Ecosse - Belgique : une amitié est née
Photo: © SC
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Si les Anglais sont les grands ennemis du peuple écossais, les Belges sont devenus leurs grands amis. Walfoot était présent à Glasgow pour assister au match qualificatif pour la Coupe du Monde entre les deux nations et s'est fondu parmi la foule. Récit de notre voyage.
par Jordan Horwood à Glasgow
Le voyage fut long, mais que ne ferait-on pas pour notre pays? Arrivés en fin de soirée, nous nous rendons dans le centre de Glasgow pour rencontrer les premiers belges en forme. Plusieurs autochtones font les files pour des clubs de Sauchiehall Street, mais c'est au Campus que les Belges se sont donnés rendez-vous.
Ce sont des chansons de supporters, en français ou en néerlandais, qui mettent l'ambiance. Les Belges de rouges vêtus sont aussi en forme que dans un kop et les Écossais s'en amusent et participent à la fête. Mais pas d'excès ce soir côté belge, il faut être frais pour le match, le rock et les Écossais redeviennent en supériorité numérique aux alentours de 2h.
Vendredi, Merchant Square est the place to be pour les Belges. C'est là que le Meeting Point noir-jaune-rouge a été édifié. Le batiment intérieur est plein, la sécurité doit vite bloquer des supporters à l'entrée en attendant que d'autres sortent. Les kilts aux couleurs nationales distribués sont vite enfilés, au-dessus du jeans, ou pas. Tous les chants sont passés en revue et résonnent dans Merchant Square.
Un cortège était annoncé pour partir tous ensemble à pied jusqu'à Hampden Park, une longue route, mais à entendre certains supporters, nous comprennons vite que les transports en commun seront utilisés. Les rues près de Merchant Square sont bondées et les supporters encore plus festifs, un journaliste de Sky News s'en souviendra.
Les Écossais sont cachés depuis le matin, seuls quelques fidèles se promènent en kilts mais les habitants de la ville sont plutôt étonnés de voir les Belges habillés comme au Carnaval. Petit à petit, les supporters partent en direction du stade.
Nous faisons halte dans un snack typiquement écossais, le patron nous accueille chaleureusement et se met à chanter à vive voix l'hymne de son pays. Après avoir mangé notre fish and chips (bien mieux qu'un spaghetti avec des frites comme l'avait proposé la serveuse), le patron nous parlait du match. Fier de son pays, il sait que sur papier l'Ecosse a peu de chances. Mais à domicile, il sait que son équipe peut faire quelque chose, avec l'appui du public. Pourtant, toujours pas de traces d'un groupe de supporters écossais, eux qui ont pourtant fait la fête à Wembley le 14 août dernier. Le patron se demande quoi lui aussi : "Où est la Tartan Army?".
Ayant encore du temps devant nous, nous nous réchauffons (...oui, celui qui va en Ecosse se plaindra moins du temps en Belgique) dans un pub proche d'Hampden Park après avoir pris un bus où les quelques citadins se demandaient où ils étaient tombés avec tous ces Belges festifs. Dans le pub, les supporters belges et écossais se mélangent. Les Belges ont entonné les premiers chants mais ce sont les Écossais, en masse, qui vont vite prendre le dessus avec leur "We'll be coming down the road".
Mais tout ce fait dans un esprit d'amusement, les deux nationalités sont là pour s'amuser, les drapeaux, chapeaux, kilts s'échangent, pas de différences de ce côté là. "C'est pour montrer que nous connaissons et respectons les traditions écossaises, nous confie un supporter belge. Quand la Tartan Army est venue en Belgique, ils nous ont dit de porter des kilts quand on irait chez eux."
L'heure du match approche, la bonne drache également. Nous arrivons à temps dans le bel Hampden Park pour éviter cette terrible chute de pluie, contrairement aux joueurs qui n'ont d'ailleurs pu éviter quelques belles glissades.
Pas de séparations entre les supporters, peu de policiers pour assurer la sécurité, mais de simples stewards auraient suffi. Avant le match, ce sont les Belges qui mettent le feu à Hampden Park. L'hymne national belge est respecté, l'écossais est applaudi, comme l'avait demandé Marc Wilmots après les sifflets lors de La Marseillaise le 14 août dernier.
