Quand la Hongrie dominait le football mondial

Floriàn Albert, Ballon d'Or 1967

On l'oublie trop souvent, mais il fut un temps où Budapest était appelée "la ville du football". David Peace, dans son livre Rouge ou Mort, qui relate le passage légendaire de Bill Shankly aux commandes de Liverpool, l'écrit bien, lorsque les Reds se font éliminer par le Ferencvaros en Coupe d'Europe: "Le Ferencvarosi Torna Club tire le Liverpool Football Club dans toutes les directions, le Ferencvarosi Torna Club étire le Liverpool Football Club dans chaque direction (...) au coup de sifflet final, le Spion Kop [d'Anfield] rend hommage aux joueurs du Ferencvarosi Torna Club. À leur tactique et à leur technique. Et le Spion Kop applaudit le Ferencvarosi Torna Club". (David Peace, "Rouge ou Mort", Rivages/Noir, 2013)

Nous sommes en 1967, et la Hongrie compte alors dans ses rangs le seul Ballon d'Or de son histoire, Florián Albert, joueur aujourd'hui à peu près oublié mais maître de son poste à l'époque.

La domination du football hongrois n'est alors pas récente: dans les années 1950, déjà, emmenés par Ferenc Puskas, la Hongrie offre au monde le plus beau football possible. Avec, en point d'orgue, une finale de Coupe du Monde, perdue à la surprise générale, en 1954. L'équipe qui atteindra et perdra cette finale est passée à la postérité sous le nom de "Onze d'Or".

Puskas, le match du siècle et la stupeur anglaise

Ferenc Puskas, le "Major Galopant", qui n'a lui jamais remporté le Ballon d'Or, est brandi par les Hongrois comme un trésor national. Des souvenirs à son effigie sont vendus un peu partout dans les rues de Budapest. Il faut dire que l'homme est peut-être un des meilleurs attaquants à avoir jamais foulé les terrains de football. Puskas est l'auteur de 84 buts en 85 matchs avec la Hongrie, un ratio qui en fait un des meilleurs joueurs de sélection de tous les temps - et qui fait oublier ses 4 sélections ultérieures en équipe d'Espagne, après sa fuite de la répression soviétique en 1956.

En 1953 a eu lieu ce qui a été élu "match du siècle". Une victoire éclatante de Puskas et ses coéquipiers sur les "inventeurs" du football, l'Angleterre. La première défaite anglaise sur son propre sol, sur le score sans appel de 3-6. Le style anglais, qui avait permis à leur équipe de dominer le football depuis des décennies, était dépassé. L'humiliation sera totale avec un 7-1 à Budapest lors de la revanche.

Une qualification pour l'Euro permettrait de remettre ce pays de football en lumière. Le gouvernement investit massivement pour

Lors de la Coupe du Monde à venir, la défaite en finale n'occultera pas les quelques scores fous infligés par la Hongrie à ses adversaires: 9-0 face à la Corée du Sud, 8-3 face aux futurs vainqueurs, l'Allemagne de l'Ouest. La victoire finale des Allemands surprendra tellement, même chez eux, qu'on parlera de "miracle de Berne" pour la qualifier!

Plus de 60 ans plus tard, le Onze d'Or n'est plus. Tous les joueurs qui le composaient sont décédés, et la Hongrie est retombée progressivement dans l'oubli, malgré une dernière finale européenne pour le Ferencvaros TC en 1975. Une qualification pour l'Euro 2016 pourrait remettre ce pays de football en lumière. Le gouvernement investit en tout cas massivement pour...

En vidéo: l'intégralité du "match du siècle: