Coupe du Monde 2022 : Angleterre-Iran, foot et politique

Coupe du Monde 2022 : Angleterre-Iran, foot et politique

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S'il y a bien une nation qui entame cette Coupe du Monde 2022 dans la tourmente et avec la tête pas forcément au football, c'est l'Iran.

"Ne faisons pas de politique avec le football" : cette phrase a tourné en boucle à l'approche des premiers matchs de la Coupe du Monde 2022, dans la bouche de ceux qui voudraient que désormais, on se concentre sur le terrain. Le Président français Emmanuel Macron est le plus éminent de ceux à avoir sorti cette énormité ; comme si le football, ou le sport en général, n'était pas une arme politique de choix. Surtout dans le Golfe, où il incarne le "soft power" par excellence. Le foot est politique, et le sera pendant un mois. 

Pas de brassard pour Kane 

Ce dimanche, si le Qatar a perdu sur le terrain, il a gagné à côté : on a surtout parlé foot. Du niveau dramatique de leur sélection, du doublé d'Enner Valencia, du hors-jeu (réel) signalé. D'une cérémonie d'ouverture réussie. Tout au plus le public équatorien a-t-il blagué en réclamant de la bière. Mais ce mardi, un match à haute teneur politique se tient : Angleterre-Iran. Côté anglais, on l'assurait : Harry Kane aurait accepté sa carte jaune d'emblée et porté le brassard "One Love" en soutien à la cause LGBTQ+ ...si la FIFA n'avait pas fait pression pour que les sélections européennes fassent machine arrière. On attend de voir si, en cas de but, Kane réserve quelque chose à Infantino et ses sbires. 

Les Anglais ont souvent tiré les premiers quand il s'agit de sociétal : leurs joueurs s'agenouillent encore régulièrement en hommage à un Black Lives Matter qui est sorti de bien des têtes, et Kane aurait été l'un des rares capitaines à prendre position. Mais en face, l'Iran fait face lui à une crise sociale qui rend le football secondaire. Et le monde entier aura les yeux tournés vers la Team Melli plutôt que vers le brassard d'Harry Kane. Alors que des centaines de personnes ont perdu la vie dans les manifestations anti-régime secouant la République d'Iran, et que plusieurs condamnations à mort ont déjà été prononcées pour les manifestants arrêtés, l'équipe nationale est divisée. 

Le capitaine de la sélection iranienne, Alireza Jahanbaksh, laisse la liberté à ses équipiers de protester ou non, de chanter l'hymne national ou non, de célébrer un éventuel but ou non. Son message se veut clair : penser au football, oublier les drames pendant 90 minutes. La star absolue de l'Iran, Sardar Azmoun, a quant à lui pris position, dénoncé les répressions. Vahid Amiri et Hossein Hosseini ont entamé leur conférence de presse par un mot à l'adresse des familles des victimes. Cela semble clair ici : la tendance en sélection d'Iran est à la condamnation du régime et au soutien des manifestants. N'en déplaise à ceux qui pensent que le foot n'est pas politique...

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