Le Qatar et son rêve américain à la Gold Cup

Photo: © photonews
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Cette nuit, les demi-finales de Gold Cup auront des allures de grands classiques : le Mexique et le Canada s'affronteront à 4 heures du matin heure de Bruxelles, tandis que les hôtes américains jouent un peu plus tôt. Seule incongruité : leur adversaire.
En 2019, la CONCACAF défrayait la chronique en invitant le champion d'Asie à disputer les deux prochaines éditions de la Gold Cup, en 2021 et en 2023. L'initiative n'est pas neuve : cette même année, la Copa America s'était disputée avec ... le Japon et le Qatar, invités d'honneur tous deux éliminés au premier tour. Et en 2000 et 2002, la Corée du Sud, co-organisatrice du Mondial 2002, avait également été invitée.
Si cette fois, cependant, la participation du champion d'Asie et futur pays-hôte du Mondial fait polémique, c'est bien sûr parce qu'il s'agit du Qatar, qui s'était déjà vu dérouler le tapis rouge en Amérique du Sud et est désormais doublement invité pour cette Gold Cup. Le romantique, un peu naïf, pourrait y voir une idée intéressante : et pourquoi pas inviter par moments le champion d'un continent à disputer la compétition d'une autre région ? Bien sûr. On attend avec impatience l'invitation du vainqueur de la CAN en Asie, ou du champion d'Europe en Océanie. La réalité est qu'en football, tout est question de faveurs rendues et de sponsoring.
Un drôle de favoritisme
On le sait, le Qatar veut préparer au mieux sa Coupe du Monde : on ne parle pas ici d'ambitions de victoire, mais pour le petit émirat du Golfe, une élimination au premier tour, qui ne serait que la seconde de l'histoire pour une nation organisatrice (après l'Afrique du Sud en 2010), serait une gifle. Et le titre de champion d'Asie, conquis en 2019 à la régulière, montre que les Qatariens travaillent sérieusement.
Dans cette optique, le Qatar met donc les grands moyens : participation à la Copa America mais aussi, ne l'oublions pas, cette ubuesque présence en poules qualificatives pour ... leur propre Mondial. En zone Asie, comme prévu ? Absolument pas : en zone Europe, dans le groupe A, en tant que "partenaire", un partenaire qui a disputé ses premiers matchs "amicaux" (disons plutôt : de préparation) en mars dernier, battant le Luxembourg et l'Azerbaïdjan et partageant face à l'Irlande. Alors qu'en parallèle, nombre de nations européennes affichaient leur hostilité à Qatar 2022, l'UEFA avait déjà choisi son camp en acceptant ce montage inédit, dont l'Afrique du Sud aurait certainement aimé disposer avant "sa" Coupe du Monde.
Bref : l'observateur européen vouant aux gémonies la CONCACAF pour la participation du Qatar à la Gold Cup devrait également regarder dans son assiette, dont les dorures ont l'odeur du Moyen-Orient. L'American Dream qatari n'est qu'une arme de plus au sein de l'arsenal de "soft power" dont l'émirat dispose, et qui fait feu de toutes cylindrées depuis 2010 et l'obtention du Mondial 2022 - à vrai dire depuis bien avant, en coulisses, le Graal ne s'étant pas obtenu seulement via un dossier solide et des promesses main sur le coeur.
Cette nuit, le Qatar partira outsider face au pays-hôte, les USA, et pour une fois l'entièreté de la zone Amérique du Nord et centrale sera probablement unie derrière le drapeau aux étoiles et aux bandes. Car loin de ne faire que de la figuration, comme à la Copa America, le Qatar est gênant, invaincu en poules et facile vainqueur du Salvador en quarts. L'honneur de la zone CONCACAF se joue cette nuit, lors du premier gros test pour les Qatariens.
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