Will Still à cœur ouvert : "Je ne changerai mon travail pour rien au monde"

Will Still à cœur ouvert : "Je ne changerai mon travail pour rien au monde"
Photo: © photonews

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Le jeune entraîneur impressionne sur le banc du Stade de Reims, où il est invaincu depuis sa prise de fonction en octobre dernier. Il se dévoile dans une interview accordée à Free.

A Reims, la question s'est longuement posée après le limogeage d'Oscar Garcia : qui pour coacher le club, alors plongé dans les eaux troubles du classement de Ligue 1 ? En attendant une décision de la direction, ce fut au jeune Will Still (30 ans) d'assurer l'intérim. Quelle ne fut pas l'agréable surprise d'alors voir l'ancien coach du Beerschot et adjoint du Standard d'aligner les bonnes performances et d'ainsi s'imposer comme une évidence sur le banc des pensionnaires du stade Auguste Delaune - quitte à payer une amende à chaque rencontre. 

Dans une interview publiée récemment sur la chaîne Youtube du celèbre fournisseur de télécommunications français Free, Still est revenu sur son parcours, qui l'a vu devenir "le plus jeune entraîneur d'Europe" à succès et franchir les paliers à une vitesse extraordinaire. 

Un "petit British" en Belgique, déjà passionné de football 

A la vue d'une sympathique photo de lui enfant, posant aux côtés d'un ballon, Will Still se dévoile et déballe son immense passion pour le football, née en Belgique. "Cette photo date de quand j'avais 9-10 ans. Elle a été prise à l'école des jeunes de Saint-Trond. C'était ma première année en centre de formation. J'étais très timide, je ne parlais pas beaucoup. C'était un peu le stéréotype du 'petit British' - je suis né en Belgique mais mes deux parents sont Anglais - sur un terrain. J'étais déterminé, je ne lâchais rien, je voulais gagner et pousser les autres." 

"Je voulais juste jouer au foot, que ce soit dans le jardin, sur l'ordinateur ou la Playstation. Je sais que j'ai un peu cette étiquette de gars qui jouait beaucoup à Football Manager, mais j'étais comme tout le monde. Il fallait que ce soit du foot, sinon ça ne m'intéressait vraiment pas du tout."

Il fallait que ce soit du foot, sinon ça ne m'intéressait vraiment pas du tout

Un intérêt dévorant pour le ballon rond, qui va le pousser à s'installer provisoirement outre-Manche. "Après mes études de secondaire en Belgique, je suis parti en Angleterre pendant deux ans, dans un collège de Preston (North End) où j'ai étudié le coaching au football." 

Yannick Ferrera, la rencontre qui change tout 

De retour en Belgique après une expérience à la tête des U14 de l'équipe anglaise, Still fait alors la rencontre de Yannick Ferrera, de 12 ans son aîné. Un élément déclencheur. Ferrera lui propose le poste d'analyste vidéo à Saint-Trond, le club de son enfance. Still signe des deux mains et impressionne directement.

"Après mon stage d'insertion professionnelle, Yannick Ferrera m'a dit que je serais le bienvenu et que si je restais, je serais accueilli comme un membre à part entière du staff. Mais que, techniquement, je n'aurais pas de contrat. J'ai répondu : 'Yann, tu sais quoi, je m'en fous ! C'est bon, on y va, je fonce !' Je ne vais pas dire que je lui dois tout, mais je lui dois une fière chandelle parce que c'est lui qui m'a ouvert la porte", confie Still. 

Une ascension vertigineuse 

Dans la suite de l'interview, Still explique comment il a, en seulement quelques années, accumulé une impressionnante expérience, et s'est retrouvé à seulement 24 ans T1 du Lierse, alors en D2. 

"La première année, on est champions avec Saint-Trond et on remonte en D1. En septembre, on est deuxièmes et Yannick Ferrera part au Standard. Il me dit : 'Will, il faut que tu viennes. Moi, je pars pas tout seul'. Je pars au Standard, et on gagne la Coupe sur ma première saison là-bas (en 2015-2016, ndlr). Et la puis deuxième saison, on se fait sauter au mois de septembre. Je me retrouve à devoir à taper aux portes et il y en a une qui s'ouvre au Lierse. J'intègre le staff, mais en tant que responsable vidéo. La saison d'après, l'entraîneur Fred Vanderbiest se fait limoger le 10 octobre, juste avant mon anniversaire (le 14 octobre, ndlr). J'ai 24 ans à l'époque, et le président du Lierse (Maged Samy, ndlr) m'appelle et me dit : 'Will, c'est toi qui reprends !'. Et je lui dis : 'Président, avec tout le respect que j'ai pour vous, c'est chaud quand même de te dire qu'à 24 ans tu vas être entraîneur principal en D2.' Et il me fait : 'Oui, mais je m'en fous !' On fait une série de 21 points sur 27 et on jouait la montée, mais le club fait faillite en fin de saison." 

Peu de temps après, alors au Beerschot, Still est propulsé T1 à la tête d'une équipe de division 1, à seulement 28 ans. "Hernan Losada partait aux USA, à DC United, et j'avais dit que j'y allais avec lui. Les billets d'avion étaient prêts. Le Beerschot s'est retourné et m'a fait : 'Non, Will, tu ne pars pas. On veut que tu sois notre numéro 1. Si je me suis dit que j'étais encore trop jeune ? Pas cette fois-là. Je l'avais déjà fait, donc quitte à essayer et se planter..." 

La seconde saison, le Beerschot a décidé de nommer un entraîneur plus expérimenté et de proposer le rôle de T2 à Still. Une offre refusée par le Brainois, qui quitte alors le club anversois. "J'étais passé à autre chose", explique-t-il, avant d'expliquer que le Stade de Reims l'a contacté le lendemain. "Il m'ont dit qu'ils me suivaient depuis plusieurs années (...) J'ai pris le rôle de numéro 2 avec Oscar (Garcia). J'avais un rôle important, il me laissait beaucoup de liberté." 

Refuser Anderlecht pour retourner au Standard, puis exploser en Ligue 1 

Alors qu'il passait encore ses diplômes d'entraîneur en Belgique, Still a reçu des offres du Sporting d'Anderlecht mais aussi du Standard. Il a décidé de re-signer chez les Liégeois.. "C'était l'opportunité parfaite, parce que ça me permettait de me rapprocher de chez moi pour terminer les diplômes." 

"Je suis ensuite revenu au début de cette saison ici (à Reims), et puis le reste c'est de l'histoire ancienne", explique le désormais T1 du Stade de Reims, qui reste humble et la tête sur les épaules. 

"Mes mentors ? Jurgen Klopp, Pep Guardiola, Vincent Kompany qui fait un boulot extraordinaire à Burnley, Eddie Howe à Newcastle...Mais je ne pourrais jamais me comparer à tous ces gars-là, parce qu'ils sont dans un autre univers que moi." 

"Ce que je dirais aujourd'hui au moi quand j'étais enfant ? 'Crois en tes rêves'. Parce que j'ai toujours rêvé de faire partie de ce monde-ci. Je lui dirais : 'Fonce. Vas-y, fonce. crois en toi et fonce.' Il y a des moments où c'est dur, où les gens te disent de travailler, faire un autre travail ou de faire des études correctes. Mais moi, j'ai toujours dit : 'Non, je m'en fous. Je n'ai pas envie de faire des études ou des dingueries comme ça'. Moi, j'ai juste envie de faire du foot. Et le foot aujourd'hui, ça me permet de vivre et de faire un boulot que je ne changerai pour rien au monde." 

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