Analyse La méthode Duchâtelet en question?
Photo: © SC
La manière de diriger le club de Sclessin a un caractère parfois surprenant...
Roland Duchâtelet a déjà reconnu publiquement par le passé que ses connaissances purement footballistiques étaient limitées. A la différence d'un de ses illustres prédécesseurs, Roger Petit, il n'a pas été joueur d'un club de haut niveau tel que le Standard et encore moins son capitaine. Il n'a jamais fait ses preuves le long de la ligne de touche à l'instar d'un certain Jean-François De Sart. On ne citera même pas la comparaison d'avec un Lucien D'Onofrio, que certains vont jusqu'à qualifier d'expert en matière de transfert tout comme agent de joueur. C'est d'ailleurs pour cela, normalement, que l'actuel président se fait entourer d'un directeur technique qui devrait allier connaissance du football en profondeur et relations privilégiées avec toutes ses composantes. Ce que l'on peut reconnaître incontestablement à l'homme fort de Sclessin, c'est son pragmatisme de haut vol qui le conduit à gérer ses affaires avec succès. Il faut signaler, par la même occasion, qu'auparavant, dans toute l'histoire du club rouge et blanc, jamais il n'y eut un président avec des reins aussi solides financièrement.
Si l'on doit faire un reproche à l'homme, c'est concernant une piètre communication, souvent très "brouillonne". Ce qui ne sied pas à quelqu'un qui a voulu faire une carrière politique. Augmenter les abonnements et retirer 20 millions dans le même temps est incompréhensible pour le simple "quidam" non expert en questions fiscales. De même, un président de club de supporter, que l'on rassure quand on évoque l'avenir de Mircea Rednic et qui se rend compte ensuite que le sort en était déjà jeté, se pose légitimement des questions. On peut louer le courage du "trudonnaire" quand il fait face dans son bureau à des "fans" plutôt "énervés". Cela lui a donné aussi l'avantage d'être "victimisé". Jeter un patron de force de son entreprise ne doit plaire ni aux sponsors, ni aux repreneurs avertis. Mais pourquoi attendre une révolution et "feindre" une revente du club pour prendre les décisions qui s'imposaient depuis le mois d'avril, si ce n'est plus tôt? Diriger, c'est prévoir (et diviser...) ! Or, le président se targue d'avoir souvent plusieurs coups d'avance. Ce qui est incontestablement vrai au niveau de la gestion financière du club et aprés une analyse poussée des décisions prises depuis l'annonce de son supposé départ.
Mais, sur le plan sportif ? Une alarme, dans un coin de sa tête, ne s'est pas déclenchée lorsque, juste avant de rencontrer Anderlecht, à l'ombre de Saint-Guidon et en playoffs 1, le club bruxellois se rapprochait dangereusement de William Vainqueur ? Pour rappel, le titre restait jouable... Fallait-il attendre aussi longtemps pour se rendre compte que les manoeuvres en "sous-marin" d'un monde de requins (agents et clubs) visaient les joyaux de son équipe ? Ne fallait-il pas bétonner les contrats des joueurs d'un team qui faisait pourtant peur aux meilleurs, et le faire dès la fin de la compétition ? Mettre une grosse prime sur la table à la signature d'un contrat pour Sinan Bolat avec une clause libératoire était impossible ? Nul ne le saura, mais ce dernier reste toujours sans emplois à l'heure où j'écris ces lignes. L'opération, après celle d'Igor De Camargo, aurait pu aussi continuer de retouner l'opinion des supporters et ramener une sérénité un peu plus "définitive".
Quand je lis, dans la DH d'aujourd'hui, les déclarations de Jean-François De Sart quant au choix de Guy Luzon et donc par relation, au limogeage du coach roumain, je me se pose la question de savoir quelle est l'utilité d'employer les services du liégeois? D'autant que l'échec "Ron Jans" ("l'entraîneur le plus cher de l'histoire de Sclessin") reste au passif de l'homme d'affaire limbourgeois et à lui seul! "Jules" est-il incompétent ? Certains font ce genre de procès que je ne partage absolument pas. Le président non plus, ou alors il devait le limoger et le remplacer! L'image du "gentil Jean-François" est, elle, plus tenace et je comprendrais, dès lors, qu'en matière de négociation de contrat, un businessman averti et redoutable fasse mieux l'affaire. Mais pour les choix de la politique sportive, que son avis ne pèse que très peu est incompréhensible! D'autant qu'il semble devoir en répondre devant les supporters... En outre, le président présente l'handicap de ne pas connaître "la culture de Sclessin". Louis Smal rappelle, non sans un humour corrosif, qu'elle est différente de la "culture des pommes". Le directeur sportif, lui, en plus de ses compétences reconnues, a eu à son actif l'occasion d'apprécier davantage la mentalité de mise dans le "chaudron". L'homme connaît la Cité Ardente comme sa poche, était un joueur liégeois adversaire du Standard par le passé, mais il officiait déjà à l'intérieur du club bien avant l'arrivée de l'actuel propriétaire.
Oui, Monsieur le Président, vous avez de l'avance sur vos adversaires en Jupiler Pro League ! Mais à quel prix et avec quels risques ! Je gage que vous tiriez une leçon plus que profitable de cette dernière expérience. Un grand nombre de "Rouches" croisent les doigts pour que ce soit le cas, quand ils ne demandent pas d'avoir légitimement voix au chapitre. Etre redevenu champion était l'étape la plus difficile. Ensuite, la culture du succès devait faire son oeuvre. Mais il faut y mettre les moyens humains, sportifs et financiers en toute raison gardée, et cela, dans un "enfer" de passion!
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