Edito Et d'un coup, Anderlecht redevient "l'ennemi public"...
Décidément, il se passe toujours quelque chose dans le football belge. Après une belle saison des clubs bruxellois, qui ont terminé aux deuxième et troisième place du championnat, voilà que tout est chamboulé et que les relations ne seront plus fraternelles de sitôt.
Fut un temps où le RSC Anderlecht était non seulement le plus grand club du pays, mais se comportait également comme tel. Avant que le Club de Bruges se veuille "Bayern Munich de Belgique", c'est bien le RSCA qui enchaînait les titres, allait chercher les entraîneurs les plus en vue, transférait les meilleurs joueurs du championnat. Club le plus titré du pays, Anderlecht avait l'attitude qui allait avec ce statut : sérénité, assurance mais aussi une forme d'arrogance que partagent généralement tous les géants nationaux.
Depuis quelques années, le géant mange son pain noir. Plus un seul trophée depuis 2017. Une instabilité au sommet de la hiérarchie qui a fini par prêter à rire. Un changement de direction accompagné d'erreurs de castings monumentales, sur le terrain et en dehors. Un fond de jeu en perdition. Jusqu'au naming du stade, devenu "Lotto Park", donnait l'impression qu'Anderlecht n'était plus Anderlecht.
Kompany, une parenthèse nécessaire
Puis est arrivé Vincent Kompany. Alors qu'en ce moment-même, la série Obi-Wan Kenobi cartonne sur Disney +, autant dire que le retour de "Vince the Prince" à la maison avait des allures de Retour du Jedi. Il s'accompagnait d'un changement de discours : "Trust the Process", "In Youth we Trust", tous ces slogans qui ont longtemps fait ricaner. L'idée était surtout de ramener l'identité anderlechtoise à la maison. Kompany, par son charisme naturel mais aussi une forme de "classe", incarnait cette identité. Il n'aura pas réussi en tout, mais une chose est sûre : avec Vincent Kompany à la barre, le RSCA avait un ambassadeur idéal.
On ose le dire : même les supporters adverses respectaient Kompany. Parce que lui respectait tout le monde, du moins la plupart du temps. A-t-il fait des erreurs de communication ? Certainement. A-t-il déçu sa direction ? Pour sûr, ou il serait encore en poste aujourd'hui. Le slogan "In youth we trust" n'aura pas toujours été scrupuleusement respecté, mais Neerpede est bel et bien revenu au centre du projet Mauve. Bref : l'image du RSCA a changé. Et avec une belle troisième place, les résultats aussi étaient en hausse.
Place aux résultats
Mais manquait une chose : l'arrogance. La certitude que le RSCA est meilleur que le reste des clubs du pays. On s'en doute, les quatre défaites face au rival unioniste ont piqué la direction au vif, ont piqué le public au vif. Le discours de Vincent Kompany aussi. Car le coach ne se cachait pas : "L'Union nous a été supérieure à chaque fois". Pire : Kompany estimait qu'avec les moyens à sa disposition, il ne pouvait pas faire mieux. Anderlecht, pourtant, ne peut pas se permettre de ne pas faire mieux.
En se séparant de Vincent Kompany et en allant chercher Felice Mazzù au nez et à la barbe de l'Union Saint-Gilloise, le RSC Anderlecht a brisé ce qui semblait être un pacte de non-agression. Les relations entre les deux clubs de Bruxelles semblaient au beau fixe. Certes, le "voisin sympathique" qu'était l'USG lors de sa montée s'était mué en vrai rival. Mais tout le monde aime l'Union. Aucun club dans l'histoire récente du football belge ne s'est attiré une telle vague de sympathie. Anderlecht n'en a eu cure. Anderlecht a été pragmatique. En ciblant le sympathique promu, le club le plus titré du pays renoue avec sa vieille habitude : aller chercher ce qui se fait de mieux en Belgique. Prouver qu'il est au-dessus du reste, et que même si le voisin du Parc Duden jouera les préliminaires de la C1, c'est bien le Parc Astrid qui attire. Sur le plan sportif ? Bien malin qui peut dire ce que cela donnera. Sur le plan symbolique ? Le RSC Anderlecht a décidé de renouer avec l'un de ses statuts historiques. Désormais, c'est L'Empire Contre-Attaque...
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