Interview Anthony Vanden Borre et Anderlecht, une histoire terminée ? "Je n'attends plus rien du club"
Photo: © photonews
En parallèle à la présentation de son académie à Dubaï, Anthony Vanden Borre en a profité pour évoquer sa situation à Anderlecht. Et celle-ci ne semble pas évoluer.
Si Anthony Vanden Borre a réuni la presse ce jeudi, c'est avant tout pour discuter de l'ouverture prochaine de son école de jeunes à Dubaï (lire ici). Mais sa situation à Anderlecht ne pouvait naturellement pas être passée sous silence ("Je vous connais, je sais que vous allez en parler", rigolait-il). Et alors que l'enfant terrible de Neerpede n'a plus été vu au club depuis deux semaines, il a accepté de nous expliquer en quoi consiste son avenir au RSCA ...
Anthony, quelle est ta situation à Anderlecht à l'heure actuelle ?
Vous avez tous entendu que je ne suis pas venu à l'entraînement, et c'est vrai. Je travaillais à mon projet d'académie à Dubaï. Mais je reviendrai bientôt au club, ça reste mon club de coeur. Le fait est que rien ne m'y a été proposé. Ca a beaucoup parlé dans les médias, mais personne ne m'a fait de proposition concrète au RSCA. Donc que dois-je faire ? Juste croire ce qui a été dit ? Je dois anticiper, accepter que c'est peut-être la fin et aller de l'avant.
Est-ce que tu comptes en parler au club, est-ce que tu attends une offre ?
À qui pourrais-je en parler ? Ce n'est pas à moi à aller vers eux. Ils n'ont visiblement pas vraiment besoin de moi et les jeunes, eux, je peux leur parler sans être présent au club, on se contacte par messages, ou hors de Neerpede. Malheureusement, je crois que le club a pris sa décision vis-à-vis de moi et qu'elle est assez radicale.
Si cela devait en rester là, ce serait une déception pour toi ?
Pourquoi ? Le club ne me doit rien, si mon avenir s'y situe, tant mieux, car c'est mon club d'enfance. Mais à un moment, il faut pouvoir tirer un trait. Le monde du football actuel ne me correspond pas vraiment, quoi qu'il en soit.
Tu aurais au moins pu tenter d'en parler à ton ami Vincent Kompany.
Non, je connais Vincent depuis 25 ans, c'est un ami, mais il a bien assez de travail et je ne veux pas le déranger. Mon cas n'est pas important actuellement, voilà tout. La direction, Mr Verbeke, pourquoi les déranger ? S'ils ont besoin de moi, ils me contacteront, je suis là et je suis prêt à aider. Je demande juste de l'honnêteté.
Est-ce que là, tu considères que ta carrière de joueur est terminée ?
Le mercato se termine dans deux jours (rires). Plus sérieusement, je n'en ai pas envie, mais là ... si je fais encore cinq mois sans jouer, c'est fini, je pense. C'est dur parce que j'ai travaillé pour revenir. Quand tu a pris des mois pour retrouver la forme, qu'est-ce qu'un mois de plus ? Le club aurait pu patienter un peu, je pense.
L'idée d'être entraîneur ou adjoint, ça te plaisait ?
Le fait est qu'on ne me l'a jamais proposé officiellement (rires). Moi, je revenais pour être joueur ! Puis, le club a parlé d'un rôle d'entraîneur. Oui, c'est vrai que si le club, par exemple, place son équipe U23 en D1B, ça peut être vraiment intéressant. Mais ce sont des spéculations, parce qu'avec le Covid, on ne sait pas si ça se fera. Moi, je ne vais plus jouer des années de toute façon, donc pourquoi pas passer le pas et encadrer des jeunes ? Mais j'aurais souhaité une proposition concrète et rien n'est venu. Je demande juste de l'honnêteté de la part du club.
Peut-être que le Covid a également freiné ton élan, que tu aurais pu jouer en PO2, par exemple.
Non, non, car après avoir fait le stage avec l'équipe A, j'ai fait un match amical et je me suis blessé. C'est là que je me suis rendu compte que j'avais été trop vite. Je ne pense pas que j'aurais été capable de jouer la saison passée. Mais après, j'ai pu rester et travailler durant toute la préparation, j'ai disputé des bouts de matchs. Oui, c'était difficile, mais je sentais que je retrouvais des sensations et qu'il y avait encore quelque chose à faire.
Est-ce que dans ta tête, c'était Anderlecht ou rien ? Une fois de retour en forme, tu ne pensais pas jouer ailleurs ?
(il hésite) J'y ai pensé, oui ... Mais c'est moins motivant, car Anderlecht, c'est la maison. Quel autre club va croire en moi ? Maintenant, si un club vient avec une offre, j'y réfléchirai, car je suis un passionné !
On a pu dire de toi que tu n'avais plus l'explosivité nécessaire ...
(sourire) Peut-être que je n'ai plus la même explosivité. Mais regarde Oli Deschacht. Quarante ans ! Et il performe. C'est possible, hein. Mais bon, je n'y connais rien au football (rires). Si Zulte vient me proposer de jouer avec Oli ? Bien sûr que je dis oui. Un passionné, comme je l'ai dit, c'est ce que je suis ...
À quel moment as-tu compris que le club ne comptait plus sur toi en tant que joueur ?
Ca ne m'a jamais vraiment été dit. Mais je l'ai appris après le match à Leverkusen, l'un des derniers de Franky Vercauteren. Et je me sentais bien, vraiment, je me sentais à l'aise. Pas "top top", mais par rapport à là où je voulais être et mon timing, ça allait.
Et jouer à Dubaï, dans le championnat des Émirats, pour coupler le plaisir du foot à ton projet d'académie ?
Ce serait vraiment pas mal, ça, oui. Mais ce sont des choses qui se décideront à l'avenir, en temps et en heure.
Est-ce que tu as des regrets concernant ta carrière ?
Non, parce que je me connais. Je sais ce que j'ai réussi, et je connais mon caractère. Je ne peux que me tirer un grand coup de chapeau pour avoir réussi autant de choses dans ma carrière malgré mon caractère (rires). Un Mondial, des Jeux Olympiques, quelques matchs en Serie A, en Ligue 1, en Premier League ... C'est pas mal, quand même.
Mais certains disent que tu aurais pu jouer au Real Madrid avec ton talent.
Ouais, ouais, tu "peux" jouer au Real Madrid, tu as le potentiel ... Mais moi, je me connais, je sais que je n'aurais pas pu jouer au Real. Parce que pour ça, il faut dix ans de constance au niveau physique, au niveau diététique ... Ce n'était pas pour moi. Puis, de nos jours, il y a les réseaux sociaux, il faut être propre sur soi, ce n'est pas pour moi (rires).
Quels sont les meilleurs souvenirs de ta carrière ?
Oh, il y en a quelques uns. Disputer un Mondial, des Jeux Olympiques, ce n'est pas donné à tout le monde ... Mais le plus beau moment, c'est quand tu fais tes premiers pas en tant que professionnel, que tu comprends que rien ne sera plus comme avant. Ensuite, ce retour au haut niveau en 2013-2014, avec le Mondial à la clef, c'était magnifique aussi. Quand je regarde l'équipe qu'on avait, c'était plutôt pas mal, en plus (sourire).
Le club a donné mon numéro de maillot à un autre joueur ...
En tout cas, cela risque d'être un petit choc pour les supporters, si tu t'en vas.
Vraiment, vous pensez ? Vous croyez qu'il y a encore des supporters qui attendent mon retour ? (rires). (nous acquiescons). C'est vrai que j'en croise encore beaucoup qui me demandent si je vais rejouer, et je suis content de leur soutien. Mais je ne peux pas leur mentir, ni me mentir. Je dois être honnête avec eux ... Au passage, je tiens à souligner que le club a donné mon numéro de maillot à un autre joueur. C'est clair, comme signe. J'aurais aimé qu'on me le dise, par respect ...
Tu as toujours été un personnage très apprécié des supporters, à Anderlecht et ailleurs ...
Vous me l'apprenez. Quand je lis ce qu'on dit sur moi parfois (rires). Mais je suppose que si c'est vrai, c'est que j'ai apporté des émotions aux gens. Et disons que malgré quelques frasques, je ne pense jamais avoir été quelqu'un qui manque de respect aux gens.
Donc, désormais, dans ta tête, est-ce que c'est fini ?
Je serai de retour à Neerpede dès que possible. Je continuerai à travailler au club mais honnêtement, je n'attends plus rien d'Anderlecht et je ne pense pas qu'une offre viendra. J'attends qu'on me dise les choses, c'est tout. Être honnête, aussi vis-à-vis des supporters. À un moment, un bon dirigeant doit dire les choses ...
Tu comprendrais que certains te trouvent ingrat vis-à-vis du club ?
Le club ne me doit rien et je ne leur en veux pas ! Je ne peux que les remercier, ils m'ont relancé dans le football, ils m'ont donné cette belle opportunité de travailler avec des jeunes. J'aurais aimé jouer aussi, ça ne s'est pas fait, c'est comme ça. Je voudrais juste que tout soit clair. Et en attendant, je dois prendre les devants ...
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