Michel Platini s'exprime enfin sur son éviction

Président de l'UEFA depuis 2007, Michel Platini était le mieux placé pour succéder à Sepp Blatter à la tête de la FIFA. Mais ça, c'était avant qu'il ait été accusé d'avoir reçu un chèque de 2 millions en 2011 sans aucun justificatif. 

Le Français est enfin sorti du silence dans une interview accordée au Monde pour essayer de se justifier par rapport à ce montant reçu. 

"L’histoire peut paraître étonnante, mais c’est pourtant celle-là. En 1998, je suis président du comité d’organisation de la Coupe du monde et un nouveau président de la FIFA doit être élu. Je suis à Singapour et Blatter demande à me voir dans sa chambre. Il me lance aussitôt “Alors, on y va ou pas ?” Il me dit que Havelange lui a affirmé : “Platini président et Blatter secrétaire général, c’est une solution très élégante.” Seulement moi, ça ne m’intéresse pas. Je suis dans la Coupe du monde, je ne m’y vois pas. Alors Blatter décide d’y aller : “Je me présente, mais j’ai besoin de toi.” On se revoit deux mois plus tard. Il me demande d’être son conseiller pour le foot. C’est d’accord. “Combien tu veux ?”, demande Blatter. Je réponds : “Un million.” “De quoi ?” “De ce que tu veux, des roubles, des livres, des dollars.” À cette époque, il n’y a pas encore l’euro. Il répond : “D’accord, 1 million de francs suisses par an.” » (...) Je travaille plusieurs mois sans rien toucher. Au bout d’un moment, je vais voir Blatter : « Tu as un problème pour me payer ? » Il me dit : « Oui. Je ne peux pas te payer 1 million à cause de la grille des salaires. Tu comprends, le secrétaire général gagne 300 000 francs suisses. Tu ne peux avoir plus de trois fois son salaire. Alors, on va te faire un contrat pour 300 000 francs suisses et on te donnera le solde plus tard. » C’est ce qui s’est passé. Seulement le plus tard n’est jamais venu. "

Platini est fâché d'être mis "dans le même sac que les autres et trouve honteux d’être traîné dans la boue"  avant de conclure. "Pour le reste, mes avocats suivent les procédures FIFA et saisiront le Tribunal arbitral du sport si nécessaire. J’espère que tout cela va aller vite. Je ne voudrais pas être dans la situation de Mohamed Bin Hammam qui, en 2011, s’est retrouvé suspendu avant les élections à la tête de la FIFA puis blanchi… trop tard, une fois la réélection de Blatter réglée."