De l'Union Saint-Gilloise au Bayern, de gardien à philanthrope à travers le monde : sur les traces de Robert Dekeyser, ovni méconnu du football belge
Photo: © photonews
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Robert Dekeyser n'a que peu fait parler de lui en Belgique. Son parcours est pourtant atypique.
Si Vincent Kompany est le premier entraîneur belge de l'histoire du Bayern Munich, trois joueurs nés dans notre pays ont eu l'honneur de porter le maillot de l'ogre bavarois. Les noms de Daniel Van Buyten et Jean-Marie Pfaff résonnent encore en Bavière, celui de Robert Dekeyser est plus méconnu, y comrpis dans son propre pays.
Il faut dire que l'ancien gardien de but n'a disputé qu'un seul match au Bayern. Un soir de novembre 1986, il profite de la mise au repos de Jean-Marie Pfaff pour prendre place dans le onze aux côtés d'Hansi Flick ou encore Lothar Matthäus. Une rencontre qui n'est pas restée dans les mémoires, puisque les Munichois se sont inclinés 3-0 au Fortuna Dusseldorf.
Dekeyser a justement été amené en Bavière par Pfaff himself. Alors que le Bayern déplore la blessure de la doublure du Diable Rouge, ce dernier glisse le nom de Dekeyser, 22 ans, qui était alors à l'Union Saint-Gilloise, en deuxième division.
Globe-trotter dès son plus jeune âge
Un début de carrière atypique après une jeunesse qui l'était tout autant. Fils d'entrepreneurs, Robert est élevé à Louvain avant de se partager entre l'Allemagne à l'Autriche. Et ce n'est pas tout : à 14 ans, un concours permet à celui que l'on appelle affectueusement Bobby d'intégrer l'académie new-yorkaise de Pelé, sa grande idole.
Le football était tout pour lui : Robert Dekeyser avoue sans détour dans sa biographie ("Décrocheur scolaire, footballeur professionnel, entrepreneur mondial : l'histoire complètement folle de Bobby Dekeyser") qu'il était un absentéiste invétéré. Il proclame d'ailleurs la fin de son parcours scolaire en plein cours d'anglais pour quitter l'établissement.
Un entêtement pour le ballon rond qui va jusqu'à lui permettre de jouer cet unique match sous les couleurs du grand Bayern. Une fois son séjour à Munich terminé, le temps que le deuxième gardien se remette sur pied, Dekeyser reste en Bavière pour assumer une nouvelle fois le rôle de doublure au FC Nuremberg, où il ne joue pas un match.
Après un court passage du côté de Genk, il découvre un troisième club bavarois : le TSV 1860 Munich. A sa grande joie, il s'y impose comme titulaire. Mais après 16 matchs, un coup du sort en décide autrement : un coup de coude au visage le blesse sérieusement. C'est depuis son lit d'hôpital qu'il apprend avec fureur que le club a recruté un nouveau gardien pour le remplacer.
Une nouvelle vie à 27 ans
Lorsqu'il retrouve le chemin de l'entraînement, son nouveau concurrent lui est passé devant. Mais le hasard s'en mêle une nouvelle fois : le nouveau titulaire se blesse, Dekeyser est appelé à remplacer son remplaçant. "Les trois meilleurs matchs de ma carrière" se souvient-il dans sa biographie. Egalement ses trois derniers : en juin 1991, il annonce prendre sa retraite à 27 ans.
Que faire à cet âge quand on a arrêté l'école du jour au lendemain ? Ne vous en faites pas pour lui : le garçon a de la suite dans les idées. Son passage à l'hôpital lui a permis de réfléchir ; dès qu'il raccroche les gants, Robert Dekeyser fonde DEDON, son entreprise. Le business plan n'est pas encore bien défini, il veut avant tout "prendre du plaisir à travailler avec sa famille et ses amis". Tout commence dans une ferme achetée avec sa femme Ann-Kathrin, où tout est aménagé avec les moyens du bord, le poulailler se transformant ainsi rapidement en bureau improvisé.
Après être passé par la production de skis peints à la main et de girafes en raphia importées de Madagascar, DEDON se stabilise dans le domaine des meubles d'intérieur. Le succès permet à l'entreprise de se doter d'une vraie usine de production et d'engager petit à petit des milliers d'employés. Tout en mettant un point d'honneur à conserver cette ambiance familiale des débuts.
Peu adepte de la routine, le Louvaniste, aujourd'hui âgé de 60 ans, a même lancé le DEDON tour du monde, pour échanger avec des gens du monde entier, partager sa passion, mettre en valeur ses produits dans les endroits les plus paradisiaques, et surtout ne jamais s'ennuyer.
Philanthrope invité dans de nombreuses conférences internationales, Robert Dekeyser et sa fondation ont contribué à créer la Dekeyser&Friends Academy où "des personnalités compétentes et inspirantes peuvent transmettre leur expérience à des jeunes du monde entier dans le cadre de projets d'apprentissage pratique". L'une de ces personnalités de l'académie n'est autre que Jens Lehmann, l'ancien gardien d'Arsenal, aujourd'hui impliqué dans plusieurs oeuvres carritatives. Comme quoi, claquer la porte en plein cours d'anglais peut s'avérer bénéfique, une carrière de joueur professionnel et un tour du monde peuvent rattraper tout cela.
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