Le Billet de Dupk : l'UEFA de Leni Riefenstahl à l'UFA

Dirk Diederich
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Le Billet de Dupk : l'UEFA de Leni Riefenstahl à l'UFA
Photo: © SC

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L'Euro 2012 a vécu. Un petit tournoi qui n'aura valu que par deux ou trois trsè bons matches. Mais qui passera dans l'histoire pour ses trucages ... télévisuels!

L'Euro 2012 n'est pas un grand millésime. Des joueurs sur les rotules, des sélectionneurs timorés et des intérêts financiers colossaux ont ridé, miné, craquelé la belle gueule d'un tournoi qui a tenu de Scarface ou du minois chiffonné de Benoit XVI.

L'Espagne est un beau vainqueur. L'Italie un magnifique second. Et puis...? Et puis plus grand chose, sinon le moment chair de poule de la compétition : les chants des supporters irlandais. Cela fait peu pour trois semaines d'orgie footballistique.

Si cet Euro avait été un festival de cinéma, on l'aurait résumé par une formule du genre : "Beaucoup de navets pour deux petits chef d'oeuvre que furent les deux Espagne-Italie".

L'analogie avec le cinéma mérite d'ailleurs d'être approfondie. Car pour la première fois de l'histoire d'un grand tournoi international, la réalisation des images télévisuelles qui est aux mains de l'UEFA n'a pas hésité à bidouiller la réalité.

Pour la bonne cause? C'est à voir, car elle a créé un dangereux précédent qui dérange jusqu'aux chaines de télévision publiques et privées qui ont acheté le "package des matches".

Les images d'un Joachim Löw qui taquine un ramasseur de balles en plein match Allemagne-Pays-Bas, ainsi que celles d'une supportrice allemande qui pleure à grosses larmes après l'élimination de la Mannschaft ont été des faux grossiers, des trucages éhontés... qui en appelleront certainement d'autres, bien plus graves et conséquents.

La multiplication de plans de coupe en tribunes avec des castings préalables, des supporters plus sympas les uns que les autres qui ne dépareilleraient pas dans l'univers de Barbie rappelle les têtes blondes et les visages parfaits des films des années 30 de Leni Riefenstahl. La couleur en plus.

Chaque retransmission de match aurait pu s'appeler : La Victoire de la Foi ou le Triomphe de la Volonté. Glaçant comme l'ennui ou le hors format que l'UEFA a prétendu vouloir nous éviter.

Car le credo des réalisateurs de l'UEFA semble être qu'un match de football est chiant, soporifique, ennuyeux comme une déclaration d'impôts et qu'il faut l'égayer, le rythmer, l'enchanter par des images de bonheur et de mines réjouies.

Sans oublier les ralentis, les replays qui sont censés nous faire oublier qu'un match dure 90 minutes, ... la longueur d'un long métrage au cinéma.

Mais là où James Cameron jugerait incongru de nous montrer 5 fois de suite le Titanic couler entre deux baisers de Di Caprio et Kate Winslet, les réalisateurs de l'UEFA n'ont pas le scrupule de la redondance.

Les buts, les belles phases, les dribbles, on les revoit jusqu'à l'écoeurement au détriment d'une vision linéaire historique d'un match. 

Le football mérite mieux. Il mérite un retour au direct véritable. Trash. Sans édulcorant. Sans neuroleptiques visuels et surtout sans trucages, même innocents.

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