Interview De Bruges aux Philippines : rencontre avec Dylan De Bruycker
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Parmi les joueurs belges disposant d'une double nationalité, il en est quelques uns qu'on oublie facilement, et Dylan De Bruycker fait partie de ceux-là : formé à La Gantoise, Bruges et Zulte Waregem, il rejoint en 2017 ... les Philippines, pays de sa famille maternelle.
Dylan De Bruycker (23 ans) est un nom bien belge, mais son nom complet trahit en partie ses origines : Dylan Escalana-De Bruycker, du nom de sa famille maternelle, a ses racines aux Philippines, ce qui l'a mené à une carrière surprenante. "J'ai commencé le football à Gand à partir des U9 jusqu'au U12, puis j'ai rejoint Bruges pour six ans. Je n'y avais pas vraiment d'opportunités, donc j'ai opté pour Zulte Waregem. Mais en décembre 2017, en réalisant qu'il serait difficile d'obtenir un contrat professionnel, j'ai décidé de prendre le temps de réfléchir à mes options", nous raconte De Bruycker depuis Manille.
De fil en aiguille, l'idée de passer professionnel aux Philippines fait son chemin. "Je connaissais le pays, j'y avais déjà été en vacances en famille dès mes 10 ans. Via des amis également footballeurs et belgo-philippins, je savais qu'il y avait un championnat professionnel", explique le joueur du Kaya FC. "J'avais pu voir des vidéos, et les autres joueurs m'assuraient que le championnat n'était pas trop faible". Via un agent, le sort en est jeté : De Bruycker signe à Davao Aguilas.
Champion des Philippines ... et international
Une décision importante, mais qui est prise assez vite : "Mes racines ont toujours été importantes pour moi. Si je ne trouvais pas de club professionnel, je serais resté en Belgique pour finir mes études, mais mon but a toujours été d'être pro et c'est le cas ici. Niveau infrastructures, tous les clubs n'ont pas leur propre terrain d'entraînement, il faut parfois les louer pour une modique somme. Et bien sûr, les conditions sont très différentes, il fait souvent 35° ici", pointe le Belgo-Philippin. "Ca nous force à jouer en fin d'après-midi. Parfois, tu joues à 19-20h et ça va, mais quand tu joues à 16h, c'est plus dur".
Les prestations de Dylan attirent le regard d'un club plus huppé, le Ceros Negros, où il retrouve deux autres joueurs belgo-philippins : Jeffrey Christiaens, multiple international (31 caps depuis 2011), formé à Bruges, et Angélo Marasigan Verheye, lui aussi formé à Zulte. Deux joueurs qu'il avait déjà rejoints dès 2018 ... en sélection des Philippines. "Ce n'était pas vraiment une surprise d'être convoqué car il y avait déjà deux joueurs belges en sélection. J'ai pu jouer pour l'équipe U23 et deux fois pour l'équipe A".
Avec le Ceres Negros, De Bruycker est sacré champion au terme d'une année 2019 parfaite, le club terminant la saison invaincu et remportant également la Coupe des Philippines. Malheureusement, la suite sera un peu inattendue puisque le club se voit forcé ... de mettre la clef sous la porte et de libérer tous ses joueurs. "On entendait des choses en coulisses, on savait que le club n'était pas en forme financièrement, et que le propriétaire avait des soucis familiaux. Le club a rapidement pu renaître sous le nom United FC, mais j'ai cherché une autre solution", nous explique le désormais ex-joueur de Ceres Negros.
Un test à Roulers ... qui fait également faillite
Dylan décide alors de voir là un signe du destin et l'occasion de revenir en Belgique : il passe un test au KSV Roulers ... qui fera faillite en 2020. Mais De Bruycker reste positif : "Le coach et le staff de Roulers m'ont dit que j'avais un niveau très satisfaisant. Je dirais que le niveau du championnat philippin équivaut à une D2 ou une D3 belge", estime-t-il. Retour aux Philippines pour l'ancien produit brugeois, qui signe au Kaya FC, mais n'abandonne pas ses ambitions pour autant.
"Bien sûr, jouer en Belgique reste mon rêve absolu. Mais je suis réaliste : je ne suis pas très visible ici, et jouer en D1A sera quoi qu'il en soit difficile", reconnaît De Bruycker, qui se tournera donc si nécessaire vers le marché asiatique. "Il y a de meilleurs championnats que le philippin aux alentours. L'Indonésie, par exemple, où j'ai eu quelques contacts. Puis pourquoi pas, qui sait, la Corée du Sud, la Thaïlande ou le Japon". Les Philippines ne font en effet pas du football leur sport n°1. "C'est le basket-ball, je dirais, avec la boxe (le boxeur philippin le plus célèbre est bien sûr Manny Pacquiao, qui s'est reconverti en politique, nda). Mais c'est un sport en nette progression ici et il y a du potentiel", affirme le défenseur.
Dylan, en tout cas, ne regrette pas son choix et ne s'étonne pas d'être peu connu hors des frontières philippines. "C'est quand même fort loin et un championnat peu suivi (sourire)". En attendant de pouvoir peut-être, un jour, se présenter au public belge ...
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