseur gallois est au volant de sa Jaguar, non loin de chez lui. L'endroit est redouté, il a déjà le théâtre de plusieurs accidents graves. C'est finalement l'irruption d'un faisan sur la route qui déclenche tout : "J'aurais dû écraser ce foutu volatile, en y repensant. Mais mon instinct ne le fait pas. On voit quelque chose et on réagit" se souvient-il pour le Guardian.
L'embardée est terrible : sa voiture arrache 20 mètres de clôture métallique, renverse deux arbres. Mais le pire est évidemment pour son occupant : "Dès que la voiture s'est arrêtée, c'était vraiment bizarre. C'était comme si je m'étais évanoui et que je revenais à moi. Cela a dû durer 30 secondes, une minute, je ne sais pas, et je n'ai pas vraiment ressenti beaucoup de douleur".
Mais dès qu'il essaye de bouger pour sortir du véhicule, il comprend la gravité de la situation, n'étant que trop aidé par l'arrivée de douleurs insoutenables. Au cours de sa première semaine à l'hôpital, Coleman a perdu connaissance à plusieurs reprises. Entre les multiples fractures, la rupture des ligaments croisés, il ne passe pas loin de perdre une jambe. Mais au bout d'une très longue convalescence, il est finalement remis sur pied.
Leader jusqu'au bout
Chris Coleman tente alors un pari fou : redevenir un joueur professionnel. "J’ai vu un mec avec un sacré mental. Il tentait de revenir. Même blessé, il prenait encore la parole dans le vestiaire, il faisait les déplacements avec nous" se souvient son ancien coéquipier Steve Marlet dans Le Figaro. Il disputera finalement encore un seul et unique match, montant pour la dernière minute d'un amical de la sélection galloise contre l'Allemagne. Ses médecins le poussent à accepter l'inéluctable : il doit raccrocher les crampons.
Mais Fulham ne veut pas l'abandonner pour autant et l'aide à passer à autre chose : "Dès sa sortie de l’hôpital, je l’ai forcé à me suivre sur les terrains avec ses béquilles. On l’a intégré au staff, il ne s’y attendait pas. Il a débuté à la vidéo pendant deux mois, avant de pouvoir venir sur le terrain et débuter réellement son apprentissage. Il a vite été très intéressé et s’est mis dans le pli. On l’a sauvé des eaux" se rappelle l'adjoint Christian Damiano.
En octobre 2002, l'ancien défenseur intègre véritablement le staff. Six mois plus tard, à l'éviction de Jean Tigana, il devient à 32 ans l'un des plus jeunes entraîneurs de l'histoire de la Premier League. Il fait ses preuves pendant quatre ans sur le banc des Cottagers : "J’ai rarement vu quelqu’un dégageant une telle énergie positive, un tel charisme. Il a une telle confiance en lui : il arrive à persuader ses joueurs qu’ils sont meilleurs que ceux d’en face pour les emmener vers un but précis" explique son ancien joueur Abdeslam Ouaddou.
A son départ de Craven Cottage, la suite est plus délicate. Son passage à la Real Sociedad prend fin après six mois suite à des conflits internes, il se recase alors à Coventry, puis dans le championnat grec. Il voit son rêve d'enfance lui filer sous le nez : la fédération galloise lui préfère son ami d'enfance Gary Speed à la tête de la sélection. La suite est malheureusement connue : le nouveau sélectionneur met fin à ses jours : "On se connaissait depuis qu’on avait 10/11 ans. Je n’ai pas besoin du foot pour penser à lui. J’ai perdu deux/trois potes partis trop jeunes. C’est juste horrible" se rappelle Coleman.
C'est avec beaucoup d'émotion qu'il reprend finalement l'équipe. Quatre ans après son premier match à enjeu contre les Diables Rouges (défaite 0-2, buts de Vincent Kompany et Jan Vertonghen), Coleman emmène le Pays de Galles en demi-finale de l'Euro et à la huitième place du classement FIFA.
Le point culminant de sa carrière d'entraîneur. Ses expériences suivantes sont moins concluantes. Que ce soit à Sunderland, Hebei (Chine), Atromitos (Grèce) ou Limassol (Chypre), l'histoire débouche rarement sur une fin heureuse. L'homme cultive en tout cas l'art du rebond : au moment où une place se libérait à Louvain, il était encore actif dans le championnat chypriote. Il ne lui a fallu que trois jours après son licenciement à Limassol pour venir parapher un contrat à Den Dreef. Y laissera-t-il un meilleur souvenir au football belge que lors du quart de finale de l'Euro 2016 ?
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