L'Alphabut : la lettre o comme ô Maradona!
Photo: © SC
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Voici la lettre O de l'alphabut de Dupk. O comme ô Maradona!
« Notre Diego - Qui est sur les terrains - Que ton pied gauche soit béni - Que ta magie ouvre nos yeux - Fais-nous nous souvenir de tes buts - Sur la terre comme au ciel - Donne nous aujourd'hui notre bonheur quotidien - Pardonne aux Anglais- Comme nous pardonnons à la maffia napolitaine - Ne nous laisse pas abîmer le ballon - Et délivre nous de la FIFA. – Diego » (Prière de l’église maradonienne)
Diego Armando Maradona. Le seul. L’unique. L’incontrôlable. L’insurpassable. L’inégalable. Le Pibe de Oro. Le Christ ventru, rondouillard, rossard, mais facteur des miracles les plus timbrés. Rond comme un ballon, D10S en était vraiment la réplique parfaite. Le ballon et Diego, c’était les deux couilles du foot, d’un football qui redevenait enfin feu d’artifice.
Espèce de Che Guevara sorti de Lanus, un trou perdu sous Buenos Aires (ça ne s’invente pas), Diego a foutu la merde partout où il est passé et livré une guérilla permanente contre tous les systèmes établis. Beau joueur, il roulait inlassablement ses adversaires dans la farine du ridicule.
Et rapidement, comme le héros tatoué sur son bras, le Che Armando, l’Ernest Armant, a mené ses combats libertaires sous d’autres cieux.
Le Camp Nou lui coûta ainsi ses premières plumes d’Indien de la pampa. Gaucho insolent, El Diez avait le caractère tranchant d’un couteau d’amputeur d’hypocrisies. Massacré deux ans durant par les défenseurs espagnols de toutes les jalousies, le Maestro, malgré des blessures physiques et psychiques incessantes, donna le tournis aux matadors d’opérette qui hantaient jusqu’aux tribunes des plus grands stades d’Espagne.
Quand Andoni Goikoetxea, le sinistre butor de l’Atletic Bilbao, lui scia un jour la cheville, Diegito, comme un taurillon meurtri, se redressa lentement et douloureusement pour ruminer sa vengeance de Don qui Shoote, même si sa silhouette tenait davantage du Sancho Panza. Et tel un guerrillero sage et rusé, il choisit le moment opportun pour frapper et rendre la monnaie de la peseta à cette Espagne qui suintait encore de franquisme.
Lors de la finale de la Copa del Rey, après que l’arbitre ait sanctionné la victoire de l’Atletic, Diernesto Guevaradona se déchaina, multiplia les coups de pied dans la gueule de ses tourmenteurs toujours impunis, fichant un haut le coeur au roi Juan Carlos qui pourtant n’en avait encore jamais témoigné sous le règne de son protecteur Franco.
Le magicien du ballon venait de signer là son arrêt de Maure. Le stade Barnabeu avait été son Grenade à lui. Don Diego n’avait plus qu’à se tailler.
Lui, le volcan du Rio de la Plata, trouva alors refuge chez son frère le Vésuve. Et une écoute attentive chez l’abbé de Naples. Certes, l’argent de la maffia napolitaine finançait ses faits d’armes et lui livrait à domicile sa dose de cocaïne. Mais c’était pour la bonne cause. Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ? Et de fait, Marado y écrit ses plus belles pages. Son écriture y fut toute en passements de jambes, en petits ponts tourbillonnants et en accélérations célestes comme la couleur du Napoli. Il y inscrit les buts les plus improbables, il y botta des coups-francs plus beaux que tous les tableaux de Giotto, de Botticelli et de Raphael réunis. Il offrit des lettres de noblesse à un club pouilleux qui soudain pouvait faire la nique aux ripoux suffisants du Nord.
Joueur de Naples, il régala l’Argentine d’un titre mondial en 1986 grâce à sa main de Dieu, mais aussi grâce à ses pieds et à son souffle divins.
Naples vénérait alors son Dieu jusqu’à le célébrer et à le préférer lors de la demi-finale de coupe du monde Italie-Argentine de 1990. Napoli se manifesta en l'occurence comme ville argentine, convertie par acte d’amour incompréhensible si on a jamais vu le Pibe de Oro jouer.
Sans Maradona, le football n’était qu’un sport d’équipe. Avec lui, il devint sport épique par-delà les chauvinismes.
Si Marado n’avait pas existé, il n’aurait servi à rien d’inventer le football.
« Si j'étais Maradona
Je vivrais comme lui
Mille fusées, mille amis
Et ce qui arrive à mille pour cent »
(Manu Chao)
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