Le départ de De Sart : une perte pour le Standard?

Son départ n’a pas suscité beaucoup d’émois chez les supporters des Rouches qui ne l’ont jamais vraiment apprécié. Il faut dire que Jean-François De Sart est un ancien "Rouge et Bleu" et que son style, intellectuel et coincé, ne cadrait guère avec le caractère de feu du peuple de Sclessin.

Pourtant, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Jean-François De Sart est un Liégeois et il incarnait une certaine cohérence dans la politique sportive du club, une politique basée sur le long terme et qui était sensée donner une place importante à la formation des jeunes.

Bien sûr, il se murmurait qu’en réalité Jean-François De Sart  n’avait pas grand-chose à dire dans la politique du club et que Duchâtelet prenait généralement ses décisions tout seul. On pourrait donc dire que dans le fond,  son départ ne va rien changer mais est-ce vraiment le cas?     

Désormais, qui  va représenter le club à l’extérieur, dans les médias? Guy Luzon? Après un an passé au club, il ne parle même pas quelques mots de français. Duchâtelet lui-même? On connait sa discrétion et son envie de toujours en dire le moins possible.    

N’oublions pas non plus que De Sart servait en quelque sorte de bouclier pour son président, une partie des mécontentements des supporters se portant directement sur lui, considéré comme responsable des erreurs dans les transferts réalisés par le club.

Son départ témoigne aussi de la place de plus en plus importante prise par les agents de joueurs.  Ce sont eux qui  désormais sont chargés de la politique de recrutement des clubs et en particulier au Standard. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement où il ne se passe pas un jour sans qu’un agent ne propose tel ou tel  joueur au club, parfois en dépit du bon sens.     

On a bien compris que Roland Duchâtelet veut constituer une sorte d’empire où il pourrait déplacer les joueurs d’un endroit à l’autre, tel un joueur d’échec déplaçant ses pions. Mais dans cet empire,  l’identité propre à chaque club ne risque-t-elle pas de se noyer ? En devenant une partie de l’édifice avant d’être lui-même, chaque club ne va-t-il pas perdre son autonomie?  

Apparemment, Duchâtelet voulait que De Sart occupe une fonction de régisseur de son empire, que ce soit lui qui décide où envoyer les joueurs et qui suive leur évolution, l’objectif final étant de réaliser une plus-value importante sur leur vente. Nous ne savons pas pourquoi De Sart a refusé. Pour des raisons financières? Parce que ce fonctionnement allait à l’encontre d’une politique basée sur le long terme et la formation?

Et si simplement il avait senti que cette année, les résultats ne seraient plus là pour le protéger?