Ne dites pas Steaua : Anderlecht affronte le FCSB ! "Mais cela reste un club populaire"
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La confusion reste fréquente, mais le FCSB qu'affronte le Sporting d'Anderlecht ce soir n'est pas le Steaua Bucarest, au sens légal du terme. Une drôle d'histoire que nous vous expliquons, aidés par des connaisseurs.
Ah, les affiches de légende entre le Steaua Bucarest et le RSC Anderlecht ! Ces demi-finales de 1986, lorsque Ladislau - Lazlö - Bölöni était encore plus connu pour son élégance sur les terrains que pour son pragmatisme en tant qu'entraîneur. Une époque glorieuse pour le Sporting, et pour le Steaua. Mais une époque à laquelle il n'est en réalité pas exact de faire référence : ce FCSB là n'est pas - plus - le Steaua d'antan.
Une sombre dispute légale
La racine du mal, c'est George Becali, mieux connu sous son nom de Gigi. C'est lui qui, à la fin des années 90 et dans le sillage du ravalement de façade généralisé que connaît la Roumanie après la chute du communisme, reprend le club. D'abord avec l'aide d'autres actionnaires puis, à partir de 2003, en tant que seul maître à bord. Becali est un sacré personnage en Roumanie. Issu d'une famille de bergers, l'homme a fait fortune à la chute du communisme en rachetant des terrains ensuite revendus à prix d'or suite à la hausse de l'immobilier.
Parmi ses clients, l'armée roumaine, qui gardera visiblement une dent contre lui. Historiquement, le Steaua, auparavant appelé CSA Steaua (Clubul Sportiv al Armatei, club sportif de l'armée) était en effet lié à la Défense roumaine. En 2011, le Ministère engage donc des poursuites à l'encontre de Gigi Becali, afin de devenir seul propriétaire de l'entité Steaua. Avec succès : en 2015, la sentence est proclamée. Le Steaua de Becali devient FCSB (certains ironisent sur un acronyme "Football Club Steaua Becali"), l'armée relance un Steaua Bucarest en D4 - il évolue actuellement en D2, et compte un noyau de supporters fidèles.
FCSB, Steaua, ni l'un ni l'autre...?
Le sujet est brûlant en Roumanie. À Londres, à quelques jours de West Ham - FCSB, des stickers "FCSB is not Steaua" ont même fleuri un peu partout au Stade Olympique. Une façon de rappeler que pour beaucoup, Gigi Becali n'est pas propriétaire du Steaua Bucarest mais ne représente que lui-même. Nous en discutons rapidement avec quelques locaux ; l'un estime que le Ministère de la Défense n'a agi de cette façon que par opportunisme, l'autre, ancien supporter du Steaua, estime que le club n'existe plus, en D1 comme en D2. Son frère, lui, est supporter du FCSB. Il fait partie des nombreux supporters à être restés.
"Le FCSB est toujours un club populaire, mais divisé. Certaines personnes, les plus jeunes notamment, mais aussi les nostalgiques des années 2000 ou la diaspora, ne s'embarrassent pas à tenter de comprendre les tenants et aboutissants de la dispute légale", nous explique Alexandre Lazar, journaliste pour So Foot et fondateur de la page Twitter Foot Roumain. "C'est dans la nature humaine d'aller dans le sens du vent, de faire le choix de la facilité. Si le CSA Steaua était dans la position du FCSB actuellement, la situation serait inversée".
Emanuel Rosu, journaliste roumain et notamment votant pour le Ballon d'Or en Roumanie, ajoute : "D'après les sondages, une majorité de supporters s'identifiant comme fans du Steaua soutient le FCSB...mais le club n'a pas le droit de s'appeler comme ça. C'est un moment difficile pour ce grand club car l'énorme fanbase du Steaua se retrouve divisée par ce combat entre Becali et l'Armée roumaine. Les gens normaux et décents, comme d'habitude, sont les victimes", regrette-t-il. "Et un grand nom du football européen se retrouve dans une situation très bizarre".
L'ambiance promet tout de même
Une chose est sûre cependant : ce soir, à l'Arena Națională de Bucarest, il y aura de l'ambiance. Moins qu'à un match de "l'autre" Steaua, cela dit. "Le show en tribunes si la Peluza Sud était là serait surréaliste. Mais l'ambiance sera chaude et hostile tout de même, la Peluza Nord s'est détournée du projet de l'armée et suit officiellement le FCSB depuis 2021", explique Lazar. "26.000 places étaient parties dès la mise en vente et on espère un stade plein à Bucarest. Cinq ans sans Coupe d'Europe pour le club, ça donne ça. Et les Roumains sont nés pour participer à ce genre de soirées, c'est dans leur ADN".
Car la Conference League, c'est aussi une occasion pour les clubs roumains de grappiller des points importants au coefficient UEFA. "C'est la compétition parfaite pour nous, pour injecter un peu de confiance en soi aux clubs roumains et retrouver ces nuits européennes qui nous ont tant manqué", conclut Emanuel Rosu. La soirée sera belle, donc. Reste à savoir si elle le sera pour Anderlecht...
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