Analyse Les scoops de Bernardo "Il y a Paris et paris..."
Photo: © SC
Alors que la Coupe du Monde a rangé ses habits de fête, Bernardo partage avec nous les quelques infos piquantes qu'il reçoit. Attention les yeux!
Un ancien joueur du Lierse, d'origine brésilienne, devient entraineur des jeunes du club, les 13 ans, semble-t-il. Une information qui passerait inaperçue si ce joueur n'était connu dans le milieu du football comme le "guichetier" (le bookmaker) des paris de l'affaire Yé. Le Lierse ne disposant toujours pas d'une réputation parfaite, certains auraient même souhaité la disparition totale du club, les langues se délient de nouveau, à tort ou à raison.
Je n'ai pas aimé du tout l'arrivée des sociétés de paris "mutuels" dans le football. Je n'apprécie toujours pas. Je mourrai en les détestant. Je suis mal à l'aise lorsque je vois des publicités pour les sociétés de paris dans les stades ou sur les maillots, je me refuse de lire les conseils des spécialistes dans la presse écrite ou visuelle. Comme le savent tous les turfistes, si un expert avait un vrai tuyau, il le garderait pour lui...
Comme dans les casinos, pourtant bien mieux surveillés, il n'y a que trois moyens totalement certains de gagner de l'argent en pariant : être le propriétaire ou l'employé de la société, écrire un best-seller "Gagner en pariant de 7 façons certaines" et manipuler les paris, truquer, si vous préférez.
Si du temps de mon arrière grand'mère et de mon enfance, les pronostics étaient simplistes, avec l'ancienne société belgo belge Prior - mon arrière grand'mère qui n'y connaissait rien en football avait rempli une grille exacte en tout point, à l'exception du dernier match où elle avait coché le dernier gagnant chez le premier... -, les paris sont aujourd'hui bien plus
sophistiqués puisque j'ai compris que l'on pouvait parier sur le premier goal marqué, le premier joueur exclu, le moment du dernier corner, etc., et cela partout dans le monde, de façon bien légale ou savoureusement illégale.
Cette complexité augmente la difficulté de détecter les manipulations dans le jeu. Pour cela, les parieurs indélicats choisissent des championnats de qualité moindre parce que les fautes techniques des joueurs complices paraissent plus naturelles. Pourtant, le moins coûteux et le plus simple est de corrompre un arbitre, comme l'histoire et le bon sens nous l'apprennent. Une seule personne à payer et un résultat garanti.
Entre paris truqués et corruption, il y a une relation étroite : la finalité : gagner de l'argent. Il se murmure actuellement que ces trois dernières années, un joueur étranger de division 1 belge, évoluant dans un grand club, prenait 80.000 euros pour fausser un match, quelque soit le client. Il y a trois outils pour repérer de telle pratique : la statistique sur le nombre, l'incongruité des montants pariés ou faire plus confiance aux arbitres. Pourquoi des joueurs de Macao iraient-ils pariés sur un match entre Hout si plou et Adinkerke sur Semois?
Un arbitre sent très vite si le match est faussé, mais ses possibilités d'action sont limitées. Pendant des années, lors des cours d'arbitrage à Liège, un formateur racontait l'anecdote suivante : un bon arbitre de D1 belge a été appelé a arbitré un match à enjeu pour la descente en division 2. Il a de suite perçu que tout était faussé, mais l'équipe visiteuse était tellement tétanisée qu'elle ne parvenait pas à cadre un tir. A la fin du match, le libéro - un joueur qui jouait derrière sa défense et la couvrait - s'est retourné et a marqué froidement dans son propre goal.
Connaissez-vous l'arme ultime de l'arbitre? Le rapport. Les associations de football et même l'UEFA vouent un véritable culte au rapport. L'arbitre liégeois a donc consciencieusement relaté les faits sur son papier rose. Résultat : il a été réprimandé par la commission d'arbitrage. En général, cela n'indispose pas trop les arbitres, habitués que tout le monde dans un stade leur crie dessus depuis les dirigeants jusqu'aux supporters en passant par les joueurs et le superviseur, - par décence ne citons pas les journalistes qui ont revu 15 fois la phase sous 3 angles différents, mais ici il a reçu un blâme. Il devait annuler le goal, puis exclure le joueur pour anti-jeu, Tout simple, non ? Un peu comme l'avertissement collectif á une équipe. Je n'ai jamais vu faire cela dans ma vie.
Bref, notre arbitre n'avait plus qu'à ce taire. Combien d'entre eux auraient alors pensé qu'il était plus simple de prendre l'argent et de se taire comme on leur recommande ? Le lecteur imagine-t-il la répercussion de cette histoire racontée aux arbitres? Conclusion des cours, pour réussir une petite carrière, c'était très facile : une bonne condition physique, avantage systématique à la défense, offrir une (au moins) bière au superviseur et la fermer.
Mon père m'a fait remarqué que si sa grand'mère lui avait montré son ticket des pronostics comme on le disait à l'époque, il aurait corrigé et elle aurait tiré le gros lot. Sans doute, mais il aurait aussi corrigé d'autres résultats. Un pari est souvent un acte désespéré ou maladif, toujours hasardeux et extrêmement rarement gagnant. C'est bien simple, on ne parle jamais de la multitude des brillants perdants, mais toujours de l'unique et rare gagnant;
Un dirigeant peut cependant bien manipuler les paris. Prenons l'exemple belge de l'an dernier. A cette même période de l'année, la cote du Standard champion oscillait entre 15 et 20 contre un. Le climat délétère dans le club, la dérision entourant Gay Luzon et les curieux transferts de Iandoli et compagnie avaient fait grimper la cote du club. Un dirigeant qui sait qu'il va transférer deux ou trois cracks pourrait alors jouer puis transférer. Je sais bien que c'est interdit pour les professionnels, mais, c'est tellement facile de contourner cela...
Il semble bien que plusieurs supporters du Standard aient, donc, tenté une petite mise sur cette belle cote et au début des play-offs, des sociétés de paris étaient aux abois en cas de victoire en championnat du Standard.
Imaginez : pour 10 euros, vous en gagniez 200, pour 100, 2.000, pour 1.000, 20.000, pour 100.000, 2 millions d'euros. Or, les superviseurs sont, en Europe, attentifs, un peu curieusement, à partir de 400.000 euros de mises cumulées.
Soit pour 400.000 euros, 8 millions...
Comme quoi, on peut comprendre pourquoi le monde du pari mutuel est proche de la corruption...
J'ai repensé à tout cela, non seulement en lisant l'arrivée du guichetier anversois en première division, mais surtout en apprenant que Roland Duchâtelet entrait dans le cercle fermé des 14 + 1 milliardaires belges. (Non, ce ne sont pas les 20 millions de dividendes en provenance du Standard versée à une de ses holdings qui sont à l'origine de ce milliard d'euros).
Beaucoup de personnes dans le monde du football sont surpris de son goût et son sens des statistiques. En fait, il est un spécialiste de l'actuariat, de la probabilité, de ce qui va arriver en tenant compte du passé. En effet, une des premières sociétés créées par monsieur Duchâtelet, et qui ont fait sa richesse, est Mr. Bookmaker, une société de... paris. Qu'il a revendue. il ya deux ou trois ans à Unibet, qui est devenue, á cette occasion, sponsor du Standard.
Tout tourne en rond, même le ballon....
PS : la perte du titre par le Standard de Liège en 2013-2014 innocente tous les dirigeants liégeois d'une quelconque manipulation.
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