Interview Entretien avec Jordy Soladio et son frère David : "Quand Jordy est en confiance, il est inarrêtable"

Entretien avec Jordy Soladio et son frère David : "Quand Jordy est en confiance, il est inarrêtable"
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Jordy Soladio entame l'année 2022 avec le statut de meilleur buteur du Luxembourg, après des galères et notamment une rupture des ligaments. L'ancien de Malines carbure à du 2 buts par match ces dernières semaines, et ne compte pas s'arrêter là.

La semaine passée, nous vous présentions le parcours de Jordy Soladio (23 ans), attaquant belge du Victoria Rosport et actuellement en tête du classement des buteurs au Luxembourg (lire ici). Accompagné de son frère David, qui a retrouvé la Belgique et le Tempo Overijse l'été dernier après avoir rejoint Rosport lui aussi, Jordy nous a accordé une interview en ce début d'année 2022. 

Bonjour Jordy, bonjour David. Jordy, peux-tu revenir pour nous sur ta signature au Luxembourg à l'époque depuis Dessel Sport ?

Jordy : C'était une belle occasion de passer professionnel, et le projet du Titus Pétange m'avait parlé. En termes de niveau de jeu, ça dépend des clubs mais on se situe environ entre la D1B et le haut du classement en D1 Amateurs/Nationale 1. C'est très physique ici ! La D1 luxembourgeoise est aussi une belle vitrine, et je cotoyais beaucoup de Belges à Pétange, ça m'a aidé. 

Tu as ensuite été prêté au Victoria Rosport pour te relancer, après une première saison écourtée par le Covid, et tu y arrives en même temps que David. 

David : C'était un arrangement trouvé à l'époque car Jordy ne se sentait pas de vivre si loin de la famille. Rosport, c'est de l'autre côté du Luxembourg, alors que Pétange est juste à la frontière. On entendait aussi parler de racisme de ce côté-là, mais je dois dire que jusqu'ici, rien à signaler. C'était plutôt une idée préconçue. 

Jordy : À Pétange, j'étais dans un logement avec d'autres joueurs belges, c'était plus facile. Ici, la présence de mon frère m'a beaucoup aidé. 

Le frère de Jordy, David Soladio (crédit : Albert Photos)

L'un des deux frères est donc plus aventurier que l'autre, car il me semble que David a joué à Chypre très jeune ! 

Jordy : Ouais, l'aventurier c'est lui, très clairement (rires). Je suis très famille. 

David : J'avais quitté le White Star, époque John Bico, pour aller jouer à Chypre. Puis j'ai rejoint l'Espagne et de là, j'ai signé au Victoria Rosport. Malheureusement, pour moi, ça s'est moins bien passé que pour Jordy puisque je n'ai pas joué. Le coach, Marc Thomé, ne m'a pas vraiment laissé le temps de m'acclimater. Peut-être qu'il n'était pas convaincu de mes qualités, mais je méritais au moins une chance de prouver ce dont j'étais capable ...

Jordy : On a été en parler avec le coach à un moment de la saison, il a donné ses explications et il fallait l'accepter. 

De ton côté, Jordy, ça se passait très bien, avec trois buts dès tes trois premiers matchs de championnat pour le Victoria. Puis, la poisse : tu te blesses aux ligaments ... 

Jordy : Oui, c'était vraiment dur. Avec le Covid-19 l'année précédente, franchement, ça faisait beaucoup. Quand on y pense, je n'ai pas eu l'occasion de disputer une seule saison complète dans ma carrière. Mais voilà, il a fallu accepter. Mon frère était avec moi, ça m'a aidé. Et c'est suite à cette situation qu'on a décidé de prolonger le prêt d'une saison, afin de bien prendre le temps en restant au Victoria, où ça se passait en effet très bien jusque là (8 matchs, 6 buts au total sur sa première saison, nda). Là, je suis revenu énervé (rire). 

David, tu as quitté Rosport l'été dernier. Jordy, tu te retrouves donc seul pour la première fois. 

David : J'ai signé au Tempo Overijse, mais je n'étais pas prêt à jouer. Je n'avais aucun rythme. Là, je suis prêt à jouer à la reprise. Mon rêve est toujours de jouer un jour sous le même maillot que mon frère ! J'espère aussi aider Jordy à gérer sa carrière à l'avenir. Je suis également préparateur physique et durant sa blessure, Jordy est venu travailler avec moi

Jordy : David m'a aidé pendant cette période mais maintenant, je suis seul, oui. Il fallait bien se lancer. J'étais prêt. 

Ton retour s'est passé sans problème après cette grave blessure ? 

Jordy : Au début, j'avais des petites douleurs au pied. Moi et mon frère avons décidé d'aller voir un médecin, durant l'une des trêves internationales. Il m'a bien aidé, la douleur a complètement disparu et à partir de ce moment, c'était parti. J'avais tout en main, la confiance est revenue au fur et à mesure. 

Tu t'es mis à empiler les buts, mais j'imagine que tu es conscient que tu ne tiendras pas une moyenne de deux buts par match jusqu'à la fin du championnat (rires).

Jordy : Bien sûr, je sais qu'il y aura aussi des bas ! Mais on est préparé à ça. Je saurai le gérer. 

David : Jordy est quelqu'un de très humble, donc je vais le dire moi-même : quand il est en forme et bien dans sa tête, personne ne peut l'arrêter. Quand il se met à douter, c'est plus compliqué, c'est dans la tête. Mais une fois en confiance, c'est terminé, les défenseurs ne savent plus suivre ! 

Jordy : Si je commence à m'envoler maintenant, les problèmes seront inévitables. Dans ma tête, après la trêve, ce sera comme si mon compteur buts était remis à zéro. Je repartirai de plus belle. 

Même si ce n'est "que" la ligue luxembourgeoise, de telles performances ont dû attirer les regards quand même. 

Jordy : Oui, c'est sûr. Tous les clubs du Luxembourg, déjà, ont contacté mon agent et mon frère. Il y a eu des contacts en Belgique, en National (D3 française, nda), en Ligue 2 également. Mais c'est trop tôt. Ces clubs, s'ils sont réellement intéressés et que je garde mon niveau, ils seront encore là l'été prochain. Le Titus Pétange, de son côté, a également essayé de me convaincre de prolonger, mais c'est un peu trop tard. La direction précédente a un peu fait n'importe quoi sur le plan sportif et ils en paient les pots cassés désormais ...

Quel championnat aurait tes faveurs ? 

Jordy : J'ai ma famille en Belgique, j'aimerais donc vraiment y jouer au niveau professionnel. C'est ma priorité, si je devais en avoir une. La D1B ou la D1A, ce serait vraiment parfait à mes yeux. Mais je laisse mon frère et mon agent s'occuper de tout ça et je reste focalisé sur mon travail. 

David : On espère aussi qu'avec ses performances actuelles, Jordy finira par attirer les regards de la sélection nationale du Congo. Évidemment, ça passera par la confirmation de ses prestations cette année, chaque chose en son temps. Mais il est prêt pour ça. 

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