Le Billet de Dupk : Coup de chapeau à Abbas Bayat
Photo: © SC
Abbas Bayat nous a rappelé une vérité évidente, mais souvent oubliée : personne n'est tout à fait noir ou blanc.
Abbas Bayat, lauréat à mille reprises depuis près de dix ans de tous les prix citron du royaume, tête de pique de la vindicte populaire et journalistique, l'antipathique public numéro 1, vient de surprendre heureusement tous ses détracteurs.
En engageant Yannick Ferrera, le président du Sporting de Charleroi a été à l'audace, une audace tonique et méritoire qui secoue le ronron des habitudes de l'élite. Là où les directions de club ne jurent que par le confort des charentaises.
Car Yannick Ferrera a 31 ans. Il lui reste tout à prouver. Même s'il est déjà parvenu à convaincre des clubs comme le Sporting d'Anderlecht et La Gantoise et qu'il a travaillé deux ans durant dans le staf de Michel Preud'homme. Ce qui n'est déjà pas mal pour un jeunot.
Mais ceux qui connaissent l'homme en dressent également le portrait d'un passionné de football, habité par une vision et un sens tactique du football impressionnants.
Ferrera a fait très tôt profession de foi d'entraineur, comme son oncle Emilio, comme André Villas-Boas, comme José Mourinho ou encore Vitor Pereira. Il ne vit pas des rentes d'un passé de joueur glorieux qui en Belgique semble être le sésame obligé pour faire carrière en Jupiler League ou chez les Diables.
Abbas Bayat, sur le coup, sort des sentiers battus.
Acculé la saison passée dans les cordes, l'homme d'affaires américano-iranien est resté stoïque comme une espèce de Buster Keaton à voix de fausset et a réussi la prouesse de ramener le Sporting en D1 en multipliant les décisions paradoxales qui paraissaient tenir de l'emporte-pièce.
Durant la trêve, il a flirté avec la vente de sa "propriété" carolo. Tout en assurant, rusé, l'essentiel.
Sans véritable staf technique revendiqué, il a engagé juste en recrutant Michel Bertinchamps, l'un des meilleurs préparateurs physiques de Belgique. De plus, pour maintenir un minimum de continuité, il s'est reposé sur les épaules solides de Mario Notaro. Deux décisions qui attestent qu'Abbas Bayat n'est pas systématiquement à côté de la plaque.
Certes, cela n'efface pas tous ses impairs du passé. Mais Abbas Bayat vient de rappeler en quelques semaines que chacun de nous a ses zones d'ombres et ses illuminations. Que s'il n'a pas un style qui plait (et c'est un euphémisme), la copie qu'il vient de remettre n'a pas la moindre faute d'orthographe.
En cela, chapeau, l'ennemi!
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