Et tout à coup, les vieux démons italiens ressurgissent...

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Les lendemains sont très durs en Italie...

Consternation, désillusion, surprise, surréalisme, déception... Les mots ne manquent pas pour définir l'élimination de l'Italie hier, mais pourtant les Italiens sont sans voix et n'en reviennent pas : la modeste Macédoine du Nord a sorti la Squadra, sur ses terres, avec un but dans les arrêts de jeu.

Alors que la précédente était dorée, cette nouvelle page de l'histoire du football italien écrite par les hommes de Roberto Mancini est sombre, comme si les vieux démons et le traumatisme de l'élimination en 2017 avaient ostensiblement et de manière incompréhensible refait surface. 

Cette élimination, au vu du contexte, est peut-être pire. Après la déroute face à la Suède, Gian Piero Ventura est remplacé par Roberto Mancini. Et là, l'ancien tacticien de l'Inter et de Manchester City va directement faire revivre une équipe malade qui vient d'échouer à se qualifier pour le Mondial pour la première fois depuis 60 ans. La Squadra Azzura réalise en effet un 30 sur 30 dans les éliminatoires pour l'Euro et inscrit 37 buts pour seulement 4 encaissés. Mancini prend son temps pour trouver les bons joueurs, les bons automatismes. Se succèdent pas moins de 63 joueurs dont 32 novices, dont des noms totalement inconnus (Vincenzo Grifo, de Fribourg, par exemple). Le renouveau est en marche. 

Un retour express au sommet

Débarquant à l'Euro avec un statut un peu "hybride", mi-favori, mi-outsider, la Nazionale détruit la Turquie (0-3), la Suisse (0-3), puis se remet au jeune Pessina de l'Atalanta pour faire le 9 sur 9 face à la Suisse (1-0). 

Malmenée face à l'Autriche, c'est à nouveau Pessina, et Chiesa, qui sauvent des Azzurri qui disposent ensuite de nos Diables Rouges dans une victoire somme toute solide et méritée (1-2). Vient ensuite l'Espagne, avec un Chiesa absolument monstrueux, et cette victoire en finale avec ce but de Bonucci qui sonne comme un symbole. 

Le symbole d'une équipe retrouvée, qui fait le mix parfait entre la jeunesse et l'expérience, entre la sagesse et la fougue. L'Italie est championne d'Europe et personne ne doute de sa participation au prochain Mondial tant elle semble avoir retrouvé son prestige d'antan. D'équipe en déclin total, elle repasse au statut de grande nation du football mondial, avec un record d'invincibilité en prime. 

Ce(s) fameux penalty(s) de Jorginho

Alors qu'elle avait entamé sa campagne de qualification pour la Coupe du monde avant l'Euro, avec un 9 sur 9, la Squadra déchante et aligne deux nuls d'affilée face à la Bulgarie puis face à la Suisse. Une victoire plus tard face à la Lituanie, et c'est déjà le match au sommet face à la Nati qui attend les hommes de Mancini. Alors que le score est de 1-1 et que nous sommes dans les arrêts de jeu du match, Jorginho hérite d'un penalty. Considéré comme un spécialiste de l'exercice, voire comme le meilleur tireur du monde actuel, le joueur de Chelsea s'élance...et envoie le cuir au-dessus, comme lors du match aller...

Ensuite, c'est la débandade totale. 0-0 face à l'Irlande du Nord, et voilà la Squadra versée dans les barrages de la Coupe du monde, avec la suite tragique que l'on connait. 

Une défaillance collective...prévisible

C'était LA qualité première de cette Italie lors de son entrée en lice à l'Euro et à l'issue de sa victoire finale : pas de stars, juste un collectif rodé et solidaire. Si cela a fait sa force, cela a au final fait sa faiblesse. Car, déjà à l'Euro, les Italiens ont dû se reposer sur les exploits individuels de Chiesa et de Pessina, les courses effrénées de Spinazzola, les arrêts déterminants de Donnarumma,... Au final, si l'ADN de l'équipe était la cohérence collective et un jeu plus porté vers l'avant que de tradition, l'on a l'impression que cela s'est perdu au fil des matchs de qualification. Sans star capable de créer la différence (Chiesa en est pourtant indéniablement une, Barella aussi, Immobile n'y arrive plus trop avec la Nazionale,...), l'Italie n'a marqué que 13 buts sur ses éliminatoires et a surtout énormément manqué hier, avec un Berardi maladroit comme jamais. 

L'avenir pose question

Si l'avenir au niveau de l'effectif peut toujours laisser entrevoir quelques belles choses (avec notamment Raspadori et Scamacca de Sassuolo), le choix de maintenir Roberto Mancini se révèlera décisif. Tout s'agit de savoir si cette désillusion historique - il s'agit seulement de la quatrième non-participation de la Squadra à un Mondial, la dernière grande nation à avoir loupé cette compétition était la France, en 1990 et en 1994 - sera vue comme un simple faux-pas dans la reconstruction de l'identité d'une sélection qui a encore besoin de stabilité, ou si le prestige et l'émotion prendront le dessus et exigeront malgré la victoire à l'Euro à nouveau un changement radical. 

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