Interview Lancé dans un Standard en crise, Allan Delferrière fait son chemin : "Je n'étais pas prêt à l'époque"

Lancé dans un Standard en crise, Allan Delferrière fait son chemin : "Je n'étais pas prêt à l'époque"

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Le 1er mai 2021, Mbaye Leye prenait tout le monde par surprise en offrant ses premières minutes à Allan Delferrière, 19 ans à l'époque. Actuellement en Écosse, à Hibernian, l'ex-Rouche a donné une première interview belge à Walfoot.

Lors des Playoffs 2 de la saison 2020-2021, les supporters du Standard découvraient un jeune joueur : Allan Delferrière, sorti du chapeau de Mbaye Leye et qui disputera 5 rencontres (dont 4 comme titulaire) dans cette phase finale. 

Depuis, Delferrière a fait son bonhomme de chemin et vient de signer une prolongation de contrat de trois ans à Hibernian, en D1 écossaise. Il est revenu pour Walfoot.be sur son parcours, depuis ces débuts étonnants.

Bonjour Allan. Le public avait fait ta connaissance en mai 2021, mais te connaît assez mal ; peux-tu nous résumer ton parcours avant ça ? 

J'ai fait mes classes au Standard, et lors de ma première année en Élites, j'avais fait une grosse saison, c'est également cette année que j'ai décroché ma cap en U15 avec la Belgique. La Gantoise m'a alors proposé son projet, axé sur les jeunes, et ça m'a convaincu.

Delferriere Allan
© photonews

Malheureusement, ma relation avec le coach, Frédéric Dupré, n'était pas très bonne. Il était très sévère avec moi, très spécial... Il m'a dit directement qu'il ne comptait pas sur moi. J'ai vécu deux saisons blanches, et quand je dis blanches, c'est vraiment ça. Puis, j'ai fait 2 gros matchs en U18 et Gand a essayé de me convaincre de rester, mais c'était mort (rires). 

Le Standard revient alors te chercher. Mais personne ne s'attendait à ce que tu arrives si vite en équipe A ! 

On va être clair, je n'étais même pas le troisième ou le quatrième choix... Je ne m'étais même jamais entraîné avec l'équipe A, au contraire de pas mal de mes équipiers ! Mais Mbaye Leye est venu voir un entraînement de l'équipe U18. C'était contre Bruges, je m'en souviendrai toujours. J'ai fait un match de feu. 

Mbaye Leye est venu me chercher à un moment où j'étais en plein questionnement 

Le lendemain, Réginald Goreux est venu me dire que l'équipe première me voulait à l'entraînement. Je me suis donc entraîné avec eux à la veille du match à Ostende, où j'ai fait mes débuts... J'ai vraiment saisi ma chance. On dit toujours qu'il faut jouer chaque match à fond, comme si c'était le dernier, et c'est comme ça que j'ai convaincu Mbaye Leye. 

Avec le recul que tu as maintenant, n'était-ce pas un cadeau empoisonné ? Le Standard traversait une mauvaise passe... 

Honnêtement, Mbaye Leye est venu me chercher et m'a offert cette chance à un moment de ma vie où j'étais en plein questionnement. Je ne savais pas trop où se situait mon avenir, je doutais. Je ne peux que lui en être reconnaissant. C'était inespéré. Je remercierai toujours Mbaye Leye pour ça.

Donc non, je ne peux pas parler de cadeau empoisonné. Par contre, ce qui est vrai,c'est que je n'étais pas prêt pour ça, pour être titulaire... Ca m'a fort exposé. Leye m'a dit "Tu as les qualités, à toi de jouer". Mais je n'ai pas bien saisi ma chance, car je n'étais pas prêt. 

L'intégration des U23 à la D1B, la saison passée, est donc arrivée juste trop tard pour toi. 

Oui, j'ai finalement rejoint l'Ecosse mais le projet des U23 en D1B, ça me paraissait vraiment intéressant. On voit aujourd'hui que plusieurs jeunes du SL16 se mettent en évidence. Mais finalement, ça ne s'est pas fait et je suis parti.

allan delferriere

Direction Maastricht, en D2 néerlandaise, en compagnie de deux autres joueurs du Standard, Mitchy Ntelo et Lucas Kalala. 

Ca s'est très bien passé là-bas. Le but était d'obtenir du temps de jeu, peu importe le championnat, et c'est ce que j'ai fait. Le seul souci, c'est que j'y jouais défenseur central alors que le poste où je me sentais capable de performer, c'est au milieu.

Mais j'ai goûté au monde professionnel là-bas et ça m'a fait progresser ; c'était aussi le juste milieu entre ça et la famille, puisque Maastricht n'est qu'à 20 minutes de Liège. 

Tu décides alors de rejoindre l'Écosse. C'est étonnant. 

L'objectif était de passer un palier, et Hibernian me voulait. Je savais que j'y jouerais milieu de terrain, qui est le poste où je me sens le mieux. Et le championnat écossais, c'est quand même quelque chose, il y a de grands clubs. Je ne me suis pas posé de question ! Le transfert a été difficile car Maastricht voulait me garder, mais mon choix était fait. 

allan delferriere

Rejoindre l'Écosse, c'était aussi grandir en tant qu'homme, car j'ai dû partir là-bas seul, sans ma famille. Je serai d'ailleurs toujours reconnaissant envers Rocky Bushiri (ex-Eupen, ex-Ostende), qui joue à Hibernian également et m'a pris sous son aile. C'est un grand frère pour moi, je ne le remercierai jamais assez. 

Tu as parlé à Nicolas Raskin depuis son arrivée aux Rangers ? 

On s'est parlé quand les Rangers sont venus à Hibernian, vite fait. Il m'a dit qu'il se sentait bien ici, dans le championnat écossais. De toute façon, c'est un super joueur, c'était clair qu'il s'imposerait ! Je suis content pour lui. 

Le championnat écossais est très physique... et l'accent n'est pas facile ! 

Avant de t'imposer à Hibernian, tu as été envoyé en prêt au FC Edimbourg, un club partenaire. C'était nécessaire ? 

Oui, j'avais besoin d'un temps d'adaptation, d'apprendre le football à l'écossaise. C'est très, très physique ici (rires). Si tu es un milieu un peu fragile, ce n'est pas là qu'il faut signer. Là, ce n'était que la D3, mais ça m'a donné du temps de jeu, ça m'a appris des choses. C'était utile. 

Il faut aussi s'adapter à l'accent écossais, c'est pas évident (rires).

Oui, ce n'est pas le plus facile (rires) ! Mais ça va, après quelques mois, je les comprenais. Maintenant, je peux tenir une conversation ici. Je ne parlais franchement pas anglais en arrivant, tout le monde vous le dira, j'étais sourd-muet à mon arrivée ici... Mais quand tu n'as pas le choix, tu progresses. 

Maintenant, tu viens de signer un contrat de 3 ans. C'est une belle preuve de confiance. 

C'est le travail des dernières années qui porte ses fruits. Ca fait plaisir car c'est une preuve de confiance. Tu te sens safe en tant que jeune joueur, en te disant que tu as un contrat longue durée. Ca permet de travailler dans le calme pour l'avenir.

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