Interview Vincent Kompany présenté à la presse : "Le Bayern Munich n'est pas le seul club qui m'a appelé"
Photo: © photonews
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Vincent Kompany a été présenté à la presse par le Bayern Munich ce jeudi pour une première (longue) conférence de presse, qu'il a donné en partie en allemand. L'ancien capitaine des Diables Rouges a déjà charmé par sa confiance et sa personnalité.
Encadré par Christoph Freund et Max Eberl, Vincent Kompany est apparu très tranquille durant cette première conférence de presse, qu'il a entamée en allemand. Il est passé à l'anglais par moments, pour mieux exprimer ses idées, mais le niveau du nouveau coach du Bayern Munich dans la langue de Goethe a probablement impressionné la presse allemande. "Je suis très heureux d'être là, la saison pourrait commencer aujourd'hui, je suis très motivé", plaisante d'emblée Kompany.
Nous avons retranscrit ci-dessous les questions posées par la presse présente sur place et les réponses de Kompany (les propos de Max Eberl et Christoph Freund, directeurs sportifs, seront retranscrits ailleurs).
Vincent, bienvenu à Munich. Quelles sont vos premières impressions, et que pensez-vous du fait que vous n'étiez pas forcément le premier choix du club ?
Hé bien, je viens d'arriver. J'ai eu le temps de discuter avec Max (Eberl), Christoph (Freund) et d'autres personnes. Quant au processus de recrutement du club, j'ai pu le comprendre lors de ces discussions et je me contenterai de dire que si je suis ici, c'est que le club fait du très bon travail (sourire).
Tout d'abord, doit-on prononcer "Vincent" (avec l'accent français, nda) ou "Vincent" (avec l'accent anglais, nda) ?
(rires) Quand j'étais à Hambourg, ils avaient beaucoup de mal à prononcer Vincent comme il faut. C'est souvent Vinnie ou Vincent (accent anglais, nda). Vous ne devez pas le prononcer à la française, ne vous en faites pas (rires).
Comment vous décririez-vous en tant que coach ?
C'est très simple, en tant qu'entraîneur, tu dois transmettre ta personnalité dans ce que tu fais. J'ai grandi dans les rues de Bruxelles, puis j'ai joué de mes 6 à mes 20 ans à Anderlecht où l'objectif, chaque année, était de tout gagner. Ce que j'en retire, c'est que je veux des joueurs qui ont de la personnalité et de l'audace balle au pied.
Je veux également une équipe agressive. Ca représente les deux facettes de ma personnalité : de l'audace balle au pied, mais aussi de l'agressivité durant les 90 minutes du match pour porter l'équipe.
Pensez-vous que la personnalité et le style de jeu que vous avez amené à Burnley puisse se transmettre au Bayern ?
J'ai vécu à ce niveau la majeure partie de ma carrière. Il y a une chose sur laquelle tu ne transiges pas, c'est la culture du club. Bien sûr, le travail acharné est nécessaire où que tu ailles, personne ne s'attend jamais à ce que je ne demande pas ça. Tout le monde doit être d'accord avec ça où que tu ailles.
Mais en-dehors de ça, tout ce que tu fais, ce que tu dis, tu l'adaptes aux gens que tu as devant toi. Tu t'adaptes à un vestiaire et à une culture.
Sentez-vous le soutien de Karl-Heinz Rummenigge et Uli Hoeness ? Ils ont notamment évoqué le fait que vous étiez un disciple de Pep Guardiola.
J'ai une superbe relation avec Pep mais je ne nous comparerais pas forcément en tant qu'entraîneur. Concernant Uli Hoeness et Karl-Heinz Rummenigge, j'ai également eu des discussions avec eux, et ils font eux aussi partie du processus décisionnel. Ils me soutiennent, et c'est important qu'ils soient derrière moi, comme tout le club.
C'est votre première expérience dans un club du top. Qu'est-ce que ça vous inspire et à quel point sera-ce différent des clubs précédents ?
Ma mentalité, c'est que je n'ai jamais, dans ma tête, travaillé ailleurs qu'au top. Car le top, c'est l'environnement que tu crées, la mentalité que tu as, le sérieux dans ton travail. C'est ça, qui définit le fait d'être au top niveau. Je me sens déjà comme à la maison et j'ai l'impression que je peux continuer à transmettre mes idées ici.
Quels joueurs seront les plus importants pour vous dans cette optique ?
Il est trop tôt pour parler de joueurs à titre individuel. J'ai hâte de découvrir le noyau et aussi de voir à quel point mes joueurs ont encore faim. L'année passée, nous avons perdu, et je sais que c'est dans ces moments-là que tu réagis, que tu vois les vrais vainqueurs se montrer. Je veux voir quels joueurs ont cette faim de représenter le Bayern et de gagner à nouveau.
À quel point est-ce important pour vous de représenter la Belgique à la tête d'un grand club ?
