Un sillon d'images dans les yeux d'Emile...

jessica keszler
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Un sillon d'images dans les yeux d'Emile...
Photo: © SC
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Regard féminin sur la rencontre Belgique-Turquie qui a ravivé tous les enthousiasmes footballistiques. Au moment où les spécialistes et les supporters se réjouissent de l'effet Advocaat, mes pensées se sont évadées, pour rejoindre celles d'Emile Mpenza.

Ce week-end, j'ai pourtant perçu la ferveur retrouvée, l'élan d'un bloc pour la nation et l'amour d'un maillot à l'éclat neuf. Ne pas quitter un instant l'écran des yeux, devant les Diables, cela n'était plus arrivé, depuis une éternité. Donc, il aurait été logique que je m'épanche sur l'aura de Dick Advocaat, sur la mentalité conquérante de Marc Wilmots et tous ces facteurs cohérents qui peuvent rejaillir sur tout un noyau. Tout ça, en faisant preuve de recul, en songeant qu'il ne fallait tout de même pas mettre la charrue avant les boeufs ou se laisser embrouiller la vue, par de la poudre (hollandaise) aux yeux. Et puis, j'ai entendu l'interview d'Emile et j'ai été emportée vers d'autres cieux bienveillants. Alors mea culpa, messieurs, parce que ce sont mes yeux qui se sont égarés, dans le flot d'images des maux, exprimés par Emile, au micro.
 
Oui, il s'agissait bien d'une souffrance d'enfant! Même à 31 ans, on le reste quelque part... Je peux vous l'assurer: je suis née durant la même année qu'Emile: en 1978. C'est pourquoi, en lisant dans la presse qu'il avait le ton revanchard, ma plume a suivi le chemin de la mémoire. Bien sûr, il y avait de cet orgueil positif qui dope le sportif, dans ses mots lourds de sens: "On m'a jeté à la poubelle". Emile rejoignait d'ailleurs Daniel Van Buyten qui soulignait qu'ils avaient tous "la dalle"! Même professeur de français, une femme adore ce genre de langage "cash" et j'avoue cela sans second degré, parce que cela dégage un réel parfum de sincérité. Et puis, derrière la phrase d'Emile, je n'ai perçu aucune ombre d'ordure, mais tant de failles, tant de souvenirs à déblayer, pour qu'un seul visage reprenne vie: celui de sa maman, Rosalie.
 
Une grande dame qui doit avoir retrouvé le sourire là-haut, être si fière de l'efficacité de sa "fusée" et de l'audace affichée, comme pour mieux entrer en communion avec elle. Durant des années, son Emile, elle l'a couvé, suivi, défendu comme "une lionne indomptable", quand les critiques s'abattaient sur son manque de sérieux ou d'engagement. Je me souviens avoir lu que son mari, Arsène, lui reprochait parfois, tendrement, de s'exprimer en écoutant seulement son coeur de maman. Rosalie rétorquait, avec cet aplomb féminin savoureux, qu'elle connaissait le football mais qu'elle ne pouvait s'empêcher de jouer à sa meilleure place: celle de mère protectrice.
 
Madame Rosalie Mpenza a fermé les yeux en avril 2008 mais son esprit continue à veiller sur sa progéniture. Samedi, elle aura accompli sa mission, elle qui disait qu' Emile avait toujours des problèmes en équipe nationale. Elle assurait ne pas en connaître les causes, même si une mère n'ignore jamais ce genre de choses... Les traversées du désert de son fils, elle ne les ignorait pas et je ne vous parle pas seulement de ce transfert à Al Rayyan. Toutefois, un enfant franchit parfois les portes d'un stade, dans lequel la plus chaleureuse des mamans, n'a plus d'emprise sur les événements. D'autant plus, lorsque l'oisillon est animé par l'impétuosité et que sa tête commence à se tourner vers les étoiles des championnats étrangers. L'Allemagne, le Qatar, l'Angleterre... Il en a creusé des sillons, son fils, avant d'arriver dans son club suisse actuel. Cette équipe de Sion que Rosalie n'a pas eu le temps d'analyser des tribunes, en s'en allant trop tôt... Cependant, je suis convaincue que même la mort ne peut arrêter un tel ouragan d'amour maternel et qu'elle a veillé à faire souffler un vent de douceur sur certaines heures.
 
Evidemment, il y a la réputation du nouveau sélectionneur, son discours percutant et ses choix tactiques pertinents, mais y a-t-il quelque chose de plus puissant que la main de Dieu? Non, pas celle évoquée avec toute la foi de Maradona, dans ce match opposant l'Argentine à l'Angleterre, en 1986, messieurs, je mets juste une image sur l'amour qui relie une maman à son fils. Et tant pis, si vous souriez face à ce ressenti étrange qui m'a emportée aussi loin... Parce que samedi, au-delà des vérités du terrain, de la renaissance de Lamah et des nouvelles ressources physiques de Nicolas Lombaerts entre autres, j'ai surtout été touchée par la sensibilité d'un homme.
 
En voyant comme des flammes d'espérance dans son regard et en écoutant les failles d'une voix serrée par l'émotion, je me suis dit que notre Emile nous reviendrait solide comme un roc. Evoquez tous les secrets que vous voudrez, je n'ai pu m'empêcher d'accorder mes lignes à l'hommage du joueur: maman Rosalie l'aidera toujours... Quand les tuiles rendront le coeur et le terrain trop lourds, il y aura toujours un flash de ce sourire caractéristique qu'elle a laissé planer dans mon paysage footballistique de passionnée. Quant à la nouvelle mentalité de son fils, je vous laisse imaginer à quel point le manque d'elle rend les futilités moins cruelles! 
 
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