Pendant le match, les deux camps sont calmes, comme le match. À l'instar de leurs joueurs, les Écossais attendent, mais un but de Steven Defour va réveiller Hampden Park. Une ola est lancée, la vague noir-jaune-rouge est belle mais les Écossais ne suivent pas. On peut comprendre, leurs maigres espoirs sont presque finis.
Même histoire en seconde période, sauf que les Écossais espérent de plus en plus une égalisation. Mais un Kevin Mirallas bien servi par Benteke va tuer le match en fin de rencontre, la vraie fête peut commencer dans les nombreux blocs réservés aux Belges. Au coup de sifflet final, les supporters locaux quittent le stade en silence, mais les Belges leurs réservent une ovation, le geste est bien apprécié. Les stewards en bord de pelouse ne permettent pas aux Diables Rouges d'approcher leurs supporters, mais Axel Witsel n'avait pas envie d'écouter et a conduit l'équipe près des fans.
Si le match était bien terminé, ce n'était pas le cas de la drache made in Glasgow. Tout le monde se précipite vers les trains, la police bloque l'accès le plus proche pour on ne sait quelle raison. Les taxis se font rares, les pubs sont prisés et les bodyguards ont envie de terminer leur soirée tôt, on ne laisse plus entrer personne. Direction l'arrêt de bus, où nous devons attendre un bon moment, trempés jusqu'à l'os. "Je ne comprend pas, d'habitude il y a tout le temps des bus et là après le match il y en a un par demi-heure", nous confie le seul écossais du bus bondé. L'homme est, au même titre que tous les Écossais rencontrés dans la journée, très sympathique et joue au guide. Il indique où s'arrêter et nous livre ses impressions sur les Diables Rouges. Il nous l'avoue, lui et ses compatriotes soutiendront cette belle équipe au Brésil !
En sortant du bus, les Belges n'ont pas l'air prêt à faire la fête. Tous les moyens étaient bons pour venir à Glasgow, une bonne partie des supporters prenaient donc déjà le chemin du retour, en voiture ou en car.
Le lendemain, on comprend vite qu'il reste peu de Belges dans la ville. Certains se promènent encore avec l'écharpe du match, mais ce sont étonnament les Écossais en kilts qui sont les plus présents. La presse locale n'hésite à faire les éloges de l'équipe de Wilmots et des supporters belges. "Regarder les fans belges, c'est comme nous regarder dans un miroir teinté en rouge", déclare Bill Leckie pour The Scottish Sun. "Ils sont bruyants, ils sont heureux. Leurs visages sont colorés et leurs chapeaux amusants. La nuit dernière, des tas de Belges portaient même un kilt. Que donnerions-nous pour avoir une génération dorée pareille? Quel sentiment cela doit être de faire partie de cette armée de supporters des Diables Rouges en ce moment, sachant que ton soutien incroyable est récompensé par des performances sur le terrain. Ils sont la Tartan Army avec une carte de nectar. Plus grands, plus forts, meilleurs que nous".
"Parfois, tu dois accepter d'être battu par un meilleur adversaire. Et c'est exactement ce qui nous est arrivé", écrit lui Billy McNeill, capé 29 fois avec la sélection écossaise. "C'est un rappel pour nous, qui nous montre le chemin qu'il faut encore parcourir pour jouer la qualification. Je refuse d'être blessé par cette défaite. La Belgique avait tous les droits d'être reconnue comme grande favorite et elle a un groupe de joueurs de classe. La Belgique était impressionante même avant le coup d'envoi."
C'est avec grande joie que nous avons pris connaissance de la victoire des Écossais en Macédoine mardi soir. Car ce qui les touchait vraiment, c'était la dernière place au classement. Le pays croit en son sélectionneur Gordon Strachan, qui sait que son équipe n'a pas des joueurs exceptionnels mais ils travaillent avec leurs armes.
On a aussi pu remarquer la quasi haine des Écossais envers les Anglais. Dans le pub avant le match, un Écossais avait mis une de ses chaussures en l'air en chantant "Chaussure en l'air, si tu détestes l'Angleterre", et tout le pub a fait pareil, tandis que je ne parlais pas de mes origines. "On supporte deux équipes : l'Écosse et tout ceux qui affrontent l'Angleterre", nous confie un suppporter. Mais envers la Belgique, c'est un grand respect et une amitié qui est née. Personne n'oubliera ce voyage, tout le monde espère retomber sur l'Écosse lors des prochaines campagnes qualificatives. Walfoot y sera encore présent, on vous l'assure.
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