Nous sommes un petit pays, et j'espère que ça donnera l'inspiration aux coachs et aux gens en Belgique qu'ils peuvent y arriver aussi... Mais être ici n'est pas un accomplissement. L'accomplissement sera d'y connaître le succès, et ce n'est pas encore le cas.
Quelle a été votre réaction quand le Bayern vous a contacté ? Est-ce que vous imaginiez être ici si tôt dans votre carrière ?
Il y a une chose que vous devez savoir, c'est qu'être coach consume chaque jour et chaque minute de ma vie. Je n'ai jamais eu le temps de penser à quoi que ce soit et d'autre. Quand Max et Christoph m'ont appelé, je n'avais pas de plan en tête. Je faisais mon job.
Le Bayern n'était pas le premier club à me contacter
Il faut aussi que vous sachiez que je suis quelqu'un de très discret. J'ai eu la chance d'avoir beaucoup d'intérêt, de la part de plusieurs clubs. Vous étiez surpris, parce que je suis quelqu'un de discret, et rien ne s'est donc su de cet intérêt d'autres clubs, mais le Bayern n'était pas le premier club à me contacter. Je n'ai jamais cherché après cet intérêt.
Je vis ma vie de manière trop intensive pour tirer des plans sur la comète. Mais j'ai discuté avec Christoph et Max, et j'ai découvert des gens avec qui j'étais d'accord sur bien des plans. Nous allons dans la même direction. Dans un club du top comme le Bayern, tout le monde doit être sur la même ligne, peu importe ce que le monde extérieur pense, ça n'a pas d'importance. J'ai ressenti ça, et c'est ce qui a éveillé mon intérêt.
Qu'est-ce qui caractérise votre façon de travailler ?
Je suis perpétuellement motivé, je me lève motivé et je le reste du matin au soir. Ma motivation est de rendre les gens qui m'entourent meilleurs, améliorer mon staff, mes joueurs, tous ceux que je rencontre. Je ne me suis pas défini par mes années de succès mais par les années difficiles, dès ma jeunesse, c'est dans mon ADN et ma nature de travailler dur et de continuer. Et d'emmener les gens avec moi, car je ne veux pas avoir du succès seul, je veux en avoir avec un maximum de gens autour de moi.
La pression n'existe pas pour moi
Le Bayern est un club énorme, mais ma première erreur serait de regarder les gens différemment. Nous avons tous une histoire et une personnalité. Je ne veux pas seulement les meilleurs joueurs mais aussi former la meilleure équipe possible. Et je sais aussi que je ne devrai pas écouter le bruit extérieur : ce qui compte, c'est le sentiment en interne. Voilà ce vers quoi tend ma personnalité. La pression ? (il sourit) Je la gère différemment, elle n'existe pas pour moi.
Qu'avez-vous appris de votre parcours et de votre passage à Burnley ?
Quand, dans ta première saison, tu as plus de 100 points et que tu n'en perds que trois en 46 matchs, puis que tu as une saison difficile où tu fais partie des trois plus petits budgets... Tu peux apprendre beaucoup de ces très hauts et très bas. Ce que tu apprends surtout, c'est à être constant.
Je n'ai pas approché les joueurs et les entraînements différemment en Premier League, et même quand nous avons commencé à perdre, je n'ai pas commencé à me plaindre chaque lundi de mes joueurs. Je suis resté calme, j'ai soutenu mon staff, et le club était sur la même ligne. L'énergie est restée présente jusqu'au bout. Mais rester constant dans ces deux extrêmes, ce n'est pas facile. Désormais, au Bayern, je n'ai pas l'intention de devenir une personne différente, et je ne pense pas non plus que c'est ce qu'ils veulent.
Mais faudra-t-il adapter votre style de jeu ?
(il hausse les épaules) On s'est posé cette question depuis mes débuts. À Anderlecht, nous avions l'équipe la plus jeune d'Europe, fallait-il adapter mes principes pour autant ? À Burnley, de la D2 à la D1, fallait-il s'adapter ? Ma ligne de conduite est d'améliorer les joueurs, et pour ça, tu as besoin de clarté. J'ai une idée claire et je la suivrai, quelle que soit la division ou les joueurs à ma disposition.
Dans un an, la Champions League se jouera à Munich. C'est d'autant plus un objectif pour le club...
L'objectif, c'est de gagner chaque match, peu importe où tu es. Que la finale soit à Munich la rend plus importante encore, c'est un fait, mais en parler ne change rien. Il faudra développer le club pour aller le plus haut possible et avoir les plus grands objectifs possible, à savoir gagner chaque match.
Enfin, une dernière question : vous reposez-vous parfois ?
(il éclate de rire). Je vous promets que dans les 4 prochains jours, je ne travaillerai pas du tout. J'avais prévu deux semaines de vacances, j'en ai déjà perdu 10 à cause des discussions avec le club. Mais maintenant, je vais me reposer 4 jours. Faire mon travail, c'est ma vie, je n'ai pas vraiment de style de vie en-dehors de ça... Mais ce n'est pas un travail, parce que j'aime tant ça.
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