Interview Le retour du Chaudron dans l'élite : "La chair de poule, comme avant chaque match"
Photo: © photonews
Les années, les décennies, les joueurs, les dirigeants passent. A chaque match du Racing Lens, à Bollaert ou en déplacement, Christian, lui, est bien là. Même s'il ne pourra pas fêter la récente montée en Ligue 1 de son club de cœur, la sensation et les émotions sont toujours présentes.
« Avant chaque match, c’est pareil. Quand j’entre dans le stade, mes poils se dressent », nous raconte Christian, membre actif des Galiboys. Une chair de poule qui se fait d’autant plus ressentir lorsque les joueurs reviennent des vestiaires : « En début de deuxième mi-temps, les Corons retentissent, et là c’est tout un sentiment de fierté ». La fierté d’appartenir à la grande, très grande, famille du Racing Club de Lens. Mais, aussi, la fierté d’une région, d’une histoire populaire bousculée par des industriels toujours plus avares.
Une fierté également partagée par François, lui aussi supporter de Lens depuis belle lurette : « C’est mon parrain, qui était mineur de fond, qui m’a fait aimer ce club. J’allais au stade avec les mineurs. Et, dès que je voyais notre terrain, j’étais fier de mon club et de son Histoire ».
Fierté et générosité
Pierre Bachelet chantait, à propos de son père : « Je crois qu’il était fier de moi. Il était généreux comme ceux du pays. Et je lui dois ce que je suis ». Des paroles qui évoquent la relation qu’entretient Christian avec le RCL : fierté, mais aussi générosité. Le Lensois ne manque pas un déplacement. Pour cause, c’est lui qui les organise pour les Galiboys : « J’organise et je fais tous les déplacements. Notre groupe remplit, au minimum, un car de 57 personnes. Parfois, on doit en réserver deux. 100 kilomètres, 200 kilomètres,… peu importe, on est là pour soutenir les joueurs ».
Plus de 2.000 bornes aller-retour pour… manger au restau'
Les voyages peuvent être bien plus longs. Mais, parfois, les supporters n’ont pas l’occasion de soutenir les joueurs. En août 2018, 1.000 supporters lensois s’étaient déplacés à Béziers. A quelques heures du coup d’envoi, la LFP suspendait cependant le match pour cause de terrain impraticable : « On était en train de manger quand j’ai reçu un coup de fil pour dire que le match était reporté. On a fait 1.200 kilomètres aller, on a mangé, puis on s’est refait 1.200 bornes ». Ce qui n’a pas empêché Christian de refaire le déplacement quelques semaines plus tard : « le match s’est rejoué, mais cette fois, j’ai pris l’avion depuis Bruxelles » nous explique-t-il.
Les Galiboys belges
D’ailleurs, plusieurs belges se rendent à Bollaert, et font partie du même groupe de supporters que Christian : « Nous avons 350 abonnés via notre groupe. On a pas mal d’adhérents belges, fiers aussi de supporter Lens ». Bien sûr, les Galiboys prennent place en Marek les jours de match, la tribune populaire d’où émanent les chants et fait de Bollaert un stade si particulier. Pour Christian, la question paraît même absurde : « Bah oui, on va en Tribune Marek… avec les supporters ».
Le superbe tifo pour les 15 ans des Galiboys !
— Le public lensois (@lepubliclensois) November 23, 2019
(? : @GregLallemand) pic.twitter.com/V816noo7gE
Souvenirs de 1992 : Raymond Goethals battu dans le Chaudron
« Et c’était mon enfance, et elle était heureuse, dans la buée des lessiveuses. Et j’avais les terrils, à défaut de montagne » poursuit Pierre Bachelet, dans ses mythiques Corons. Notre interlocuteur Christian, désormais cinquantenaire, se remémore aussi son meilleur moment : « Lens-Marseille en 1992 » lance-t-il, après un court moment de réflexion. « On était 52.000 supporters [48.912 selon les chiffres officiels, battant ainsi le record de l’époque, ndlr). C’était un match de Ligue 1 à domicile. On a gagné 2-1, avec une toute grosse ambiance. Une ambiance spontanée ». Le coach de l’OM de l’époque, un certain Raymond Goethals, s’en souvient encore.
« J’aurais aimé fêter cela comme il se doit »
Malheureusement, les Lensois ne pourront pas fêter leur remontée en Ligue 1. Deuxième du classement, un point derrière Lorient, un point devant Ajaccio, le Racing Club de Lens est en effet l’un des deux promus. « C’est un énorme plaisir. J’aurais aimé fêter cela comme il se doit, mais ce n’est pas possible avec la crise du coronavirus » tempère Christian des Galiboys.
François, lui, se veut plus optimiste : « Le club organisera certainement quelque chose, une journée spéciale par exemple, lorsque la crise sera terminée. D’autant plus que le club a récemment perdu deux de ses icônes : les anciens joueurs et entraîneurs Daniel Leclercq et Arnold Sowinski ».
Leclercq, Sowinski et Denis: cette montée vous est dédiée ! pic.twitter.com/uJfFM7gB0W
— Pierre (@PierreRevillon) May 2, 2020
Pas de doute, en temps voulu, le chaudron brûlera à nouveau. Au plus haut niveau, et les Lensois ne seront pas les seuls à s’en réjouir : « Notre groupe a notamment des contacts avec ceux de Strasbourg. Ça se ressent très fort, ils sont heureux de nous revoir, pour l’ambiance des supporters, le club et notre amitié » conclut Christian.
Inscrivez-vous maintenant à la newsletter de Walfoot