Dejan Botic "Un sentiment de trop peu"
Photo: © SC
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Notre ambassadeur bosniaque pense que le match face à l'Argentine aurait pu connaitre une autre issue. Il a confiance en ses couleurs pour repartir du bon pied lors du match programmé cette nuit.
Wf: Quels sentiments après le match perdu face à l'Argentine?
Disons que c’est un sentiment de trop peu car avec un peu plus d’audace offensive, il y avait de la place pour mettre la défense argentine en difficulté. Bien entendu, vu le match une victoire aurait été un hold-up, mais je crois que pour l’ensemble des spectateurs, même neutres, un partage aurait été plus logique.
Wf: Comment la presse bosniaque a-t-elle salué cette prestation?
La presse souligne également ce goût de trop peu. Certes, ils reconnaissent la supériorité incontestable de l’Argentine au niveau la qualité individuelle, mais estiment également que sur ce match, au risque de me répéter, il y avait un coup à jouer.
Cependant, ils sont tous unanimes sur la qualité de la prestation de l’équipe bosnienne et fondent beaucoup d’espoirs sur les deux prochaines rencontres. Les spécialistes sont également curieux de voir comment l’équipe va se comporter face à un adversaire contre lequel elle sera amenée à faire le jeu et contre lequel elle sera dans « l’obligation » de gagner si elle veut se qualifier. C’est tout à fait un autre statut que de celui de l’outsider n’ayant rien à perdre face à l’ogre argentin que le monde entier pronostiquait vainqueur.
Wf: La Bosnie a montré qu'elle avait du répondant. Encourageant pour la suite du tournoi?
Comme mentionné lors de ma première interview, la Bosnie dispose d’une équipe homogène avec un bon équilibre où se côtoient les jeunes joueurs talentueux et plus expérimentés. Si l’équipe reste bien disciplinée et organisée défensivement tout en se montrant offensive et surtout efficace face à des adversaires qui selon certains observateurs leur seraient inférieurs, je pense clairement que la Bosnie a toutes les cartes en mains pour se qualifier.
Mais, j’ai vraiment envie de les mettre en garde car aborder le prochain match contre le Nigeria en étant habité par un sentiment de supériorité ou avec excès de confiance, serait une grave erreur. L’enjeu ne sera pas le même que contre l’Argentine et l’objectif non plus. Certes le match Iran – Nigeria ne fut pas un grand match de football, mais il y a avait une intensité énorme dans les duels physique et dans l’engagement. Le Nigeria dispose de qualités athlétiques supérieures à la Bosnie mais pêche dans la justesse et la vitesse d’exécution. Si la Bosnie arrive à répondre positivement, sans s’énerver! ce qui n’est pas une chose aisée pour les sportifs des Balkans, au défi physique imposé par les Nigérians, je reste persuadé qu’elle arrivera à faire la différences grâce à la technique et la vitesse d’exécution des joueurs offensifs dont j’ai déjà parlé la première fois.
Les joueurs cadres espagnols sont tout simplement vidés et fatigués
Wf: Ton avis sur les éliminations précoces de l'Espagne et de l'Angleterre?
Je trouve l’élimination de l’Angleterre logique. Leur football reste malgré tout fort prévisible et essentiellement physique. Certes, elle dispose d’une ligne offensive impressionnante de vitesse et de puissance, mais l’animation offensive de l’équipe reste pauvre. Clairement, cela manque de créativité et de vitesse d’exécution. De plus, les cadres de l’équipe se font vieillissant, sans compter un gardien qui est tout simplement incapable de gagner ou du moins sauver un point voire plus. Attention, si le staff anglais arrive à rajeunir la ligne défensive et médiane comme ils l’ont fait au niveau de l’attaque, je suis sûr que l’Angleterre sera très costaude et ce dès le prochain Euro 2016, s'ils se qualifient bien sûr!
L’élimination de l’Espagne m’attriste quelque peu car leur domination mondiale pendant ces six dernières années ne fut pas tyrannique mais agréable. Ce fut un plaisir de les voir évoluer et on ne pouvait qu’applaudir le niveau et la beauté du jeu produit. Maintenant, ce n’est que mon avis personnel, je pense que les joueurs cadres espagnols sont tout simplement vidés et fatigués. Ils prestent tous dans les grands clubs et dans les championnats européens longs et exigeants tant sur le plan physique que technique. Pour la plupart, ils ont presté plus de 60 matchs officiels. De plus, ils n’ont pratiquement pas eu de repos digne de ce nom lors de la dernière intersaison puisqu’ils ont participé à la Coupe des Confédérations. Ce sont tous des joueurs fantastiques mais ils n’en restent pas moins des êtres humains.
Attention, loin de moi l’idée de rabaisser les mérites de la sélection chilienne qui devant un public presque local preste actuellement à un très haut niveau. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des équipes sud-américaines qui se sentent pousser des ailes. Elles s’appuient toutes sur trois ou quatre joueurs stars évoluant en Europe et qui tirent derrière eux des jeunes joueurs prometteurs, frais physiquement et ayant des ambitions de se montrer au monde entier afin de décrocher des contrats plus valorisants.
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