Pourquoi les clubs étrangers se précipitent sur les talents belges en post-formation
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Le championnat belge perd ses pépites de plus en plus tôt. Une fatalité explicable par les réformes de ces dernières années ?
Depuis longtemps déjà, la Jupiler Pro League s'est imposée comme un championnat tremplin vers les compétitions plus prestigieuses. Chaque été, le montant du transfert sortant le plus cher de l'histoire de D1A tend à être battu. Mais cet hiver, alors que le mercato n'est pas encore terminé, c'est une autre tendance qui s'est considérablement marquée. Oubliez les montants à deux chiffres pour des valeurs sûres de la compétitions : alors qu'ils ne sont encore que des promesses de notre football, ce sont des joueurs à peine révélés qui ont agité le marché.
S'ils ne devraient être officialisés que dans les prochains jours, les départs de Julian Duranville (16 ans, Anderlecht) à Dortmund et de Mika Godts (17 ans, Genk) devraient s'ajouter à ceux de Sekou Diawara (18 ans, transféré de Genk à Udinese), Noah Mbamba (18 ans, transféré du Club de Bruges au Bayer Leverkusen) et d'Arne Engels (19 ans, transféré du FC Bruges à Augsbourg). A eux cinq, ces jeunes talents belges ne comptabilisent que 7 titularisations en D1A. Pourtant, leurs départs lors de la même fenêtre de transferts s'apparente à une réelle fuite des cerveaux.
On peut y voir les premières conséquences de la réforme de la D1B il y a six mois avec l'adjonction de quatre équipes U23 (celles d'Anderlecht, de Genk et du Standard et du Club de Bruges). Si Julian Duranville a pu montrer la dangerosité de ses accélérations jusqu'en Coupe d'Europe, les autres joueurs cités ont pu profiter de leur temps de jeu dans l'antichambre de l'élite pour se révéler. A l'image d'un Mika Godts qui ne comptabilise pas encore la moindre minute en équipe première de Genk mais qui à réussi à crever l'écran (7 buts et 1 assist en 18 rencontres) au sein d'une équipe U23 pourtant à la peine (avant-dernière au classement). Le premier mercato vécu par les clubs cette D1B nouvelle version permet déjà d'en mesurer les effets.
Pour ces jeunes encore en pleine post-formation et aux organismes encore en plein développement, la possibilité de se confronter tôt à des adultes change beaucoup de choses. Auparavant opposés à des joueurs de leur âge dans les championnats espoirs, ils apprennent beaucoup de ces premières apparitions dans le football professionnel, face à des équipes qui les attendent le couteau entre les dents. Pour les recruteurs internationaux, ces rencontres sont un bon indicateur du développement de leur cible : sans pouvoir y lire la suite de la trajectoire d'un jeune joueur, elles permettent de réduire la part de pari qui réside dans ces transferts précoces en observant les réactions du joueur dans sa transition parfois compliquée entre le football en équipe d'âge et le monde professionnel.
Ainsi, deux semaines à peine après son arrivée en provenance de l'équipe U23 du Club de Bruges, Arne Engels a effectué ses grands débuts en Bundesliga avec Augsbourg. Le milieu de terrain de 19 ans vient d'enchaîner deux matchs complets à Dortmund et face au Borussia Mönchengladbach, s'offrant même le luxe de délivrer un assist au Signal Iduna Park. Pour lui aussi, le choc du changement a été amorti par ses 15 matchs disputés par le Club NXT, deux saisons après avoir déjà figuré parmi les pionniers de l'expérience des U23 en deuxième division.
La réforme de la D1B a donc offert une vitrine aux espoirs belges. La Pro League ne manquera pas de s'en réjouir mais cela s'accompagne pourtant d'un effet pervers. La précocité des départs des éléments les plus prometteurs du championnat devrait en effet encore s'accélérer. Dans certains cas, y compris parmi les exemples cités, les supporters des clubs concernés n'auront même plus l'occasion d'admirer un jeune du cru en équipe fanion.
Les transferts des derniers jours laissent également appraître un manque à gagner. Si le départ de Julian Duranville pourrait à nouveau s'ériger en exception grâce à la potentielle dizaine de millions rapportés à Anderlecht, un joueur appelé à devenir un taulier du Club de Bruges comme Noah Mbamba n'aura rapporté que 100 000 euros à son club formateur. En fin de contrat dans six mois comme l'était Mbamba, Mika Godts devrait lui aussi partir pour un montant dérisoire, sans jamais avoir fait profiter l'équipe première de son talent.
La vitrine qu'est D1B et cet intérêt renforcé de l'étranger offrent à ces jeunes ambitieux des arguments de poids dans la négociation de leurs premiers contrats professionnels. De quoi compliquer les rapports avec leur club. Ces dernières années, les équipes qui sortaient beaucoup de jeunes talentueux de leur académie ont appris à se montrer très fermes face aux diverses revendications pour ne pas envoyer de mauvais messages aux autres joueurs de la formation.
Mais à l'heure où les finances des clubs sont plus que jamais fragiles, cette nouvelle manne de rentrées potentielles pourrait contenter tout le monde, y compris les candidats recruteurs, de plus en plus décidés à économiser quelques millions en allant cherhcher le vivier à sa source. Si les conséquences induites par la réforme de la D1B sont déjà visibles après six mois, celles de ces départs précoces sur les carrières de nos espoirs se mesureront sans doute dans plusieurs années.
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