Interview (Exclusif) Grégoire Martin : "Etre sélectionné par Mazzù avec Charleroi, c'était incroyable"
Suis Walfoot dès à présent sur WhatsApp !
Avant de signer à l'Arquet, Grégoire Martin (26 ans) a longtemps côtoyé le haut niveau du football belge, avec des passages à Charleroi et Visé. Malgré le fait qu'il ait décidé de descendre de palier, il assure ne rien regretter.
Il fut un temps où Grégoire Martin était cité comme l'un des plus grands espoirs du football namurois. Repéré par les sélections provinciales puis par l'UR Namur, il atterrit à Visé, qui évolue alors en Division 2. Il réalisera ensuite son rêve en signant pro au Sporting de Charleroi, à seulement 19 ans. Il décidera ensuite de naviguer dans les divisions inférieures, privilégiant ses études et son avenir professionnel, tout en continuant à, comme il le dit, vouloir "prendre du plaisir" sur les terrains. Après deux saisons à Solières, passé tout proche de la montée en Nationale 1, il a signé à l'Arquet, club namurois évoluant en première provinciale.
En nous racontant son parcours, commencé à Lustin à seulement 4 ans, il nous confie une première anecdote : "Quand j'ai commencé à jouer au foot, mon père n'aimait pas l'ambiance. Il me disait : 'Arrêtes le foot, t'as les deux jambes plantées dans la même fesse' (rires). Mais moi je lui ai dit que je voulais devenir joueur professionnel. Il m'a répondu : 'Si c'est vraiment ce dont tu as envie, je vais tout faire pour t'aider.' Ca m'a donné de la force pour la suite."
Walfoot : Quand tu es jeune et que tu veux monter les échelons, le rôle de l'entourage est extrêmement important ?
Grégoire Martin : "C'est clair que c'est super important, et ça a été super important pour moi. J'ai eu la chance de bénéficier d'une super éducation et d'avoir la tête sur les épaules. Quand je suis allé faire mon premier match avec Visé en équipe première, toute ma famille est venue jusqu'à Mouscron pour me supporter. Même chose avec Charleroi, quand j'ai été sélectionné pour aller à Bruges avec l'équipe première, tout le monde s'est débrouillé pour avoir une place et être dans le stade à Bruges. Je ne remercierai jamais assez mes parents par rapport à tout ce qu'ils ont fait pour moi. Par exemple, même si c'est plus même niveau aujourd'hui, mon père il est toujours derrière moi."
W. : Des débuts au haut niveau avec l'UR Namur, qui à l'époque était l'un des plus gros clubs de la région et qui venait dénicher tous ses plus grands talents. Comment c'était l'encadrement là-bas ?
G.M. : "Tous les joueurs qui transitaient par la sélection provinciale venaient faire des tests à Namur. Je suis arrivé là-bas parce que j'avais fait une série de tests avec l'ancien entraîneur. A Namur, t'arrives dans un club où t'as entraînement trois fois par semaine, plus un match. T'as pleins de déplacements en car, t'as des préparateurs physiques etc. C'est ça qui m'a mis dans le bain à l'époque et qui m'a permis d'avoir une certaine discipline."
W : Ensuite, tu arrives à Visé, en D2, une équipe avec beaucoup d'ambitions. Comment cela t'a aidé à progresser ?
G.M. : "Ce qui a été un tremplin, c'est de constamment baigner dans le football, J'avais entraînement 10 fois par semaine, plus un match ou deux, parce que je jouais parfois le vendredi avec le vendredi avec la réserve et le samedi avec les U19 parce que j'avais que 17 ans. Une fois, j'ai joué le vendredi avec la réserve, le samedi avec les U19 et le dimanche avec l'équipe première. Donc autant dire que le dimanche je suis rentré chez moi j'avais envie de dormir (rires). Donc oui, le tremplin, c'était de baigner dans les entraînements et d'être tout le temps dans cette ambiance-là."
"J'ai eu des entraîneurs avec un certain bagage (Terry Fenwick, ex-Portsmouth, Sunday Oliseh, ex-joueur de Genk, l'Ajax, Dortmund et de la Juventus et ancien coach du Nigéria, ndlr) qui ont déjà vu énormément de joueurs et qui ont des façons de penser parfois différentes de ce qu'on a l'habitude de voir. C'est clair que j'ai reçu des conseils qui ont fait du bien. Après c'est surtout sur le terrain, j'ai eu Mohamed Sarr (ex-Milan, Standard, Genk, Atalanta et Galatasaray, ndlr) qui m'a énormément conseillé, puis quand je suis arrivé à Charleroi il y avait Karel Geraerts et Felice Mazzù comme coach. Et puis tous les joueurs avec qui j'ai joué à Charleroi, comme Clément Taimont par exemple que j'apprécie énormément... Donc c'est surtout sur le terrain que tu reçois des conseils de joueurs qui ont beaucoup plus d'expérience."
W. : Tu arrives donc chez les U21 de Charleroi et en décembre 2015, Felice Mazzù t'offre ta première sélection avec l'équipe première pour un déplacement à Bruges. A ce moment-là, tu t'es dit que c'était un rêve de gosse, un accomplissement ?
G.M. : "C'était incroyable. Je baignais déjà dedans avec les matchs amicaux mais c'est vrai que quand tu vois que t'as ton nom sur la feuille d'un match de Jupiler League, tu te dis qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont eu cette chance-là. Ce jour-là, j'étais comme un gosse, je peux pas le cacher, ça c'est sûr."
