Diables Rouges : une bousculade qui fait du bien

Par Jordan Horwood

C'était aisé de faire les louanges des Diables Rouges après la victoire contre Chypre. Vu le niveau de l'adversaire, il était plus constructif d'attendre le déplacement en Israël 72 heures plus tard pour tirer des véritables conclusions, bien que les points positifs de samedi n'étaient pas à négliger.

Il n'y avait d'ailleurs pas eu de place pour voir des avis très divergents. Le nouveau triangle au milieu a séduit avec un Nainggolan positivement agressif et des Witsel et Fellaini apportant de la présence dans le rectangle adverse. Le retour du nom de Benteke affiché sur le marquoir accompagné ensuite par celui du débutant Batshuayi faisaient également partie des satisfactions.

Le public avait donc faim d'une aussi belle victoire en Israël. De plus, la bande d'Eli Guttman venait de perdre lourdement contre le Pays de Galles à domicile. Il fallait donc au moins un 0-3 pour contenter le spectateur derrière sa télévision ou la bande des 300 courageux qui ont pris l'avion jusqu'à bon port en Terre Sainte.

Mais un match n'est pas l'autre. Tout comme une mi-temps n'est pas l'autre. L'Israël était capable de faire mieux. Et nos Diables Rouges l'ont eux aussi oublié, bien que ça arrive fréquemment aux plus grands clubs chaque semaine. Les Israéliens n'étaient pas présents et regroupés devant leur but en première période, mais un match se jouera toujours 90 minutes.

Déjà peu percutants lors de la première mi-temps, les Diables Rouges ont oublié de mettre leur bleu de travail alors que l'adversaire prenait ses aises près du dernier et solide rempart Thibaut Courtois. Le triangle dans le milieu ne verrouillait plus l'axe, les espaces se faisaient plus nombreux sur nos flancs.

S'offusquer du changement d'Hazard? Vraiment?

Offensivement, Christian Benteke n'était pas dans un bon jour. De Bruyne peinait à se montrer précis sur phases arrêtées tandis qu'Hazard manquait clairement de jus. Si certains pensent, tout comme Eden, que sur quelques ballons il aurait pu faire la différence, il aurait été dommage de ne pas laisser Nacer Chadli participer à cette rencontre alors qu'il est en forme à Tottenham. La Belgique pourra devenir grande grâce à un noyau totalement concerné et il aurait été mal venu de confiner un bon joueur au banc pour la simple raison qu'il n'est pas une star. Hazard a tout de même reconnu qu'il était un peu fatigué après la rencontre, étant plutôt loin du niveau auquel il évolué chaque semaine en Premier League.

Malheureusement pour le Spurs, la carte rouge de Kompany ne lui aura pas permis de se mettre en valeur. Si l'arbitre ne l'a pas aidé avec une carte jaune sévère après 11 minutes, notre capitaine a commis une erreur dangereuse pour la suite de la rencontre. Heureusement, Jason Denayer l'a très bien remplacé. Pour sa première, le jeune défenseur de Manchester City a prouvé qu'il méritait déjà d'être dans ce groupe. Soulignons le bon scouting de Marc Wilmots qui a choisi la jeunesse plutôt que les expérimentés Deschacht ou Ciman.

Sans un Courtois rassurant, nous aurions peut-être bien laissé deux points mais la réalité est que les Diables Rouges ont bien gagné ce match et qu'ils partagent la première place avec les Gallois, nos adversaires en juin. Ce mauvais match rappellera aux joueurs que rien n'est acquis, tout comme les supporters exigeants/rêveurs peuvent se rendre compte que malgré le niveau des joueurs dans notre sélection, ils n'écraseront pas chaque adversaire potentiellement moins fort tout le temps. Reste maintenant à convaincre les sceptiques qui pensent déjà à une catastrophe contre nos voisins français et le Pays de Galles. Rendez-vous en juin...