Franck Ribéry prend sa retraite : les adieux discrets d'un écorché vif
Photo: © photonews
L'annonce tombe sans grande surprise alors qu'à 39 ans, Franck Ribéry n'avait joué qu'un petit match de Serie A cette saison. La blessure de trop aura eu raison d'une très, très grande carrière.
La "routourne" ne tournera plus. Et, promis, ce sera la seule blague que nous ferons aux dépens d'un Franck Ribéry qui aura tant souffert, au fil de sa carrière, de cette image de simplet qui lui collait tant aux basques. Les anciens se souviendront ainsi de l'époque où Ribéry était l'une des "victimes" préférées des Guignols de l'Info, souvent avec cruauté. Il y avait Georges W. Bush, Sylvester Stallone, Jacques Chirac et Franck Ribéry. Toute une époque.
Il faut dire que c'était facile, de se moquer de Ribéry. Délit de faciès, déjà : cette cicatrice, vestige d'un accident de voiture quand il n'avait que 2 ans, et qui lui a causé tant de souffrances quand il était jeune. Cette façon de s'exprimer, ensuite ; Ribéry n'était pas un poète, pas un universitaire. Là où Kylian Mbappé contrôle sa communication jusqu'à la parodie, Franky était brut de décoffrage - parfois, aussi, jusqu'à la parodie. Jusqu'au dérapage.
Pourquoi comparer les deux hommes ? Parce que Franck Ribéry était en quelque sorte le Kylian Mbappé de sa génération : le génie, le plus grand joueur français post-Zizou et pré-Kyky. L'histoire commence comme dans un rêve, en 2006 : Ribéry, arrivé à la Coupe du Monde sur la lancée d'une belle saison marseillaise, prolonge le rêve Bleu - et la carrière de Zidane - en égalisant face à l'Espagne. Le "Vas-y mon petit" de Thierry Gilardi est rentré dans la légende ; comme un symbole, c'est donc en Allemagne que Ribéry entame la sienne.
Car on peut bien parler de légende, en évoquant le passage de Franck Ribéry au Bayern Munich. Y a-t-il eu, dans l'histoire de la Bundesliga, duo plus iconique et plus incroyable que le fameux "Robbéry", ces flancs Ribéry-Robben absolument inarrêtables ? Ribéry, c'est 9 Bundesliga, une Ligue des Champions, cinq présences dans l'équipe-type de la saison, un titre de Joueur de l'Année (2013). Cette même année, Franck Ribéry était même vu comme le favori au Ballon d'Or ; certes, il y a un peu de fierté française à dire que Kaiser Franck a été "volé", comme il le déclare lui-même. Mais il aurait certainement mérité le trophée, et cela en dit long dans cette décennie outrageusement dominée par le duo Messi-Ronaldo. Ribéry pouvait s'asseoir à leur table.
Désamour français
Selon l'intéressé, c'est aussi l'absence de soutien en provenance de France qui a coûté son Ballon d'Or à Ribéry. Le désamour était en effet réel, depuis 2010 et deux affaires, deux noms qui ont traumatisé le football français jusqu'en 2018 : Zahia et Knysna. Pourtant, Ribéry a été relaxé dans la première, et n'était certainement pas le plus à blâmer dans la deuxième. Il a commis l'erreur de communication ultime, cependant : ce passage surréaliste, légendaire, en claquettes sur le plateau de Téléfoot pour expliquer qu'il avait "mal à sa France".
C'était aussi ça, Ribéry : un écorché vif, un mec maladroit et à fleur de peau, pas forcément des mieux conseillés dans sa carrière. Une image qui ne colle pas à sa légende bavaroise, une Bavière où il était - et est toujours - adulé. La fin de carrière de Franck Ribéry se sera faite dans la discrétion, après un passage surprenant à la Fiorentina et La Salernitana. On y a, par moments, entrevu de derniers éclairs de pur génie (51 matchs, 5 buts et 10 assists avec la Viola, 25 matchs à La Salernitana et un maintien fêté en vélo dans les rues de la petite ville de Salerne). Lui qui aurait pu aller palper des millions aux Emirats ou en Arabie Saoudite aura jusqu'au bout décidé de surprendre. Sa retraite, à 39 ans, vaincu par les blessures, n'est pas une surprise. Elle est, cependant, la petite mort d'une époque : il n'en reste plus beaucoup, des Franky...
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