"Je m'entraînais tous les jours avec les A. Le lundi, je jouais avec la réserve mais sinon oui je m'entraînais tous les jours avec eux. T'arrives au stade, tu déjeunes, puis tu vas t'entraîner, c'était mon métier quoi. Et c'était incroyable. J'ai joué contre l'équipe nationale du Luxembourg, j'ai joué contre OHL, j'ai eu plusieurs fois l'opportunité de jouer avec les A."
W. : Comment se comporte Felice Mazzù avec ses joueurs ? Est-ce que c'est le plus grand entraîneur que t'aies eu ?
G.M. : "Clairement, oui. Pour tout le respect que j'ai pour tous les autres entraîneurs que j'ai déjà eu, mais c'est pas comparable. Par rapport à sa façon de pouvoir écouter les joueurs, il est vraiment dans le groupe, avec sa façon de parler, sa façon de penser, de voir les choses. J'ai adoré travailler avec lui. Même si on était jeunes, il venait parler avec nous. Quand j'ai été sélectionné pour aller avec les A à Bruges, il est aussi venu me parler. Je me souviens qu'une fois il m'avait fait jouer défenseur central alors que j'avais joué avant comme milieu offensif puis défensif. Quand on etait allés à OHL en amical, il m'a fait rentrer flanc droit et puis il est venu me parler à la fin du match en me disant 'Tu vois, même en flanc droit tu sais jouer !'. Je m'en souviendrais toute ma vie, de sa façon de parler aux joueurs."
W. : Il va réussir à le faire, ça, à Anderlecht ? Parler aux jeunes et construire quelque chose avec son groupe ?
G.M. : "Pour moi Monsieur Mazzù a clairement les capacités pour faire quelque chose de bien à Anderlecht. En tout cas, je lui souhaite, parce qu'il est tellement motivé et impliqué dans son métier. Quand tu le vois après un match saluer les supporters, je trouve que c'est un monsieur qui a la classe."
W. : Au final, Charleroi te fait signer un contrat pro mais ne le renouvelle pas par après. Tu as eu des opportunités à ce moment-là, mais tu as privilégié les études.
G.M. : "J'avais des opportunités en D2, en Flandre. J'ai parlé avec des agents pour pouvoir me placer à l'étranger. Mais bon, au niveau des salaires...parce que bon, il faut parler de ça à un moment donné. J'allais aller là-bas sans bagage universitaire ni quoi que ce soit. A 20 ans, t'es déjà en retard de deux ans par rapport à tout le monde, parce que j'avais rien fait moi, j'étais juste full foot. Et à un moment donné, faut se dire que le foot ça dure jusqu'à 35 ans, et si à 20 ans t'as pas un club qui vient te chercher et te proposer quelque chose...Donc j'ai fait le choix de descendre de division, de continuer en Nationale, pour pouvoir faire des études. J'ai fait des études un an, puis j'ai commencé à travailler. Au final, c'est sûr que j'adore le foot, mais je pense que je prefère ma vie de maintenant avec mon boulot et le foot le soir. Ce serait à refaire, je le referais."
W. : Est-ce que tu as été un peu dégoûté du foot ?
G.M. : "Oui, parce qu'on m'a fait signer un contrat pro avec un an d'option puis Charleroi ne m'a même pas dit qu'ils ne me prolongeaient pas. J'ai appris via mon agent que le club ne m'avait pas prolongé, ils ne m'ont rien dit directement. A un moment donné, tu ouvres les yeux et tu te dis que c'est parfois du pur financier."
W. : Récemment, tu as failli monter en Nationale 1 avec Solières.
G.M. : "On a joué le top 3 pendant toute le saison, on a fait un super premier tour, on finit deuxièmes à la trêve. Puis on a senti qu'on avait fort travaillé pendant le premier tour et on a eu un petit down. Le problème c'est que Solières n'avait pas la licence pour monter en Nationale."
W. : Tu as récemment signé à l'Arquet, en première provinciale. Le retour au vrai foot ?
G.M. : "Tous les foots sont le vrai foot. Le foot dans le jardin, c'est le plus important. J'ai jamais été aussi heureux avec un ballon que dans mon jardin, et il faut que je puisse retrouver ce plaisir de jouer sur un terrain comme je peux jouer dans mon jardin. Tout le monde s'est demandé pourquoi je redescendais de niveau, mais à un moment donné j'ai un travail etc, je dois jouer 3 à 4 fois par semaine plus le match, à un moment donné j'ai eu l'impression que c'était une routine qui n'en finissait plus. J'avais l'impression que j'y prenais plus de plaisir. Et l'Arquet, c'est parce qu'on est un groupe de 8-9 copains qui jouent là-bas."
W. : Quel est le meilleur joueur avec lequel tu as joué ?
G.M. : "Au niveau technique, Neeskens Kebano c'était très fort. Clément Tainmont, et je ne le dirais jamais assez, mais il m'a impressionné par sa rigueur et sa discipline. Sebastien Dewaest, par rapport à son physique (rires). J'ai joué contre Van Buyten ou Mbo Mpenza, Leon Bailey ou Timothy Castagne, que j'ai rencontré au Foot Elite et qui m'a toujours impressionné au niveau de son hygiène de vie."
Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot