Villarreal, l'épopée folle

Villarreal, l'épopée folle

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Sortie par Liverpool en demi-finale de la Ligue des Champions, l'équipe d'Unai Emery nous a offert un parcours historique.

C'est l'histoire d'une ville de 50.000 habitants qui a vécu l'une des épopées les plus spectaculaires de l'Histoire du football moderne. Villarreal, alors relégué en D2 espagnole il y a 10 ans, a réussi à égaler son exploit de la saison 2005-2006. En se sortant d'un groupe composé de Manchester United, les Young Boys de Berne et l'Atalanta Bergame, le Sous-marin jaune a ensuite déjoué tous les pronostics en se jouant de la Juventus, puis du Bayern Munich. Faisant frémir Liverpool lors du match retour dans un Estadio de la Ceramica en fusion (2-0 à l'issue de la première mi-temps), les hommes d'Unai Emery nous ont rappelé que le football, le vrai, loin - toutes proportions gardées - de ses sommes de transferts et de salaires astonomiques pouvait encore exister. 

Un collectif hétérogène

5e de la dernière saison de Liga, Villarreal réalise un mercato estival 2020 ambitieux mais intelligent : Francis Coquelin accompagne Emery ;  Pervis Estupinian arrive de Watford après une saison très convaincante en prêt à Osasuna ; Geronimo Rulli arrive de la Sociedad après un prêt à Montpellier ; le bon coup Dani Parejo est cédé par un Valence en difficulté financière. Enfin, la pépite Yeremi Pino arrive lui du centre de formation. 

De quoi construire une équipe solide, compétitive, pour seulement 34,5 millions d'euros. Arrivera en hiver Etienne Capoue, de Watford, pour seulement 2 millions d'euros. 

Viennent ensuite l'ex-Brugeois et sensation cette saison - avec 6 buts en Ligue des Champions - Arnaut Danjuma, le repenti Serge Aurier, le Rémois Boulaye Dia, et Lo Celso en prêt de Tottenham, tandis que Juan Foyth est cédé définitivement des Spurs

Chose rare, surtout sur  deux saisons : tous les noms précités sont des réussites. La charnière centrale, composée de Pau Torres - suivi par les deux Manchester - et Raul Albiol est le mix parfait entre l'expérience et la fougue de la jeunesse. Sans leur buteur maison Gerard Moreno, en proie à des blessures cette saison, les Groguets n'ont pourtant jamais réfréné leurs intentions offensives, quoi qu'en disent certains journalistes anglais qui considéraient après la défaite en demi-finales aller (2-0 à Liverpool) que cette équipe était une "honte" pour la Ligue des Champions. 

L'oeuvre d'un homme 

Sorti par la petite porte du PSG puis d'Arsenal, Unai Emery est arrivé sur la pointe des pieds il y a deux ans à Villarreal. Si Arsène Wenger disait récemment au micro de BeinSport qu'Arsenal n'avait pas donné "assez de temps" au tacticien espagnol, il ne va pas lui en falloir beaucoup pour apposer sa griffe à Villarreal.

Si la saison dernière n'est pas à la hauteur en Liga, Emery va exceller dans la compétition qu'il connait le mieux et qu'il a remporté trois fois de suite avec le FC Séville : l'Europa League. Tombeur de Salzbourg, Villarreal se défait du Dinamo Kiev puis du Dinamo Zagreb. Arrive ensuite Arsenal, avec qui Emery a un oeuf à peler. Dès la 5e minute, Manu Trigueros profite des largesses défensives des Gunners. Le vétéran Raul Albiol double la mise ensuite avant la demi-heure. Emery donne une leçon à son successeur et compatriote Mikel Arteta. Arsenal n'arrive pas à revenir dans le match (2-1), puis se heurte à une solide défense au retour (0-0). L'air de rien, Villarreal est en finale d'Europa League. Et a pris sa revanche sur Arsenal, qui l'avait éliminé en 2006 en demi-finales de la Ligue des Champions. 

Au stade Energa de Gdansk, Gerard Moreno ouvre le score face à Manchester United. Cavani égalise à ensuite. Manchester United n'arrive pas à prendre l'ascendant, tant l'équipe en face est solidement en place. Dans une séance de penaltys à la tension palpable, David De Gea voit son pénalty détourné par Rulli. Villarreal exulte : ils viennent de remporter le premier titre majeur de leur Histoire. 

Au fur et à mesure de l'aventure de Villarreal cette saison en Ligue des Champions, les louanges tombent sur Emery. L'entraîneur change de dimension, ceux qui avant le critiquaient et considéraient qu'il n'était capable "que" de faire des résultats en Europa League - il faut dire que la Remontada face au Barça ne l'a pas aidé auprès du grand public - sont témoins de la réussite de ses plans tactiques, marqués par une adaptation au jeu de l'adversaire. 

"Il est capable de transmettre cette passion pour chaque minute et chaque action d'un match durant cette courte période de temps. Parfois, on a même l'impression que l'équipe se transforme. Elle devient un prédateur pour l'adversaire", commentait son ancien analyste vidéo à Séville Guillermo Abascal dans un entretien pour So Foot. "Avant un match européen, Unai transmet sa charge émotionnelle et sa façon de vivre le football à ses joueurs." Des capacités de fédérateur, de meneur d'hommes, qui ont survolté les siens face au Bayern. Au final, c'est bien Liverpool qui a failli faire une énorme erreur en "laissant en vie" Villarreal dans ces demis, n'est - ce pas monsieur Nagelsmann

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