Sven Vandenbroeck, le succès au Maroc après la CAN aux côtés d'Hugo Broos : "Je vis une expérience formidable en Afrique"

Sven Vandenbroeck, le succès au Maroc après la CAN aux côtés d'Hugo Broos : "Je vis une expérience formidable en Afrique"

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En 2017, Sven Vandenbroeck remportait la CAN aux côtés d'Hugo Broos. Depuis, le jeune coach de 41 ans a multiplié les expériences couronnées de succès, et dirige désormais le FAR Rabat, au Maroc. Entretien avec un entraîneur qui représente au mieux la Belgique sur le continent africain.

En 2016, Sven Vandenbroeck reçoit une proposition inattendue : celle de devenir l'entraîneur adjoint d'Hugo Broos en équipe nationale ... du Cameroun. Il a alors 37 ans et ne s'imaginait pas entamer une carrière de coach sur le continent africain. "Je me voyais coacher à l'étranger, mais l'Afrique ne me serait pas venue à l'esprit à l'époque. C'était une opportunité intéressante, j'ai donc accepté", nous raconte-t-il depuis le Maroc, où il est actuellement entraîneur du FAR Rabat depuis janvier dernier.

Et ce choix sera couronné de succès, puisqu'aux côtés de Broos, il remportera la CAN en 2017. "Je pense que les gens ne réalisent pas l'importance d'une telle victoire. C'est comme gagner l'Euro. Bien sûr, je ne comparerai pas ça au niveau du top européen, mais les pays qui jouent la CAN sont souvent qualifiés pour la Coupe du Monde", pointe Vandenbroeck. "Hugo Broos n'a pas reçu assez de crédit pour ce trophée, que nous avons été les premiers belges à remporter". 

Inévitablement, une telle victoire ouvre des portes, et Vandenbroeck se voit proposer un poste : celui de sélectionneur de la Zambie. À même pas 40 ans, devenir entraîneur fédéral n'est cependant pas son objectif. "Je me voyais trop jeune pour ce rôle, où on ne dispute que 5 ou 6 matchs par an. J'ai encore besoin de sentir le terrain au quotidien", reconnaît-il. "Mais quand vous remportez un trophée international avec une sélection, ce sont naturellement des sélections qui pensent spontanément à vous. Je ne regrette d'ailleurs pas cette expérience, même si j'ai débuté dans des conditions compliquées".

La Zambie, une drôle d'expérience 

La Zambie n'était en effet pas des plus florissantes à son arrivée aux manettes. "La campagne qualificative avait commencé sur un 0/6. Et la FIFA avait bloqué les comptes en banque de la fédération, ce qui limitait nos voyages et rendait notre travail très compliqué", se souvient Sven Vandenbroeck. "J'y ai cependant appris beaucoup de choses, découvert quelques joueurs que j'ai ensuite emmenés dans mon club suivant, Simba. Chaque mardi, j'invitais des joueurs à participer à des séances d'entraînement sur des terrains d'une meilleure qualité que dans leur club. Ca permettait d'aider à leur développement. Et au final, il ne nous a manqué que deux points pour se qualifier pour la CAN". 

Quand l'opportunité se présente de rejoindre Simba SC, en Tanzanie, Vandenbroeck n'hésite pas. Il y succède à Patrick Aussems, un autre entraîneur belge, qui nous a déjà décrit la folie de l'ambiance tanzanienne. "Je peux le confirmer. C'est inimaginable. Nous avons joué dans des stades de 60.000 personnes et s'il y avait plus de place, il y aurait eu plus de gens. C'est la folie dans les rues les jours de derby", raconte l'ancien entraîneur de Simba. Et les conditions de travail étaient incomparables : "Bien meilleures qu'en Zambie, et même qu'au Cameroun ! On disposait de tout un compound avec des appartements pour les joueurs, de terrains synthétiques, et notre stade était celui de la sélection nationale". À titre de comparaison, l'ancien adjoint de Broos nous raconte une anecdote. 

"Au Cameroun, un stade a été construit dans la partie anglophone du pays. C'était un chantier un peu politique. Nous devions l'inaugurer avec la sélection, mais le jour du match, le stade était tout sauf prêt : pas de vestiaires, pas de douches", se souvient Vandenbroeck. "Ils avaient vendu 15.000 tickets et les gens étaient au moins 30.000 ! Ils étaient partout, sur les tableaux d'affichage, debout dans les tribunes ...". 

Le Maroc, un choix sportif et familial

Autant dire qu'entraîner en Afrique n'est pas une partie de plaisir toutes les semaines, et constitue une expérience que peu de coachs seraient prêts à tenter. "Je ne le regrette absolument pas. Tout d'abord pour mon développement personnel : j'ai beaucoup appris en tant que personne. Alors qu'avant, je voyais les choses en noir et blanc, je comprends maintenant qu'il y a aussi du gris. Je suis devenu moins fermé et exigeant", reconnaît Sven Vandenbroeck. "Et sur le plan sportif, j'ai pu remporter une compétition continentale et ensuite qualifier Simba pour la Ligue des Champions, c'est historique. J'ai aussi découvert des ambiances inimaginables en Europe à moins d'entraîner au top absolu". 

Aujourd'hui au FAR Rabat, Sven Vandenbroeck s'est rapproché sportivement et géographiquement de l'Europe. "Les infrastructures sont encore un cran au-dessus ici, notamment les pelouses, qui sont globalement très bonnes dans le pays. À Simba, notre terrain était bon, mais en déplacement, c'était une autre histoire", souligne-t-il. "Ici, c'est plus facile de développer chaque semaine notre football". Et Rabat en profite pour jouer la tête du classement, grâce à la patte de son coach belge. "Voilà 12 ans que le club, qui est l'un des plus grands du Maroc, n'a pas remporté de titre. Quand je suis arrivé, nous étions avant-derniers. Là, nous sommes troisièmes, et qualifiés pour la finale de la Coupe", se réjouit notre interlocuteur. 

Un retour en Belgique ? Oui, mais ...

La vie familiale est l'une des autres raisons principales du passage de Dar es-Salam à Rabat : vivre en Afrique subsaharienne n'est pas facile tous les jours. "Je suis marié et j'ai une petite fille. Les visites étaient compliquées en Zambie et en Tanzanie, c'était souvent de longues heures de vol, avec escale", confesse Vandenbroeck. "Le Maroc n'est qu'à quelques heures, c'est culturellement plus proche également. Ce n'est pas fort différent de jouer en Espagne en termes de déplacements". 

Autant dire qu'un retour en Belgique n'est pas forcément au programme. "(il hésite) Il y a deux façons de le voir. Bien sûr, en tant que coach et compétiteur, à mon âge, j'ai l'ambition d'aller en Europe. Pas forcément en Belgique, d'ailleurs", reconnaît Vandenbroeck. "Mais où aurai-je de telles infrastructures, où pourrai-je revivre des expériences aussi réussies sur le plan sportif ? Ce n'est pas Anderlecht qui va venir me chercher (rires) ! Il faut être lucide. Je suis très heureux ici. Je pense que je reviendrai un jour en Europe, mais pas à tout prix", relativise-t-il. En attendant, Sven Vandenbroeck espère pouvoir découvrir l'ambiance marocaine, lui qui est arrivé en plein Covid-19. "Peut-être pour la finale de la Coupe", conclut l'entraîneur du FAR Rabat avec espoir. 

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