Les clefs (sportives) de l'échec de l'Excel Mouscron

Les clefs (sportives) de l'échec de l'Excel Mouscron

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La relégation directe de l'Excel Mouscron est une catastrophe pour tout un club, mais elle est aussi la conclusion d'une saison aussi mauvaise sur le terrain que mouvementée en coulisses. Elle permet également de se focaliser sur le sportif, plutôt que l'extra-sportif ...

Beaucoup a été écrit sur les raisons extra-sportives de la dégringolade progressive de l'Excel Mouscron : perte d'identité, rachats successifs, Futurosport à l'abandon, club devenu une plate-forme pour agents, désertion par le public, énormes dettes ... Tout cela a fait l'objet d'enquêtes et d'analyses poussées, mais la saison se termine au final sur une relégation sportive, pas sur une radiation pour absence de licence. Et cette relégation sportive peut être analysée en tant que telle ... 

Une greffe de "talents" lillois qui n'a pas pris 

Le Cercle de Bruges peut en témoigner : faire de son club le débarras d'un autre n'est jamais une bonne façon de lancer un projet. Et avec 12 (!) arrivées en provenance du LOSC (certaines sous forme de prêt, d'autres en fin de contrat), la greffe était lourde au Canonnier. Elle s'est avérée peu concluante, sans surprise : seuls Koffi, Agouzoul, Onana et Faraj se sont imposés comme titulaires réguiliers ou à part entière à l'Excel. Les autres ont fait perdre du temps à tout le monde ... 

L'erreur de casting Da Cruz 

Comme si cela ne suffisait pas, Gérard Lopez a placé à la tête de cet équipage folkorique un capitaine dont on a vite compris qu'il n'allait pas savoir tenir la barre : Fernando Da Cruz, formateur dans l'âme, certainement idéal pour faire progresser des jeunes dans le concept particulier des catégories d'âge mais pas à sa place à la tête d'une équipe professionnelle. L'absence de grinta, le relativisme de Da Cruz (chaque mauvais résultat était pour lui "un apprentissage", sans que l'ancien coach du LOSC B donne l'impression de comprendre l'urgence) mêlés à la faiblesse de son noyau étaient un boulet que traînera Mouscron jusqu'en fin de saison, après avoir échoué à gagner un seul de ses 9 premiers matchs. 

Des buteurs qui ne butent pas 

On dit souvent que pour être champion comme pour se sauver, il faut deux choses : un bon gardien de but et (au moins) un buteur efficace. L'Excel Mouscron avait l'un des deux : Hervé Koffi faisait partie cette saison des meilleurs portiers de Belgique, sans hésitation possible. Malheureusement, c'est de l'autre côté du terrain que le bât blesse : Nuno Da Costa, Harlem Gnohere et Hamdi Harbaoui comptabilisent à eux trois 10 buts en Pro League cette saison, dont 6 pour le seul Da Costa (un seul en 2021) et les deux seuls d'Harbaoui lors des deux dernières rencontres (perdues). 

À titre de comparaison, Michael Frey, le buteur de Waasland-Beveren, en compte 12 à lui seul, bien appuyé par Daan Heymans (8 buts) et Aboubakary Koita (7 buts) là où derrière Serge Tabekou (4 buts), le troisième meilleur scoreur des Hurlus cette saison s'appelle ... Matias Silvestre (3 buts). Mouscron est de loin la pire attaque de Belgique, et c'est dans ce secteur que le maintien s'est joué. 

Les absences de Jorge Simao 

Jorge Simao a transfiguré l'Excel Mouscron : son charisme, ses méthodes bien plus adaptées au football professionnel et à l'urgence de la situation ont permis de lancer la machine à son arrivée. Mais le Portugais, tout aussi limité que son précédesseur par les faiblesses de son noyau, a également ses torts : par ses sautes d'humeur, Simao a été exclu plus souvent qu'à son tour du bord du terrain, laissant ses adjoints diriger l'équipe. Pour un coach au caractère si expansif, ne plus pouvoir haranguer ses troupes est un réel handicap, et il y a fort à parier que sans l'une ou l'autre de ces expulsions, Mouscron aurait évité au moins une déroute de fin de rencontre. 

Un manque de profondeur dans le noyau 

La tombée en désuétude du Futurosport a été évoquée plus haut dans les raisons extrasportives de la dégringolade de l'Excel Mouscron : ce qu'on considérait autrefois comme un joyau de la formation à la belge a été pillé ces dernières années et tous les suiveurs des équipes de jeunes hurlus s'accordent à dire que dans les catégories susceptibles d'être promues en équipe A, à peu près aucun joueur n'a le talent pour s'imposer en D1A actuellement. 

Un constat terrible qui forçait Mouscron à ne pouvoir compter que sur ses transferts pour survivre : pas question de sortir un lapin du chapeau local pour rendre le noyau plus compétitif, alors que le seul Benjamin Van Durmen faisait office de produit "made in Futuro" et ne jouait déjà pas. Quand vos recrues ne brillent pas, que vos cadres ne prestent plus (où étaient Marko Bakic et Deni Hocko quand ça allait mal ?) et que vos jeunes ne peuvent pas mettre la pression sur l'équipe A, la dynamique est brisée. 

On pourrait passer en revue, poste par poste, le naufrage collectif qu'a été la saison de l'Excel Mouscron ; seuls quelques joueurs ont surnagé, permettant d'éviter un verdict plus prématuré encore. Mais si les rôles des uns et des autres en coulisses doit être pointé du doigt et que des coupables doivent être désignés pour la déliquescence de "l'institution" Mouscron, c'est aussi et même avant tout la réalité du terrain qui envoie l'Excel en D1B. 

 

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